Éditorial - Septembre 2003
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Ethique et judaïsme
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La révolution économique d’Israël
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Le fameux comique juif américain
Jacky Mason, connu pour son humour
aussi caustique que réaliste, dit toujours
que le seul moyen de s’assurer
qu’un système économique marche,
«c’est de payer les politiciens, les députés
et les fonctionnaires uniquement
à la commission... sans salaires
fixes!» Or toute personne qui a un minimum
de savoir en économie sait
très bien qu’une telle proposition, à
première vue pleine de bon sens,
n’est pas viable car aucune administration
ne peut fonctionner ainsi. C’est
toutefois un peu dans l’esprit de cet
humoriste que le bouillant et brillant
ministre des Finances de l’État d’Israël,
S.E.M. BENJAMIN NETANYAHOU, a
lancé sa réforme économique révolutionnaire.
Afin de nous expliquer les tenants et les aboutissants
de sa démarche, le ministre nous a reçus à
Jérusalem pour une interview exclusive de près
d’une heure, dont nous résumons ici l’essentiel.
Vous venez de lancer un programme très ambitieux
de réformes économiques. Quelles sont vos motivations?
Nous tentons d’opérer une transformation majeure
en menant l’économie et la société israélienne vers
un marché libre. Il est étonnant de voir que le
peuple juif, qui réussit remarquablement dans les
affaires partout dans le monde, traîne la patte dans
son propre pays. Ceci est exclusivement dû à un système
économique rigide bourré de quelques reliquats
provenant d’une doctrine socialiste surannée.
Le seul moyen dont nous disposons pour permettre
à Israël de se développer et d’être prospère est de
donner la possibilité aux talents extraordinaires
vivant ici d’éclore. Cela n’est réalisable que si nous
mettons en place rapidement, et à grande échelle, une
libéralisation totale de notre économie.
Quels sont les points et les buts essentiels de votre
démarche?
Notre premier objectif est de réduire le secteur
public et d’augmenter l’activité du secteur privé.
Afin d’illustrer mes propos, je rappellerai que le secteur
public représente 55% du GDP (produit domestique
brut), alors que le secteur privé n’est que
de 45%. C’est comme si un homme pesant 45 kilos
transportait en permanence sur ses épaules un individu
de 55 kilos. A la longue, ce n’est simplement
pas viable. Début 2003, tout indiquait que le secteur
public allait devenir de plus en plus important et que
le domaine privé allait s’effondrer et avec lui toute
notre économie. En fait, il y a quelques mois encore,
nous étions à deux pas de ce stade car nous dépensions
plus que nous ne gagnions, les dépenses gouvernementales
étaient énormes, provoquant un déficit
gigantesque. Afin de couvrir ce déséquilibre,
nous avons dû augmenter les impôts, ce qui a entraîné
un accroissement du déficit, puisque au-delà d’un
certain niveau de taxation, les fonds rentrent très
difficilement. Nous avons donc dû emprunter sur les
marchés internationaux, où personne ne voulait nous
prêter ne serait-ce qu’un seul dollar. Nous avons
donc été forcés de remonter de plus en plus les taux
d’intérêts dans le marché local et nous nous sommes
retrouvés sur un terrain glissant extrêmement dangereux
pouvant mener assez rapidement à un écroulement
général de tout notre système économique.
Nous avons alors lancé notre programme de restrictions
budgétaires au niveau gouvernemental et surtout
de réduction des salaires qui, dans l’administration
avaient augmenté de 2% alors qu’au niveau national dans le secteur privé, la moyenne des salaires
avait baissé de 8% au cours des deux dernières
années. Pour la première fois dans l’histoire du pays,
la Histadrouth (le syndicat national) a accepté une
baisse de salaires de deux milliards de shequalim par
an pour une période de deux ans. Ceci constitue non
seulement un précédent, mais également un message
très clair indiquant les limites de ce que le secteur
public peut demander... et obtenir. L’autre point important
est la décision de mettre un terme aux transferts
de fonds de l’aide sociale automatiques. Le
nombre de personnes recevant cette aide spontanée
avait augmenté de façon totalement démesurée: il
avait été simplement multiplié par 600% en douze
ans alors que, pendant cette période, la population
n’avait progressé que de 30%. Il était devenu plus
profitable de ne pas travailler et de se rendre dans
une agence d’aide sociale afin de collecter des fonds
gouvernementaux. Parallèlement, nous avions
300’000 ouvriers étrangers. La situation se résumait
donc à cette triple réalité catastrophique: un gouvernement
syndicalisé et gonflé artificiellement par des
dépenses disproportionnées, une augmentation constante
d’une partie de la population ne travaillant
pas mais qui vivait aux frais du contribuable, et les
fameux 300’000 travailleurs étrangers qui faisaient
les travaux pouvant être réalisés par nos 300’000
chômeurs! Cette situation était bien entendu intolérable
et nous avons donc pris des mesures contre
chacun de ces points précis. Nous avons également
augmenté les impôts sur les travailleurs étrangers et
instauré de lourdes pénalités à ceux qui les emploient
illégalement. De plus, nous avons décidé de
briser des monopoles et avons par exemple passé une
loi pour la dissolution de notre plus grande compagnie
et de notre plus grand syndicat, la Société d’électricité.
Parallèlement, nous avons mis en œuvre la privatisation
d’EL AL, dont tout le monde parlait depuis
dix-sept ans et que nous avons réalisée en quelques
mois. Nous allons maintenant nous attaquer à la
privatisation de la Banque Leumi et de la Discount
Bank qui sont encore partiellement entre des mains
gouvernementales. En d’autres termes, nous allons
favoriser la concurrence, promouvoir la privatisation
et briser les monopoles. Un autre élément majeur de
notre programme réside dans la réduction immédiate
des impôts. Il existait un ancien plan de réformes prévoyant
une réduction graduelle de la taxation des
revenus qui devait être appliqué dans sa totalité en
2008, que nous avons compressé sur deux ans. Durant
cette période, personne en Israël ne paiera plus de
49%, y compris la sécurité sociale et la caisse maladie,
ce qui est toujours trop mais qui permet au contribuable
de garder pour lui la majorité de son revenu.
En fonction de l’évolution de la croissance économique,
je pense pouvoir réduire la taxation à un taux
inférieur à celui qu’avait fixé le président Reagan, qui
se situait à moins de 30%.
Votre plan n’est pas seulement ambitieux, il constitue
une véritable révolution économique en Israël.
Toutefois, une telle entreprise requiert une période
de mise en place et d’ajustement. L’impression prévaut
que le public ne vous comprend pas, mais surtout
que vous ne faites pas vraiment d’efforts pour
expliquer qu’en définitive, tout le monde bénéficiera
de ces changements. Pensez-vous être suffisamment
présent sur le terrain pour expliquer vos démarches?
La réponse est oui, mais il faut bien comprendre que
nous sommes dans une situation où l’on vient demander
à un patient comment il se sent pendant une
opération. Non seulement il se plaindra de toutes ses
douleurs, mais il maudira le chirurgien. C’est un peu
ce à quoi je m’attendais et à mon grand étonnement,
ce n’est pas exactement ce qui est en train de se passer.
En fait, je réalise qu’il y a une forme de respect
et un début de compréhension pour ma politique
économique. Afin d’illustrer mes propos, je vous
donnerai l’exemple de la question des mères célibataires.
J’ai exigé que leurs allocations soient réduites
sévèrement et qu’elles travaillent. Au début, leurs
manifestations ont bénéficié d’une énorme couverture
médiatique ainsi que d’un très grand support
dans le public. Progressivement, ces deux pôles de
soutien se sont émoussés et aujourd’hui, une majorité
du public comprend et admet mon point de vue.
Le degré de générosité qu’offraient les programmes
sociaux en vigueur depuis le début des années 90
était hors de toute proportion. Une mère célibataire
avec deux enfants travaillant douze heures par semaine
touchait une allocation qui dépassait le salaire
moyen de 70% de la population active d’Israël.
Elle n’avait donc aucune raison de travailler, sans
parler du fait que cette situation encourageait les
couples à procéder à des divorces fictifs. J’ai donc
instauré un nouveau système qui exige que les mères
célibataires travaillent au moins à mi-temps afin de
pouvoir toucher une aide sociale. Il était important
d’imposer cette mesure afin d’éloigner progressivement
les gens de la source d’or des indemnités automatiques.
A cet égard, je rappellerai ici que notre
grand maître, le Rambam (Maimonide), nous a enseigné
qu’il existe dix niveaux de charité: le plus bas
est le don, l’intermédiaire est le prêt et le plus élevé
est d’encourager une personne à travailler ou de lui
procurer un emploi. Notre politique économique est
donc profondément ancrée dans les enseignements
des grands penseurs d’Israël. Bref, nous devons nous
départir de la mentalité d’assistés pour la remplacer
par un esprit de labeur et supprimer un mode de
pensée où un gouvernement centralisé dirige et contrôle
tout, pour nous rapprocher du marché libre.
Les marchés financiers ont répondu très positivement
à notre nouvelle politique, ce qui est encourageant.
Sur un plan international, j’ai eu des échos
très positifs et j’ai appris qu’Israël est considéré
comme étant le pays le plus agressif dans ses réformes
vers un marché libre, ce qui est très apprécié
sur un plan universel.
Il faut bien comprendre qu’il n’y a pas cent mille
manières de réussir. Je ne pense pas que les personnes
qui travaillent pour un gouvernement soient
moins talentueuses ou moins ambitieuses que celles
qui sont dans le secteur privé. Mais dans une administration,
aucun système ne motive les gens à travailler
ou à produire quoi que ce soit, alors que dans
le privé cette orientation existe, c’est ce que l’on appelle
communément «la motivation au profit». C’est
pourquoi nous devons éliminer autant de fonctions
gouvernementales que possible et exiger du gouvernement
qu’il explique les raisons pour lesquelles il
devrait garder dans son giron un service ou une institution
dont il assume le contrôle, l’administration
et le fonctionnement. D’ailleurs, même dans le cadre
de la défense, un certain nombre d’activités peuvent
être privatisées. Il n’y a donc qu’un seul moyen
de réussir, c’est d’agir en fonction des lignes de conduite
du marché libre. Ceci a été établi à Singapour,
en Irlande, en Grande-Bretagne, en Espagne et aujourd’hui
en Russie et en Argentine, où les impôts
viennent d’être réduits de façon importante. Pour la
première fois ces deux pays connaissent un essor
économique. Notre difficulté majeure n’est pas
d’édicter des lois, mais de changer la mentalité d’une
population qui a été nourrie par un régime aux concepts
pseudo-socialistes. Il faut faire comprendre à
tous que le seul moyen de réussir réside dans l’essor
économique.
A cet égard, je voudrais aussi souligner que notre
démarche n’attire pas seulement des investisseurs
étrangers. Les chiffres démontrent qu’au cours des
quatre derniers mois, des Israéliens qui avaient investi
des milliards en Grande-Bretagne et dans les
pays de l’Est ont commencé à réduire leurs placements
à l’étranger et à rapatrier leurs fonds vers des
investissements en Israël. Quelques mois après le
lancement de notre révolution économique, je peux
dire sans hésiter que les indicateurs économiques ne
sont pas encore au beau-fixe, mais que nous percevons
un frémissement positif encourageant.
Nous vivons à une époque où l’idéologie n’est de
loin plus le vecteur principal pour inciter les Juifs de
la Diaspora à venir s’installer en Israël. La majorité
de ceux qui émigrent le font parce qu’ils ont des difficultés
économiques dans leurs pays. Or vous avez
supprimé une grande partie des avantages qu’offrait
l’État aux nouveaux immigrants. Était-ce vraiment
nécessaire?
Nous étions à deux doigts d’un écroulement économique
total et donc obligés de prendre des mesures
drastiques. Toutefois, dès que la situation le permettra,
j’ai l’intention de rétablir certains avantages
pour les nouveaux immigrants. Cela dit, lorsque notre
réforme sera définitivement en place et qu’elle
aura réussi, Israël sera un tout autre État que celui
qui a existé jusqu’à présent. Ce ne sera plus le pays
syndicalisé, monopolisé et aux impôts élevés, mais
une nation disposant d’une économie de marché
libre dotée d’une taxation minimale. Nous allons
également lancer un programme ferroviaire ambitieux
à travers tout le pays, qui permettra à des
industries de s’installer dans des régions aujourd’hui
difficilement accessibles et de réduire considérablement
les temps de transports, ce qui rendra le travail
nettement plus efficace. La mise en place de ce nouveau
réseau de transport constitue une mesure bien
plus utile que celle qui consiste à donner des primes
aux individus, aux investisseurs ou aux entreprises.
Vous faites partie du gouvernement d’Ariel Sharon
qui s’est lancé dans une nouvelle ronde de négociations
avec l’OLP. L’un des gestes de bonne volonté
accordé par Israël aux Arabes et qui n’est absolument
pas prévu dans le cadre de la Feuille de route,
est la libération de prisonniers. Vous avez voté en
faveur de cette mesure. Pourquoi?
Pour moi, ce genre de décision comporte trois volets.
Tout d’abord, il est hors de question de libérer
les prisonniers qui ont du sang sur les mains, je ne
l’ai jamais fait lorsque j’étais Premier ministre et
jamais je n’aurai soutenu une telle ordonnance.
Deuxièmement, toute libération de ce type doit être
accompagnée d’un acte de réciprocité de la part de
notre contrepartie. Finalement, chaque dossier doit
être étudié par nos services de sécurité qui doivent
nous confirmer que l’individu ainsi relâché ne constitue
pas un danger potentiel pour nous. Dans le
groupe libéré le 6 août 2003, il n’y avait aucun assassin
et l’Autorité palestinienne a fait preuve d’un peu
de coopération, bien entendu de loin insuffisante, en
partageant avec nous certaines informations qui
nous ont permis d’agir préventivement contre des
actes de terrorisme. Cela dit, elle n’a absolument
rien entrepris à ce jour pour démanteler les organisations
et les infrastructures terroristes dans les zones
qu’elle contrôle. A cet égard, il faut souligner
que notre Premier ministre s’est rendu à Washington
en faisant part à l’Administration américaine de
notre bonne volonté, sujette évidemment aux trois
conditions que je viens de citer. M. Sharon a toutefois
clairement fait comprendre que notre «bonne
volonté» a ses limites et que si l’Autorité palestinienne
ne remplit pas ses obligations, elle devra
subir les conséquences découlant du fait qu’elle a
brisé sa parole donnée aux États-Unis. Il serait une
erreur de croire qu’Israël continuera à libérer des prisonniers
si la contrepartie ne tient pas ses obligations.
Que pensez-vous de la construction de la barrière de
séparation ?
Il s’agit de l’une des mesures préventives que nous
devons prendre, parallèlement à d’autres opérations
militaires directes, étant donné que l’Autorité palestinienne
ne fait rien pour combattre le terrorisme.
Nous ne pouvons pas rester les mains croisées à
attendre que le prochain attentat se produise. Il faut
bien comprendre que la barrière empêche le déplacement
de la plus petite bombe qui existe au monde,
la bombe humaine. Nous ne pouvons pas faire
moins, pour protéger nos citoyens, que d’empêcher
les terroristes suicidaires d’entrer librement chez
nous. Une telle barrière existe d’ailleurs à Gaza depuis
assez longtemps et aucune bombe humaine
n’est venue de cette région.
Il est vrai que les terroristes peuvent utiliser d’autres
armes, par exemple des roquettes qui seraient lancées
par-dessus la barrière. Mais leur arme la plus
efficace et la plus meurtrière reste la bombe humaine
et avec ce rempart, nous les en privons. N’oublions
pas qu’il y a aujourd’hui des centaines pour
ne pas dire des milliers de candidats prêts à mourir
comme bombes humaines dans des villes israéliennes.
De plus, avec cette fermeture, nous prévenons
aussi l’évolution démographique qui, en fait, est une
forme détournée d’appliquer le droit du retour exigé
par les Arabes. En effet, en évitant les mariages
entre des Arabes israéliens et des femmes arabes qui
vivent en Judée-Samarie, nous prévenons la multiplication
de leur présence en Israël. Il existe bien des
lois à ce sujet, mais il est nettement plus simple de
prévenir physiquement le passage interdit. Pour terminer,
la clôture nous permet aussi de réglementer
le marché du travail et d’éviter que n’importe qui
puisse venir travailler et éventuellement s’installer
chez nous. En résumé, la barrière est absolument
nécessaire du point de vue de la sécurité, de la démographie
et de l’économie.
Nous avons assisté récemment à un certain nombre
de kidnappings. Il faut savoir qu’il s’agit d’une opération
difficile à organiser et qui ne peut réussir
qu’avec l’aide de complices locaux qui, dans les cas
présents, sont des Arabes israéliens. Je peux vous
affirmer que nous prenons la chose très au sérieux et
que nous la combattons très activement.
L’impression prévaut qu’en acceptant la Feuille de
route, le gouvernement dont vous êtes membre
donne des signes de faiblesse à la partie adverse, ce
que cette dernière compte d’ailleurs bien exploiter.
Jusqu’à quel point pouvez-vous vous identifier avec
la politique actuelle?
Tout d’abord, je vous rappellerai que je n’ai absolument
pas soutenu l’acceptation de la Feuille de route et que, lors du vote, je me suis abstenu. De plus,
j’ai toujours insisté, et notre Premier ministre aussi,
pour que l’annexe à la Feuille de route, les fameux
14 points de restrictions, soit considérée comme partie
intégrante de cet accord. Le premier de ces points
concerne la dissolution des organisations et des infrastructures
terroristes. A l’issue de la première
étape, nous serons requis de passer à la seconde.
Nous allons alors demander à voir comment notre
contrepartie a tenu ses engagements. Nous insisterons
sur le concept de réciprocité et ne pourrons entreprendre
aucun pas supplémentaire si celui-ci n’est
pas scrupuleusement respecté. A cet égard, je rappellerai
ici que le Premier ministre et moi-même
sommes tout à fait d’accord sur la question de la
réciprocité. A ce sujet, il vient de faire une déclaration
très importante en rappelant au monde que
l’une des graves défaillances des démocraties des
années 30 était de ne pas avoir fait preuve de fermeté,
justement sur la question de la réciprocité,
envers l’Allemagne nazie, qui n’a pas été forcée de
remplir les obligations qu’elle avait signées à
Versailles. Je pense que M. Sharon a fait cette déclaration
pour faire comprendre à ceux qui en doutaient
que la politique de notre gouvernement, sous
sa direction, n’a pas la moindre intention de céder
sur la question de la réciprocité.
Êtes-vous en faveur du démantèlement des agglomérations
juives de Judée-Samarie-Gaza?
Absolument pas, d’ailleurs il n’en a jamais été question.
Le problème se pose pour quelques-uns des
avant-postes qui ont été érigés sans autorisation et
dont le sort devra être étudié cas par cas.
Dans l’ensemble, vous semblez être assez optimiste.
Estimez-vous que les directions politiques et économiques
sont sur la bonne voie?
Absolument. En ce qui concerne les mesures économiques,
leur réussite est entre nos mains, elle requiert
une clarté de vue et une compréhension de ce
qui doit être fait. Heureusement, en Israël, de plus
en plus de personnes semblent avoir saisi les nécessités
pour que notre réforme marche. De notre côté,
nous avons la conviction profonde que notre politique
économique est juste et nous sommes déterminés
à tout mettre en œuvre afin de la mener à bien
et ce au prix de nombreuses difficultés. De plus,
pour la première fois depuis longtemps, Israël a un
gouvernement cohérent qui n’est pas divisé. Nous
sommes le gouvernement le plus orienté vers une
économie de marché libre de toute notre histoire.
Nous avons donc tous les éléments en main pour
réussir la réforme. En ce qui concerne la politique,
elle est dominée par la question sécuritaire, qui comporte la continuation de la construction de la barrière
dont nous avons parlé, la dissuasion, si nécessaire
par l’action militaire, et la réduction maximale du
terrorisme. Concernant les négociations avec l’Autorité
palestinienne, elles dépendent de notre contrepartie.
Je pense pouvoir dire que nous aurons un
partenaire avec lequel nous pourrons mener des
négociations très dures et sérieuses si l’Olp remplit
scrupuleusement toutes les conditions suivantes:
l’abandon de son but principal, la destruction de l’État
d’Israël; la renonciation officiellement et réellement
de ce qu’elle appelle «le droit du retour», qui n’est
qu’un autre terme pour l’inondation de notre pays
par des centaines de milliers d’Arabes; finalement,
l’abandon de sa méthode de nous combattre, à
savoir le terrorisme. Si l’Autorité palestinienne
devait faire preuve de manquement sur un seul des
points que je viens de citer, nous n’aurions pas de
partenaire. Nous serions alors obligés de prendre
un certain nombre de mesures unilatérales afin de
nous défendre et de développer notre pays dans la
sécurité.
Pensez-vous que la création d’un état palestinien
constitue une option sérieuse?
Il n’est de secret pour personne que je suis opposé à
cette idée. Toutefois, même ceux qui pensent qu’une
telle solution est envisageable, y compris notre Premier
ministre, ne sont pas disposés à l’accepter à
n’importe quel prix. Tous y mettent un certain
nombre de conditions: la définition des frontières, la
démilitarisation de cet hypothétique état, l’importation
de biens mais pas d’armements, l’exportation
de marchandises mais pas d’objets liés au terrorisme
comme des roquettes, le contrôle par Israël de l’espace
aérien, de l’eau, de l’électricité, etc. Ce sont là
quelques mesures minimales de base que même les
plus ardents défenseurs d’un état palestinien souhaitent
que nous maintenions entre nos mains. Nous
sommes donc en présence de la création éventuelle
d’une entité à souveraineté limitée. La notion «d’état»
ne peut pas s’appliquer à ce genre de concept, car il
implique une souveraineté et une indépendance
totales qui donneraient des pouvoirs illimités à une
telle entité palestinienne. Or, en admettant que
l’Autorité palestinienne apporte la preuve qu’elle
remplit ses obligations, ce qui reste à démontrer, il
existe un consensus très large en Israël qui veut
qu’une entité palestinienne ne soit formée qu’à
condition qu’un certain nombre de pouvoirs restent
entre les mains d’Israël. Nous pourrons éventuellement
trouver un accord avec notre contrepartie dans
le cadre duquel elle obtiendrait les moyens nécessaires
pour gérer ses administrations. Nous ne lui
procurerons en aucun cas des pouvoirs qui lui permettraient
de détruire le seul et unique État juif.
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