Éditorial - Septembre 2003
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La municipalité de Rome et le «Centro
di Cultura Ebraica della Comunità
Ebraica di Roma» ont organisé une
exposition remarquable sur l’engagement
de soldats juifs dans la fameuse
«Jewish Brigade» de l’armée britannique
pour la libération de l’Italie pendant
la Deuxième Guerre mondiale.
Cette présentation a un caractère unique,
car elle raconte l’histoire de cette
courageuse brigade par le biais d’une
collection d’affiches qui garnissaient
les murs d’Eretz Israël afin d’inciter
de jeunes Juifs à s’y engager. Ces
posters appartiennent à un publicitaire
juif américain, M. Micha Riss,
qui est également propriétaire de la
plus grande collection privée d’illustrations
hébraïques en dehors des
archives nationales.
En plus de la collection d’affiches, des panneaux
didactiques racontent l’histoire de cette brigade. Il
est intéressant de constater que les divers types et
styles des dessins de ces posters, notamment russes,
autrichiens et britanniques, reflètent déjà le mélange
disparate de la population et des différentes provenances
de ceux qui allaient former le nouvel État
juif. Les origines et les influences artistiques de
chaque dessinateur ressortent clairement. Mais ces
artistes avaient un point commun: tous étaient
conscients que pour la première fois en plus de
deux mille ans, ils créaient une œuvre en hébreu
qui symbolisait le nouveau soldat juif.
La «Jewish Brigade» est la seule unité qui a servi
pendant la Deuxième Guerre mondiale dans les
forces alliées en tant que formation militaire indépendante
nationale juive. Ce groupe, avant tout
constitué d’hommes venus d’Eretz Israël, avait son
propre drapeau et un emblème indépendant était
cousu sur ses uniformes.
Généralement, l’implication de soldats juifs dans la
Première et la Deuxième Guerre mondiale constitue
un élément souvent occulté. En effet, se souvient-
on que pendant la guerre 1914-1918, il y avait
1’172’000 soldats juifs à travers toute l’Europe?
Lors de la guerre d’Espagne, sur 35’000 volontaires
qui constituaient la Brigade internationale, il y
avait 7000 Juifs venus des États-Unis, d’Angleterre,
d’Allemagne et de Pologne, et 400 de la
Palestine sous mandat britannique? Et qui se rappelle
que 1’397’000 soldats juifs répartis dans les
différentes armées des Alliés étaient unis dans le
combat contre le fascisme et le nazisme, dont
30’000 Juifs de Palestine qui s’étaient enrôlés dans
l’armée britannique? Il est intéressant de noter
qu’au moment où une grande partie des Juifs de
Palestine étaient engagés dans la lutte pour la libération
de l’Italie, le Mufti de Jérusalem organisait
une brigade arabe de SS islamiques dans les
Balkans!
Chronologiquement, il est important de souligner
que dès le mois de septembre 1939, l’Agence Juive
avait proposé au Premier ministre Neville Chamberlain
la coopération totale de la collectivité juive
qui vivait en Palestine sous mandat britannique et
avait pris l’initiative de négocier la formation d’une
force combattante juive. Malgré le refus très net
des Britanniques, le leadership juif avait lancé une
campagne de recrutement à laquelle 30’000 volontaires
Juifs (sur une population de 550’000) avaient
répondu positivement. Neville Chamberlain s’était
opposé à la création d’une Brigade juive, craignant
qu’elle ne renforce le combat pour l’indépendance
juive en Palestine. Depuis la publication du Livre
Blanc en 1939, la Grande-Bretagne avait mis tout
en œuvre afin d’éviter que des symboles favorisant
«l’indépendance juive» ne soient encouragés.
Toutefois, dès 1940, des Juifs de Palestine ont été
intégrés dans le «East Kent Regiment» qui était
composé de trois régiments d’infanterie connus
sous le nom de «Palestine Regiment». Les unités
juives se sont battues en Grèce avec les Alliés.
Cent Juifs sont morts dans ces combats et 1700 ont
été faits prisonniers par les Allemands.
Il a fallu six ans de négociations pour que Winston
Churchill, qui était plus réceptif à l’idée d’une brigade
juive que Chamberlain, accepte sa formation
en 1944! Placée sous le commandement d’un Juif
canadien, le général de brigade Ernest Frank Benjamin,
la Brigade a alors été dotée de son propre
drapeau frappé de l’étoile de David et de deux bandeaux
azurs sur fond blanc. La création de cette
brigade dépassait de loin le simple engagement
militaire. Tout d’abord, elle officialisait la participation
et la représentation de la lutte des Juifs
contre l’Allemagne nazie. Puis la «Jewish Brigade»
a servi de symbole du renouveau de la vie juive en
Eretz Israël. Les soldats de la Brigade ont rencontré
des survivants des camps et des personnes
déplacées à qui ils ont permis de renouer avec la
culture juive et le sionisme.
Sur le plan italien, la Brigade a été engagée sur le
front adriatique. Mais un certain nombre de ses
soldats ont participé à la libération de Rome.
Installés dans la capitale, ils se sont employés à
insuffler une nouvelle vie à la communauté juive de
la ville, dont 2000 membres avaient été déportés.
Parmi ces soldats se trouvait un certain Giuliano
Baroccio, bien connu des Juifs suisses sous le nom
de Joël Barromi, car il a servi comme ambassadeur
d’Israël à l’ONU à Genève.
A la fin des hostilités, les combattants de la Brigade
ont été stationnés le long de la frontière italienne
avec l’Autriche et la Yougoslavie et, plus
tard, en Belgique et en Hollande. Dès la fin de la
guerre, un nombre important de soldats de la
Brigade s’est engagé très activement dans le transport
de réfugiés clandestins vers la Palestine sous
mandat, les Britanniques ayant fermé les portes
aux Juifs. Certains soldats ont acquis des armes
pour la Haganah. L’Angleterre a officiellement
dissout la «Jewish Brigade» au cours de l’été 1946.
Sur les 30’000 Juifs qui ont servi dans les forces britanniques
pendant la Deuxième Guerre mondiale,
700 ont été tués en service actif.
A une époque où la direction politique de l’Italie
est proche d’Israël et ce en dépit de nombreuses
oppositions, en particulier celle du Vatican, il était
très important de rappeler et de montrer l’importance
de la participation juive à la libération de
l’Italie et notamment que des volontaires venus
d’Eretz Israël ont donné leurs vies pour que l’Italie
retrouve sa liberté.
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