Chères lectrices, chers lecteurs,
«Seul le visionnaire est un réaliste !» disait le cinéaste de génie Federico Fellini. Aujourd’hui, le peuple juif et Israël ont un leader solidement doté de ces deux qualités indispensables pour gérer la situation sur le terrain et préparer l’avenir. La dignité de la population israélienne face à l’horreur et la souffrance ainsi que la retenue et la détermination exemplaires du Premier ministre dans sa manière d’assurer la protection et la défense d’Israël forcent l’admiration. Les prouesses technologiques mises au point par l’État hébreu afin de frapper de façon préventive, avec une précision chirurgicale, uniquement les terroristes, sans blesser des innocents, nous emplissent également de fierté.
Pour comprendre le pourquoi du contexte actuel dans sa complexité, il faut se souvenir que les artisans des accords d’Oslo étaient applaudis par tout ce que le monde comptait de politiquement correct. Ils souhaitaient obtenir la paix à n’importe quel prix, y compris celui de la création d’un État arabe totalitaire et islamique au cœur même d’Israël.
Aujourd’hui, jour après jour, nous sommes témoins des conséquences de cette lamentable tragédie qu’a été le mythe d’Oslo, qui s’est écroulé sous une cascade d’échecs, laissant derrière lui désolation et souffrance. C’est donc un Arafat gonflé à bloc par cette accumulation de faiblesses juives et plus déterminé que jamais à détruire Israël, qui a repris la ronde infernale des assassinats et des mutilations de Juifs. Depuis près d’un an, il y a pratiquement un enterrement juif toutes les 48 heures résultant des exactions du terrorisme arabe.
Comment stopper cette hémorragie ?
Dans le conflit qui oppose les Arabes à Israël, l’histoire des huit dernières années a prouvé que la seule approche juste est celle du conservatisme politique: le combat du bien contre le mal. Ronald Reagan avait donné l’exemple en désignant l’URSS comme «The evil empire», l’Empire du mal, ce qui avait sonné l’hallali pour précipiter la fin de l’Union soviétique et de son système. C’est dans cette optique qu’Israël sera mené à agir pour hâter la chute de l’Autorité palestinienne, car celle-ci est «l’entité du mal». Dès qu’Israël aura pris la décision de considérer l’OLP comme telle et non plus comme partenaire – ce qui ne saurait tarder – elle disparaîtra de la scène politique. Ce n’est qu’avec l’éviction de «l’entité du mal» que l’espoir pourra renaître et qu’Israël retournera vers un quotidien plus calme. Il lui sera alors possible d’accorder, sans mettre sa sécurité en péril, une large autonomie administrative aux dirigeants élus des populations arabes de Judée-Samarie-Gaza.
Ce changement radical de politique ne sera pas facile à opérer. Les théories de la gauche ont été anéanties, les promesses de paix et de la fin imminente et définitive du conflit arabo-israélien se sont transformées en une agression arabe vicieuse et fatidique contre la population civile d’Israël. Toutefois, remis du premier choc, les adeptes de «la paix à tout prix» se sont repris et ont récemment lancé une nouvelle campagne, se résumant ainsi: «Aussi mauvaise que soit la situation, Israël doit relancer la négociation avec son seul partenaire valable, Arafat. » En d’autres termes, il faudrait qu’Israël s’engage dans une nouvelle série de concessions unilatérales et de retraits territoriaux jusqu’à ce qu’Arafat veuille bien accepter de signer un papier de plus, qu’il n’a pas la moindre intention d’honorer. Pour l’observateur averti, l’évocation de ce genre de discours peut sembler absurde, alors que le sang coule dans les rues d’Israël. Mais cette idée fait son chemin et trouve lentement, progressivement, de plus en plus d’adeptes, car elle est propagée sous le slogan trompeur disant: «la base d’un accord est à portée de main.» La démarche est aussi périlleuse que l’était celle d’Oslo, elle génère de nouveaux espoirs fallacieux. De plus, au sein même du gouvernement Sharon, quelques politiciens, à l’instar de Shimon Péres, persuadés du droit des Arabes sur certaines terres d’Israël, soutiennent activement les exigences de ces derniers.
Parallèlement aux tensions dues à la violence, la situation économique s’aggrave de jour en jour: mort du tourisme, ralentissement sévère du bâtiment et fermeture d’usines et de PME. Ariel Sharon a hérité d’une situation inextricable, où il doit non seulement ramener le calme et rétablir l’activité économique dynamique qui existait avant l’élection d’Ehoud Barak, mais construire une base de relations solides avec les Arabes garantissant à Israël un avenir sûr et prospère.
Est-ce là trop demander ? Les Juifs n’auraient-ils pas droit, sur leurs terres, à la même quiétude que les autres peuples du monde ? S’agit-il là d’un but injuste et impossible à réaliser ?
Le droit des Juifs à un État fort et florissant ne saurait être remis en question. Mais l’agression menée actuellement par l’OLP et son discours, où la haine du Juif est cultivée et où la négation de la Shoa est devenue son cheval de bataille, n’ont pas pour but de lui permettre de contrôler quelques km2 de plus en Israël. Arafat veut réaliser son ambition, établir la grande Palestine, de la Méditerranée aux frontières de l’Irak, avec qui il conclurait alors une alliance militaire. Ses attaques s’inscrivent dans un combat universel pour la percée et l’avancée de l’islamisation mondiale, et Israël est placé sur le front de cette nouvelle guerre. Ce processus de déstabilisation des démocraties est mené parallèlement par les anti-mondialistes, les néo-nazis et les islamistes, dont l’arme principale est de délégitimer systématiquement Israël et de raviver l’antisémitisme. La petite démocratie juive assiégée, engagée dans une lutte mortelle pour sa survie, constitue un bastion de toute première importance pour l’Occident. Dans le clash qui couve actuellement entre les pays islamiques et les nations démocratiques, la position d’Israël est stratégiquement plus importante qu’à l’époque de la guerre froide.
C’est dans ce contexte extrêmement dur que le temps est venu pour Israël et les Juifs de la Diaspora de dire au monde que la patience juive a des limites, que la politique actuelle de retenue est un geste noble et non pas un acte de faiblesse donnant un blanc-seing pour verser du sang juif impunément. Oui, Israël veut vivre en paix avec ses voisins et il l’a prouvé en signant des traités généreux avec l’Égypte et la Jordanie. Mais il ne peut en aucun cas conclure un accord avec ceux qui vénèrent la mort d'enfants, qui dansent dans les rues lorsque des familles sont décimées, qui exhibent fièrement leurs mains couvertes de sang après le lynchage de deux réservistes innocents ou qui considèrent comme «acte d’héroïsme arabe» le meurtre à l’arme blanche de deux adolescents juifs.
Aujourd’hui, les Arabes luttent par tous les moyens, les plus ignobles inclus, pour ce qu’ils estiment être leurs droits. Parallèlement, l’action d’Ariel Sharon, excessive pour les uns, insuffisante pour les autres, constitue le seul moyen de combattre le terrorisme et de mettre un terme, lentement mais sûrement, aux crimes des Arabes. Quant à nous, Juifs de la Diaspora, le temps est venu d’agir. C’est simple, il suffit de nous rendre le plus souvent possible en Israël. Notre défection est une victoire arabe.
Un message venu de la nuit des temps nous donne espoir: «L’Éternel donnera la force à son peuple – l’Éternel bénira son peuple dans la paix» (Psaumes 29:11).
D’abord la force… puis la paix !
C’est dans cet esprit d’optimisme que toute l’équipe de SHALOM vous souhaite une excellente nouvelle année.
Roland S. Süssmann
Rédacteur en Chef
Vilna, Lituanie 2001.
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