Le succès d’Israël, sa réussite, voire son existence même, sont en grande partie dus à des hommes exceptionnels et courageux, qui ont choisi de vouer leur vie à cet exploit remarquable qu’est l’État juif, fort et indépendant. Parmi eux se trouve le Major Général MOSHÉ YA’ALON, Vice-chef d’état major de l’armée d’Israël, plus connu par son surnom «Bouggy». Dans un entretien exclusif de plus d’une heure avec le Rédacteur en chef de SHALOM, le général s’est livré à une analyse approfondie de la situation, dont l’essentiel est résumé ici. Le bien-fondé de son exposé s’appuie sur des chiffres, des cartes, des photos et des statistiques des incidents.
Pouvez-vous en quelques mots résumer la situation sur le terrain telle qu’elle se présente aujourd’hui, pratiquement un an après le début des nouvelles violences arabes contre les Juifs ?
Israël se trouve au cœur d’un conflit armé avec l’Autorité palestinienne. Ce combat, lancé par Yasser Arafat depuis Roch Hachanah dernier, nous a placés dans une situation où des actes de violence et de terrorisme sont volontairement perpétrés contre des citoyens israéliens et des membres de notre armée. S’il est vrai que l’essentiel des attentats se déroule en Judée, en Samarie et à Gaza, nous avons également subi des attaques très graves et très cruelles à Tel-Aviv, à Nethanyah, à Benyaminah, à Afoulah et à Jérusalem. Toute cette violence est le résultat direct d’une décision stratégique d’Arafat lui-même qui n’a pas voulu conclure de compromis historique avec Israël, comme nous l’avions espéré lorsque nous avons accepté les accords d’Oslo. Ceux-ci avaient pour but de mettre un terme à toutes violences et revendications de part et d’autre. Or, au moment où Arafat s’est retrouvé face aux décisions fondamentales impliquant de faire des choix douloureux, il s’est éloigné du processus et s’est volontairement relancé dans la brutalité et le terrorisme. Le but de toute cette opération est de confronter Israël à une situation nouvelle afin d’obtenir un retrait israélien unilatéral supplémentaire en Judée, en Samarie et à Gaza. Si celle-ci ne devait pas aboutir, elle aurait le mérite de déclencher une réaction internationale menant à une pression sur Israël afin que l’État hébreu se soumette à ses nouvelles exigences. Bien entendu, Arafat ne serait pas contraint de tenir les engagements qu’il a pris et n’aurait aucune obligation d’entreprendre les démarches qui s’imposent afin que soit mis un terme définitif au conflit. Jusqu’à ce jour, il faut rappeler qu’il n’a absolument rien fait pour stopper la violence actuelle, bien qu’il en ait eu souvent la possibilité. En effet, après la première semaine de conflit et avant la rencontre de Paris avec le Premier ministre d’alors, Ehoud Barak, le président Chirac et Mme Albright, il y a eu une accalmie sur le terrain. Il aurait pu alors stopper la violence. Il a eu une nouvelle chance à Sharm El Sheikh, où il a obtenu tout ce qu’il voulait avec la bénédiction de Barak, Clinton et du roi Abdallah. Là encore, il s’est abstenu d’arrêter les brutalités. Il a eu plusieurs autres occasions, notamment après des entrevues avec des ministres israéliens, mais il n’a jamais réussi à prononcer, en arabe, les mots nécessaires afin que le calme revienne. Finalement, après l’assassinat de 21 jeunes Juifs au Dolphinarium à Tel-Aviv, sous la pression internationale, il a réussi à dire, en arabe, les mots nécessaires afin que soit mis un terme à la violence. Le monde savait qu’après une telle boucherie, nous serions en droit de riposter avec force. La pression internationale sur Israël pour que nous appliquions une politique de retenue s’est faite de plus en plus forte. Dès qu’il s’en est rendu compte, il est revenu sur ses ordres de calme et la violence a repris de plus belle. Puis les accords Tennet ont été signés et acceptés par Arafat, mais ceux-ci n’ont jamais été appliqués sur le terrain.
Depuis le commencement des violences et jusqu’à début juillet 2001, plus de 6'000 incidents violents de tous genres ont été lancés par les palestiniens contre nous, tuant 133 Juifs. De plus, dans les cinq semaines qui ont suivi les accords Tennet, il y a eu 500 attaques terroristes et certains jours, nous avons compté jusqu’à 38 incidents. De plus, lors des Maccabiades, il y a eu une tentative d’attentat pendant la cérémonie d’ouverture, que nous avons pu déjouer.
Toutes ces activités terroristes sont dirigées directement par Arafat personnellement, bien que les opérations portent différentes signatures. Les factions impliquées sont des organisations directement soumises à l’Autorité palestinienne. Par exemple, les fameux Tanzim sont une section du Fatah qui, en Judée-Samarie, est menée par Marwan Bargoutti, qui est directement soumis à Arafat. En violation de tous les accords et de toutes les lois, ce dernier a armé les Tanzim qui se lancent dans des opérations violentes en Israël. De plus, des militaires proches d’Arafat, comme le général Dahlan, ont déclenché des attentats dès le mois d’avril 2000 ! C’était là la véritable reprise des violences contre nous. Dès le départ du Pape Jean-Paul II en avril 2000, l’OLP a commencé à préparer la rue palestinienne à une confrontation avec Israël, soit avant Camp David II. Mais toutes les factions terroristes arabes dont vous entendez parler suivent le même chemin, que ce soit le Hamas ou le Jihad Islamique. Quant à la force 17, la garde prétorienne d’Arafat, elle a déclenché de nombreux attentats contre des Juifs et en a tué 10. Il faut bien comprendre que la stratégie définie par Arafat est fort pointue, il joue très précisément avec l’intensité de la violence et des attentats. Ainsi, avant le crime du Dolphinarium, il y avait des attentats tous les deux jours, dont certains meurtriers, sans parler de tous ceux que nous avons pu éviter. Le but de cette vague de violence était d’impliquer les Américains, qui étaient réticents. Après le Dolphinarium, Arafat a compris qu’il fallait mettre la pédale douce et le mot d’ordre était de se contenter d’attaquer des civils et des militaires israéliens uniquement en Judée-Samarie-Gaza. Lorsque l’Autorité palestinienne est engagée dans une discussion diplomatique, elle délègue les activités terroristes au Hamas ou au Jihad Islamique. En fait, il existe une sorte de signalisation avec des clignotants rouges, verts et oranges: avant l’attentat du Dolphinarium, le vert était de mise, immédiatement après, c’était le rouge, etc. Le vert est à nouveau actuel lorsque les Américains ne donnent pas aux palestiniens ce qu’ils exigent.
Nous sommes donc dans une situation où l’Autorité palestinienne veut faire croire au monde que nous sommes face à une véritable Intifada, un mouvement de révolte populaire qui reflète l’expression de la rue palestinienne qui en a assez de «souffrir de l’occupation». Mais si l’on peut parler «d’occupation», celle-ci avait toutes les chances d’être terminée au cours des huit années de négociations qui ont eu lieu depuis Oslo. L’OLP tente aussi de faire accréditer l’image d’une révolte d’enfants et de civils non armés. Mais tel n’est pas le cas. Toutes les manifestations sont organisées et encadrées par des hommes armés, en général membres du groupe des Tanzim, qui utilisent ces démonstrations pour tirer, mettre le feu, etc. Par exemple, lorsqu’après une rencontre avec un ministre israélien Arafat déclare qu’il a donné des ordres afin que soit mis fin à la violence dans les zones A, cela signifie clairement que dans les zones B et C qui sont sous contrôle israélien de sécurité, la violence doit continuer.
Nous ne sommes donc pas face à un soulèvement populaire, mais bien confrontés à une guerre de terrorisme avec une stratégie terroriste dirigée et intégralement contrôlée par Arafat lui-même. D’ailleurs, dans son discours, les mêmes arguments reviennent toujours: il prétend ne pas pouvoir diriger ses populations car, pour le faire, il ne dispose pas des instruments nécessaires. Ceux-ci ne sont rien de moins qu’un État avec Jérusalem pour capitale et un droit total de retour pour des millions d’Arabes. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’un ensemble de mouvements tactiques, mais d’une stratégie de la terreur qui, en définitive, doit s’avérer politiquement payante.
Pensez-vous que la communauté internationale analyse la situation de la même manière que vous venez de le faire ?
Malheureusement pas. Nombreux sont ceux qui pensent que nous sommes dans un rapport de force entre occupant et occupé, dont les Arabes sont les victimes faibles. Pour eux, seules de nouvelles concessions unilatérales israéliennes permettront d’aider à sortir de leur situation. Il faut bien dire que jusqu'au début de la flambée de violence, notre gouvernement menait une politique très favorable aux Arabes, qui allait très loin dans les concessions qu’Israël était disposé à faire. Aujourd’hui, tout geste d’apaisement est interprété comme un acte de faiblesse et invite à plus de révolte. D’un autre côté, il est évident que la violence appelle la violence et Israël se retrouve progressivement dans une situation intolérable qui pourrait le mener à céder sur certains points, ce qui est impensable.
Pratiquement, sur le terrain, que faites-vous et que pouvez-vous faire ?
L’armée répond avec détermination à la violence mais, pour l’instant, le gouvernement n’a pas donné l’ordre pour qu’une campagne majeure soit entreprise. Il faut bien comprendre qu’une opération très musclée et d’envergure serait mal perçue par le monde et même par le public israélien. Mais là n’est pas la seule raison de la politique actuelle de retenue. En effet, il ne fait aucun doute qu’une telle opération déclencherait une riposte extrêmement grave et meurtrière contre Israël. Cela dit, il faut savoir que l’armée a les moyens nécessaires d’intenter une telle opération et que militairement, il est assez simple d’occuper à nouveau les zones évacuées dans le cadre des accords d’Oslo. Mais la question est de savoir ce qu’il est judicieux d’entreprendre pour le bien de l’État d’Israël, car il ne s’agit pas de se lancer dans une opération inconsidérée. A ce stade, je ne sais pas ce qui va se passer, mais il y a des situations où Israël est obligé de prendre des décisions qui impliquent des actions militaires d’envergure et musclées. Pour l’instant, notre priorité est de lutter contre le terrorisme, ce qui signifie de stopper toute personne qui s’en prend à nous. Depuis le début des hostilités, nous avons arrêté plus de mille terroristes, mais il y a ceux que nous ne pouvons pas appréhender, car ils vivent dans les zones A totalement sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. Lors des rencontres de sécurité avec les représentants de cette dernière, nous leur remettons des listes de noms de personnes dont nous savons qu’elles ont une activité terroriste et nous demandons à ce qu’elles soient arrêtées. Elles ne le sont jamais. En fait, la situation est très grave et, afin d’illustrer mes propos, je vous citerai deux exemples. Avant l’attentat de Benyaminah, nous avions donné aux palestiniens des noms de personnes vivant à Jenin qui préparaient une activité terroriste en Israël et que nous souhaitions voir arrêtées. Elles n’ont pas été inquiétées et ont commis le crime que nous savons. Parallèlement, un membre des Tanzim, qui vit à Toulkarem, a été officiellement arrêté par l’Autorité palestinienne, c’est du moins ce qu’elle a affirmé dans un rapport officiel remis aux Américains. Dans les trois jours qui ont suivi son arrestation, il a commis quatre attaques à la mitraillette contre des véhicules israéliens. En fait, lorsque les hommes d’Arafat arrêtent un terroriste, ce n’est pas pour l’empêcher d’agir, mais pour le protéger contre Israël. A un moment donné, nous disions que la porte des prisons de l’OLP était en fait un «portique tournant», aujourd’hui ces geôles n’ont plus de portes du tout. Par conséquent, de temps en temps, afin de nous protéger, nous n’avons pas le choix et sommes obligés de supprimer ces éléments terroristes physiquement, avant qu’ils ne puissent agir. Ainsi, la veille de la cérémonie de clôture des Maccabiades, nous avons appris que les membres d’une cellule terroriste du Hamas étaient réunis dans une même pièce à Bethléhem. Ils préparaient un attentat majeur au cœur même des spectateurs invités à assister à la cérémonie finale. Imaginez un instant les conséquences d’une forte explosion en plein milieu d’un public dense: le nombre de morts et de blessés aurait été terrifiant. Nous les avons supprimés par un tir d’hélicoptère, nous en avons tué quatre, et avons ainsi évité un attentat terrible.
Ces types d’actions ne sont-ils pas purement et simplement des assassinats ?
Absolument pas et il ne s’agit pas non plus de condamnations à mort sans jugement, car nous aimerions bien pouvoir les arrêter et les mettre devant les tribunaux. Ce ne sont pas non plus des actes de vengeance pour des actions terroristes perpétrées par quelqu’un en Israël il y a cinq ou dix ans, il s’agit d’un acte de protection préventif. Si nous ne les arrêtons pas, si nous ne les tuons pas, ils commettront des attentats où un grand nombre de nos citoyens mourront ou seront blessés. Ce genre d’action est acceptable sur le plan de la moralité et s’inscrit parfaitement dans le cadre des législations internationales de prévention. C’est pourquoi nous ne comprenons pas ce que le monde nous reproche en parlant «d’assassinats». Pouvons-nous rester les bras croisés en attendant que le terrorisme agisse en toute impunité chez nous ?
Cela étant dit, sur le terrain même, nous menons un certain nombre d’activités militaires de prévention qui ne consistent pas dans la suppression physique des terroristes. Par exemple, nous avons intercepté quatre bateaux qui transportaient des armes du Liban vers Gaza. Cet armement avait été acheté par Arafat à Ahmed Jibril en violation flagrante des accords d’Oslo. L’Autorité palestinienne tente par tous les moyens d’introduire des armes auxquelles elle n’a pas droit et récemment, une autre cargaison a été arrêtée par les forces jordaniennes qui ont empêché qu’elle soit introduite en zone A. Mais nous n’avons aucun contrôle sur l’hélicoptère, l’avion et la voiture d’Arafat, que nous soupçonnons de servir à des transports d’armes illégaux. Lorsque nous avons mené une opération «chirurgicale» avec nos F-16 immédiatement après l’attentat meurtrier de Nethanyah, le monde a crié au scandale, à l’escalade de la violence unilatérale israélienne, etc. Or aucun civil palestinien n’a été touché, nous avons simplement fait le nécessaire pour détruire un certain nombre de cellules terroristes, y compris certaines personnes qui se trouvaient au sein même des hommes les plus proches d’Arafat, dans le seul but de prévenir d’autres attentats meurtriers. Malgré ces difficultés, nous mettons tout en œuvre pour garantir de façon préventive un maximum de sécurité à nos citoyens, afin que la vie puisse continuer à se dérouler normalement. Aucun autre État n’agirait différemment.
Pratiquement, que faites-vous pour, d’une part, contrôler la population arabe qui vient travailler en Israël et, d’autre part, garantir la sécurité de tous les citoyens israéliens ? Vous ne pouvez pas affecter un policier à chaque Arabe qui se rend à son travail !
Nous n’avons pas pour but de toucher aux citoyens palestiniens, car nous ne sommes pas en guerre avec cette population et d’ailleurs, nous ne tirons pas sur chaque palestinien que nous voyons. Lorsque j’étais responsable militaire de la Judée-Samarie, ma politique a toujours été de faciliter la vie des palestiniens, de leur permettre de travailler et de se rendre sans embûches sur leurs lieux de travail. Jusqu’en septembre 2000, un Arabe pouvait voyager de Jenin à Hebron sans rencontrer un seul barrage, et plus de 120'000 palestiniens se rendaient quotidiennement dans des entreprises israéliennes. C’était là la plus importante source de revenus de l’Autorité palestinienne. Depuis la reprise des violences arabes, nous avons dû mettre un terme à cette situation, nous avons tenté de trouver des moyens afin de permettre au plus grand nombre d’entre eux de venir travailler chez nous, sans pour autant mettre notre sécurité en danger. Nous avons ainsi accordé des permis à ceux qui avaient plus de 35 ans et qui n’avaient jamais été arrêtés pour des questions de sécurité. Parmi eux se trouvait le chauffeur du bus d’Egged qui a décidé de lancer son bus sur un groupe de gens qui étaient à la station, et d’en tuer un maximum. Il a assassiné 8 personnes. Dans le cadre de l’enquête, il a expliqué son geste en disant: «En raison de la situation, j’ai passé quatre mois à la maison à regarder la télévision de l’Autorité palestinienne. J’y ai vu comment vous, les Israéliens, assassinez des enfants et tous les actes de violences que vous commettez contre nous. J’ai décidé qu’il était de mon devoir de tuer un maximum d’Israéliens afin d’aider mon peuple.» Il faut bien comprendre combien cette déclaration est significative. En effet, depuis la signature des accords d’Oslo, la télévision palestinienne mène une politique d’incitation à la violence basée sur des mensonges concernant nos activités. D’une certaine façon, la réaction du chauffeur de bus est donc compréhensible. Dans chaque réunion que nous avons avec des représentants de l’OLP, nous leur demandons de stopper les incitations et les mensonges. Mais ceci n’est pas possible, car ce sont les mensonges que propage Arafat lui-même. Il serait aussi inutile de faire taire les émissions, car elles reprendraient de plus belle au départ d’un pays arabe. A l’époque de l’Internet, il est illusoire de vouloir instaurer une censure ou une muselière sous quelque forme que ce soit.
Il est clair que sur le terrain, vous avez décidé d’entreprendre un certain nombre d’actions militaires raisonnables, dans le but d’assurer la protection des citoyens israéliens. Pendant ce temps, les attentats continuent et en Judée-Samarie-Gaza, la population vit des moments très difficiles. Combien de temps acceptera-t-elle encore de vivre sous cette tension et de se déplacer dans des véhicules blindés ?
Il ne fait aucun doute que les habitants israéliens de ces contrées sont ceux qui souffrent le plus de cette situation. Leurs véhicules et leurs villages sont quotidiennement victimes de nouvelles attaques. A notre avis, il faut tout mettre en œuvre afin que cette population soit le plus protégée. Les transports publics sont blindés, mais les voitures privées ne le sont pas, ce qui serait d’ailleurs impossible. Nous avons un programme afin de donner progressivement de plus en plus de véhicules blindés à ces régions, des 4 x 4, des camions pour la livraison des produits de première nécessité et de la nourriture, des ambulances, etc.
Il y a un peu plus d’un an que l’armée israélienne a quitté précipitamment le Sud-Liban et depuis, les forces du Hezbollah se sont installées directement à la frontière avec Israël, droit sur les lignes de barbelés. Aujourd’hui, quelle évaluation pouvez-vous établir de la situation sur place et comment pensez-vous que celle-ci évoluera ?
Celui qui pensait qu’après notre retrait du Liban le Hezbollah cesserait ses activités violentes contre nous, s’est trompé. Nous n’avons jamais eu l’intention de nous établir au Liban, toutes nos opérations militaires dans ce pays, tant en ce qui concerne la guerre de 1982 que l’établissement de la zone de sécurité, avaient uniquement pour but de protéger notre population du nord du pays. Nous avons effectué un retrait unilatéral au mois de mai 2000 et, dès notre départ, ce n’est pas l’armée du Liban qui s’est installée à nos frontières, mais le Hezbollah. Nous n’avons pas de problèmes avec le Liban, mais un sérieux différend avec la Syrie. En effet, celle-ci utilise ce pays comme base d’action contre nous afin de nous faire payer notre présence sur les hauteurs du Golan. Dans cet esprit, elle n’a pas permis que l’armée libanaise se déploie au Sud-Liban, mais elle y a installé le Hezbollah pro-iranien. Il est curieux de constater qu’aucune voix à travers le monde ne s’est élevée afin de protester contre le fait que toute une région d’un État indépendant soit occupée par une force totalement étrangère et terroriste. Sous la houlette syrienne, le Hezbollah déploie contre nous une activité terroriste permanente, elle procède à des enlèvements et personne ne proteste. Il est vrai que le Liban n’est pas un pays totalement indépendant et d’ailleurs, il n’est pas membre de l’ONU. A ce jour, le Hezbollah a commis 8 attentats contre nous, dont certains malheureusement meurtriers. Depuis le 7 octobre 2000, nous avons repris nos vols quotidiens au-dessus du Liban. A deux reprises, nous avons frappé des intérêts syriens au Liban, afin de rappeler qui est responsable de la situation actuelle dans cette région. A ce jour, le Liban ne s’est pas conformé aux termes de la résolution 425 de l’ONU qui exige que ce soit l’armée libanaise qui contrôle le Sud-Liban. Aussi, afin d’avoir une excuse pour maintenir la violence dans la région, la Syrie et le Hezbollah ont inventé cette histoire de l'enclave de Shaaba qui appartiendrait au Liban. En fait, il s’agit d’un prétexte fallacieux afin de justifier la violence à notre égard. Tout indique que la Syrie n’a pas intérêt à provoquer une détérioration de la situation, mais si celle-ci s’aggrave face aux palestiniens, il n’est pas exclu que le Hezbollah se lance dans une vague de violences sérieuses contre nous. Une chose est certaine: quelle que soit l’évolution, nous sommes prêts à faire face à toute éventualité et à toute forme de détérioration et ce malgré la masse énorme d’armement iranien dont dispose le Hezbollah. Si la situation l’exige, nous n’hésiterons pas à retourner au Sud-Liban. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Entre d’une part le front nord et d’autre part la Judée-Samarie-Gaza, la situation semble assez explosive. Comment voyez-vous l’évolution ?
Aujourd’hui, il y a deux personnes qui jouent avec le feu au Moyen-Orient: Arafat a allumé l’incendie et s'amuse avec son intensité, et Hassan Nasarallah, du Hezbollah, qui allume une allumette toutes les quelques semaines en déclenchant des attentats de temps en temps. Ces deux éléments sont extrêmement dangereux et peuvent provoquer une conflagration majeure au Moyen-Orient. Malheureusement, le monde ne mesure pas le danger qu’impliquent les agissements d’Arafat et ne fait pas le nécessaire pour lui faire comprendre que celui qui utilise la violence n’a aucune chance de réussir. Or c’est là le seul moyen de mettre un terme définitif à la violence et c’est cette action politique que le monde doit entreprendre.
Il faut bien se rendre compte qu’Arafat pensait que la société israélienne était faible et divisée or – ô surprise – tel n’est pas le cas. Il était persuadé qu’après quelques attentats, des voix s’élèveraient en Israël afin que nous retournions à la politique des concessions unilatérales. Or il n’en est rien. Dans la situation difficile actuelle, la société israélienne a compris qu’elle ne pouvait pas céder et que toute concession unilatérale constituerait le début de la fin de l’État. Les Israéliens savent faire face mais, malheureusement, la communauté internationale ne sait pas dire à Arafat qu’il doit stopper la violence. Dans cette situation, nous sommes malheureusement obligés de réagir face à la violence dont, pour l’instant, je ne vois pas de cessation proche.
En conclusion, pouvez-vous nous dire si oui ou non vous êtes confiant et optimiste ou si, à votre avis, une aggravation de la situation est inévitable ?
L’armée d’Israël est forte et le peuple d’Israël aussi. Lorsque l’on nous attaque, nous savons comment réagir et comment renforcer nos rangs tant sur le plan militaire que moral et national. Mais nous n’avons pas le choix, car nous sommes condamnés à gagner. Notre victoire se compose de plusieurs éléments: l’armée, la politique, la diplomatie et le soutien du monde juif dans son ensemble.
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