Éditorial - Printemps 2000
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Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Barak multiplie les déclarations de paix au point de s’être engagé dans des négociations avec l’OLP qui devraient mener à l’établissement d’un règlement final dans le cadre duquel toutes les questions relatives aux terres juives de Judée-Samarie-Gaza ainsi que les épineux problèmes des réfugiés arabes et même de Jérusalem seraient fixés une fois pour toutes. Afin de réussir, Ehoud Barak est disposé à consentir un grand nombre de concessions unilatérales et l’une des questions fondamentales qui se pose aujourd’hui est de savoir quel sera le sort réservé aux Israéliens juifs qui vivent dans les villes et villages des territoires. Afin de nous parler plus en détail de la situation de cette population sur le terrain, nous avons rencontré BENNY KASHRIEL, président du Conseil des Communautés juives de Judée-Samarie-Gaza (YESHA) et maire de Maalé Adoumim, l’agglomération des territoires la plus proche de Jérusalem (voir SHALOM Vol. 27).
Pouvez-vous en quelques mots définir en quoi réside la différence fondamentale entre l’attitude du gouvernement Barak et celle de l’administration Netanyahou à l’égard de l’union des communautés que vous présidez ?
A l’époque de M. Netanyahou, personne ne nous empêchait de planifier, de construire des habitations dans nos communautés ou même d’établir des nouvelles bourgades dans nos régions. Nous avons ainsi pu ériger 42 nouvelles localités bien que, parallèlement, Benjamin Netanyahou ait accordé de nombreux avantages à l’OLP. Ce qui se passe actuellement dans le gouvernement Barak est avant tout marqué par les agissements de ses ministres qui le poussent tous à abandonner un maximum de terrain afin d’amadouer les dirigeants de l’OLP et d’accélérer ainsi les négociations avec Yasser Arafat. Benjamin Netanyahou ne s’est jamais entouré de ministres qui voulaient couper nos budgets de construction ou réduire notre sécurité, comme c’est le cas aujourd’hui.
Quels sont les effets pratiques et effectifs de ces coupures ?
Pour développer une communauté, il est primordial de construire des infrastructures et d’offrir aux habitants des services tels que jardins d’enfants, centres de soins, synagogues, etc., ce qui est très onéreux, le gouvernement Barak en est bien conscient. Il est vrai que nous avons des bons amis qui nous soutiennent un peu partout dans le monde, mais nous ne pouvons pas bâtir notre avenir en nous basant uniquement sur des dons de volontaires. Ces ministres savent aussi que s’ils abandonnent davantage de terrain et surtout plus de routes principales à l’OLP, certaines communautés se sentiront abandonnées et isolées. Les résidents de ces zones ne voudront pas envoyer leurs enfants sur des routes tenues par des Arabes pour se rendre dans des écoles régionales. Il s’agit donc de la mise en place progressive d’une politique d’usure dont le but est d’inciter les habitants à quitter ces zones. Ce qui est plus grave, c’est le fait que ce gouvernement ait retiré une partie des soldats qui nous protégeaient tant dans les localités que sur les routes. Personne ne souhaite vivre dans des lieux comportant trop de dangers et dépourvus d’un minimum de protection. Le gouvernement Barak met donc tout en œuvre afin de rendre la vie impossible aux habitants des territoires. Afin d’illustrer mes propos, je vous citerai un exemple parmi de nombreux autres. A la mi-février, nous avons été avertis par les services de renseignements de l’armée qu’un acte de sabotage sérieux risquait de se dérouler dans l’une de nos agglomérations. Normalement, dans pareil cas, l’armée essaie par tous les moyens de déjouer toute tentative de terrorisme afin de protéger au maximum la population concernée. Or rien de la sorte n’a été entrepris. Nous avons donc décidé de prendre les choses en main et d’engager des entreprises de protection privées, ce qui nous coûte très cher.
Il est difficilement compréhensible que des citoyens qui paient des impôts comme tout un chacun ne bénéficient pas des même droits et avantages que les autres habitants du pays, surtout lorsqu’il s’agit d’un minimum de protection. Comment expliquez-vous cela ?
Les résidents des territoires ne sont pas uniquement soumis à la loi israélienne qui régit l’ensemble du pays, mais à une section de l’armée appelée «Administration civile». Si le gouvernement décide de réduire le budget de l’armée, celle-ci a toute latitude de supprimer une partie, voire même éventuellement la totalité de la protection qu’elle nous apporte. La législation en vigueur en Judée-Samarie-Gaza n’est pas la même que celle qui prévaut dans le reste du pays. Par exemple, il est impossible de forcer un habitant de Tel-Aviv à monter la garde dans son quartier alors que dans nos régions, si quelqu’un se rebelle, il peut être traduit en justice et rendu responsable si, pendant sa période de refus, un incident grave survient.
Il faut bien comprendre qu’en nous retirant une partie de sa protection, l’armée a pris une décision politiquement influencée. Même Itzhak Rabin n’a pas agi de la sorte. Au moment de la signature des Accords d’Oslo, il a déclaré qu’il construirait des routes pour assurer notre protection, ce qu’il a fait. N’oublions pas que les territoires cédés à l’OLP jouxtent nos terrains municipaux et qu’il n’existe pas de barrières entre nous. Le passage est donc libre pour tous, inclus les terroristes. Aujourd’hui, plus aucune route de contournement n’est construite, soit parce que sur le plan politique et idéologique elles ne correspondent pas aux vues du gouvernement Barak, soit sous prétexte d’un manque de fonds…
Selon les dernières statistiques, la population juive des territoires est en augmentation constante et ce indépendamment d’une forte nativité. Tout indique donc que, malgré toutes les difficultés que vous avez brièvement évoquées et de nombreuses autres, des Israéliens achètent de l’immobilier dans ces zones. Qui sont-ils ?
Ils se divisent en deux groupes. Ceux qui se rendent dans les grandes agglomérations viennent s’y installer car la qualité de vie y est meilleure qu’en ville et l’immobilier y est moins cher. Ceux qui s’établissent dans des régions plus isolées le font pour des raisons idéologiques ou religieuses.
Comment pensez-vous que la situation sur le terrain évoluera ?
Il est vrai que tous les abandons de territoires réalisés par l’administration Barak ne sont pour l’instant que l’application des négociations menées par Benjamin Netanyahou à Wye River et tel sera encore le cas du prochain redéploiement dont l’OLP refuse actuellement les modalités. Toutefois, si ces accords devaient en définitive être appliqués, nous aurions abandonné 42% des territoires, ce qui est énorme. Cela étant dit, le Premier ministre m’a confirmé que dans le cadre d’un accord final, il est disposé à céder jusqu’à environ 60% des terres. Pour ma part, je pense que les questions du retour des réfugiés et de Jérusalem constituent des points tellement épineux qu’ils ne permettront pas de mettre en place un règlement final.
Que faites-vous pour gagner un soutien plus élargi de la population israélienne ?
Il est vrai que notre but est avant tout de peupler les territoires et de développer les agglomérations existantes. Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, YESHA est le seul mouvement idéologique qui se déclare en tant que tel. Nous envoyons nos enfants dans les meilleures unités combattantes de l’armée, nous continuons à parler du sionisme, des terres juives, des valeurs qui ont guidé les actes des pères fondateurs du nouvel État juif. Ce sont là des termes qui ont été pratiquement bannis du vocabulaire politique et ce malheureusement pas uniquement au sein de la gauche israélienne. Sur le plan pratique, nous menons une campagne d’information et d’explication permanente à travers les médias, les affichages, les démonstrations, les pétitions, etc. Nous nous sommes engagés à fond dans la lutte pour le maintien du Golan et pour Jérusalem. D’ailleurs, dans le combat pour éviter que Jérusalem ne soit partagée, nous avons gagné le soutien des partis religieux qui n’ont pas jugé nécessaire de se mobiliser dans la lutte pour garder le Golan. Nous en sommes malheureusement arrivés au point où il faut expliquer à des Israéliens que Jérusalem ne peut pas être la capitale de deux nations ou de deux peuples et que la ville incarne toutes les racines du peuple juif.
En conclusion, je dirai que malgré toutes les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, malgré les faiblesses dont la droite politique fait aujourd’hui preuve en Israël, nous avons de bonnes raisons de rester optimistes et de continuer notre combat pour la cause juive et le sionisme. N’oublions jamais que sous l’administration Rabin qui était loin de nous être favorable, la population juive en Judée-Samarie-Gaza a doublé !
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