Nachal Harédit, l’unité orthodoxe de l’armée, a été
fondée par un certain nombre de rabbins qui se sont
rendu compte qu’il fallait absolument trouver une
solution pour les jeunes gens orthodoxes qui ne sont
pas faits pour étudier dans une yéshivah. Il faut bien
comprendre la gravité du problème, car il touche de
nombreux jeunes qui ne sont pas seulement perdus
pour le monde religieux, mais pour l’ensemble de la
communauté. Dans la plupart des cas, ils ont assez
rapidement de mauvaises fréquentations et sont rejetés
tant par leurs familles que par les institutions
talmudiques qu’ils sont censés fréquenter. Afin de
nous permettre d’évaluer si la création de cette
unité a véritablement servi son but, nous nous
sommes brièvement entretenus avec le rabbin
David Bloch, l’un des fondateurs de la Nachal
Harédit. Dans une conversation, celui-ci nous a tout
d’abord confirmé qu’en fait le rabbinat orthodoxe
non seulement s’est abstenu de coopérer et de promouvoir
cette unité, mais que dans beaucoup de
cas, il s’est employé à la combattre. En fait, les rabbins
craignent que cette unité n’attire non pas les
éléments parasitaires de leurs institutions, mais les
bons étudiants. Malgré toutes ces difficultés, on
peut considérer aujourd’hui que la création de cette
unité constitue une réussite. En effet, à ce jour,
environ 50% des effectifs proviennent de jeunes qui
auraient été perdus, les autres font partie de la jeunesse
nationale religieuse dont les membres font
automatiquement leur service militaire et qui trouvent
une certaine facilité à être intégrés dans une
unité offrant toutes les facilités sur le plan quotidien
de la pratique religieuse. En conclusion, le
rabbin Bloch nous a dit: «Nous ne sommes qu’au
début de cette nouvelle unité. Sa mise en place et son
acceptation prennent plus de temps que prévu.
Toutefois, un aspect essentiel de son existence réside
dans le fait qu’aujourd’hui, l’armée offre à
chaque Juif orthodoxe et hassidique la possibilité de
faire son service militaire dans des conditions religieuses
idéales. Tous les jeunes gens issus de
familles orthodoxes qui ne voulaient pas faire l’armée
sous prétexte que les niveaux de religiosité et de
morale n’étaient pas à la hauteur de leurs exigences,
n’ont plus d’excuses et je dirai même que pour un
jeune religieux, il est aujourd’hui immoral de tenter
d’éviter l’armée. De deux choses l’une: soit il s’intègre
dans une yéshivah pour étudier correctement,
soit il est appelé à l’armée et fait son service militaire,
comme tout le monde, mais dans une unité qui
lui permet de vivre et de fonctionner au quotidien
sans enfreindre son mode de vie religieux. Il est vrai
que nous avons encore un long chemin à parcourir.
Nous devons combattre un certain nombre de préjugés,
mais les premiers succès nous encouragent à
continuer».
(Reportage photos: Bethsabée Süssmann)
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