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Sommaire Interview Automne 2001 - Tishri 5762

Éditorial - Automne 2001
    • Éditorial

Roch Hachanah 5762
    • Les sources de l’espoir

Politique
    • Israël sans stratégie politique

Interview
    • Pragmatisme et optimisme
    • Terreur et stratégie
    • Le véritable «nouveau Moyen-Orient»
    • Arabe pur sang !

Judée – Samarie – Gaza
    • Kfar Adoumim

Art et Culture
    • Trésors
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    • Un missile dans le ventre !

Jeunes leaders
    • Le chef Avi Steinitz

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    • Palingénésie impossible
    • Renaissance ou survie ?
    • L’école Shalom Aleïchem
    • Excellence et anéantissement
    • Paneriai
    • Un signe venu de l’au-delà
    • La mémoire vivante
    • Ni Vilna – Ni Vilno - Mais Vilné !
    • Mammé louchen in Vilné !
    • «Dos is geven unser Glick !»
    • Lituanie quo vadis ?
    • Ambivalences lituaniennes
    • La mémoire en images

Éthique et Judaïsme
    • Entre prudence et panique

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Le véritable «nouveau Moyen-Orient»

Par Roland S. Süssmann
La situation sécuritaire intérieure d’Israël inquiète un grand nombre d’entre nous au point que certains hésitent à se rendre en Terre sainte. Afin d’avoir une vision plus nette de ce que le gouvernement entreprend pour améliorer cet état de choses, nous avons rencontré le ministre de la Sécurité intérieure, le Dr UZIEL LANDAU, dit «Ouzi», qui, tout en étant très réaliste, s’est voulu rassurant.

La première question qui se pose aujourd’hui est de savoir ce que pratiquement, votre gouvernement peut faire pour assurer la sécurité des citoyens. Vous ne pouvez quand même pas mettre un policier derrière chaque Arabe !

Le seul et unique moyen de rétablir l’ordre, c’est de combattre le terrorisme. Or à ce jour, nous ne nous y sommes pas véritablement attelés. Pour être efficace, une telle action doit se faire à trois niveaux: sur le front des opérations sur le terrain même, puis dans le cadre de l’information et enfin à l’échelon politique. Actuellement, nous n’avons pris aucune décision dramatique et n’avons pas encore mis nos forces en mouvement. Nous avons déjà stoppé toute forme de négociation tant que la violence continue. Nous ne sommes plus non plus disposés à nous contenter d’une politique de réaction, mais nous nous sommes lancés dans une série d’initiatives, notamment en envoyant un certain nombre de messages d’avertissements aux Arabes qui, pour l’instant, n’ont pas encore payé le prix fort de leurs agressions. J’ai demandé au cabinet que nous déclarions officiellement non seulement qu’Arafat n’est pas un partenaire pour la paix, mais bien un allié de Saddam Hussein. En fait, nous nous trouvons dans un contexte de guerre et nous ne pouvons pas considérer la situation présente comme si nous étions face à un groupe de jeunes adolescents hyperactifs et agressifs. Il est donc de notre devoir de détruire totalement l’infrastructure terroriste palestinienne. Nous allons également exiger un prix pour chaque action violente perpétrée par l’OLP et ce du nord au sud. Il ne s’agit pas de punir collectivement les populations civiles, mais de harceler l’entourage direct d’Arafat afin de faire comprendre que notre but est de mettre l’Autorité palestinienne au pas et de rétablir le calme. Nous faisons une grande distinction entre les Arabes qui désirent vivre en paix avec nous, à qui nous offrons du travail et de nombreux autres avantages, et ceux qui ne pensent qu’à semer la terreur et qui doivent payer le prix de leurs méfaits.

Dans ce cas, comment expliquez-vous que dans votre plan d’action, le Premier ministre ait proposé un cessez-le feu quasiment unilatéral que l’OLP a accepté… sur le papier ?

Nous avons déclaré ce cessez-le-feu unilatéral afin de montrer au monde qui est en réalité Arafat et dans la mesure du possible, nous nous y tenons. Cela dit, il faut bien comprendre qu’Arafat n’est pas intéressé par un cessez-le-feu, mais par une guerre totale contre Israël, avec pour but la destruction de l’État juif. Arafat est à la tête d’une organisation terroriste qui donne son feu vert à toutes les formes de terrorisme anti-israélien: mettre en joue et tirer sur la tête d’un bébé de dix mois, faire sauter des jeunes dans une discothèque, placer des bombes, attaquer des bus scolaires, etc. Pour lui, chaque Israélien est une cible. Il faut également se souvenir que l’Autorité palestinienne est un organisme corrompu et que la grande majorité des très généreuses contributions occidentales, en particulier européennes, aboutit dans les poches des dirigeants de l’OLP. Le reste est utilisé pour l’achat et la fabrication d’armes tels les bombes personnelles, les missiles sol-sol et sol-air, que nous avons d’ailleurs trouvés dans le bateau de contrebande que nous avons récemment arraisonné. Dans ces conditions, il est difficile de croire que l’Autorité palestinienne est une organisation à but pacifique !
De plus, en violation flagrante des accords d’Oslo, l’OLP n’arrête pas les terroristes qui trouvent refuge dans les zones qu’elle contrôle et ne confisque pas la masse imposante d’armes illégales qui y circulent. Arafat et son entourage préparent d’ores et déjà la jeune génération de leurs compatriotes à nous combattre. Dans les écoles, la haine d’Israël et des Juifs fait partie des programmes d’enseignements qui se résument à dire que les Juifs qui vivent en Israël sont les ennemis du genre humain, le Satan sur terre, la pire plaie du troisième millénaire et que, pour éradiquer ce mal, il suffit de sacrifier sa propre vie.

Au début des violences arabes contre Israël du mois d’octobre 2000, il a été assez surprenant de constater que les Arabes israéliens se sont joints aux manifestations contre les Juifs. Ils ont agi avec une telle violence que Vadi Ara, la route qui va de Hadera à Afoula, est restée fermée pendant quinze jours. Comment voyez-vous l’évolution des relations entre cette population et les Israéliens juifs ?

Je crois que pour l’instant, la majorité des Arabes israéliens s’identifie encore avec nous. Cela dit, il ne fait aucun doute qu’au sein de cette population, il y a une tendance de plus en plus forte à s’identifier avec l’Autorité palestinienne et surtout avec son but final qui est la remise en question du droit même de l’existence de l’État d’Israël. D’ailleurs, nous sommes confrontés à un énorme problème, celui des Arabes israéliens qui sont très proches des mouvements islamiques.

Pratiquement, que pouvez-vous faire ?

Il faut bien comprendre qu’en raison des lois actuellement en vigueur en Israël, il est très difficile de s’attaquer à cette question avec efficacité. En effet, notre système démocratique garantit à chaque citoyen la liberté d’expression et d’action politiques. C’est pour cette raison que nous nous retrouvons dans une situation où nous devons nous protéger face à ceux qui utilisent notre démocratie pour précipiter notre destruction. Pour l’instant, nous devons nous contenter d’une méthode de persuasion publique et nous avons lancé une campagne afin d’expliquer à nos citoyens arabes que ce genre d’attitude pourrait nous mener en définitive à prendre des mesures plus sévères.
Vous avez évoqué les événements du mois d’octobre dernier au cours desquels des Arabes israéliens se sont pris d’une manière très sauvage à la population juive et ont attaqué des villages israéliens en manifestant clairement leurs intentions puisque leur slogan était: «Égorgez les Juifs» ! Rapidement débordée, la police a dû intervenir de manière très sévère. Malheureusement, ces provocations ont mené à la mort de treize Arabes israéliens. C’est ce genre d’incidents que nous voulons à tout prix éviter à l’avenir. Je suis en contact permanent avec des dirigeants de la population arabe israélienne qui ont compris les risques qu’impliquerait une accélération de la violence. Nous travaillons donc à différents niveaux et je tiens à souligner que sur le plan éducatif, dans les écoles islamiques fréquentées par des enfants arabes israéliens, les thèses négationnistes se rapportant à la Shoa sont enseignées, ce que nous ne pouvons en aucun cas tolérer. Le but de ce genre de cours est de démontrer par un autre moyen que l’existence d’Israël est basée sur un mythe.

Aujourd’hui, pour ainsi dire aucun touriste ne peut se rendre sur le Mont du Temple qui, après tout, est notre lieu saint le plus sacré. Avez-vous prévu de libérer l’accès et si oui quand ?

Il s’agit d’un sujet extrêmement délicat, dont mon ministère s’occupe avec beaucoup de doigté. D’une part il est de ma responsabilité d’assurer que chaque personne croyante, toutes religions confondues, peut se rendre sur le Mont du Temple afin d’y faire ce que sa religion lui prescrit, et d’autre part, nous devons tout mettre en œuvre afin que ceci se fasse sans que la situation malgré tout explosive qui y règne ne s’aggrave. A ce stade, je ne peux donc pas donner de date à laquelle le Mont du Temple sera à nouveau accessible à tous.

Le contexte actuel est inquiétant. Comment voyez-vous l’évolution ?

Si Israël prend les mesures qui s’imposent, le calme pourra être rétabli assez rapidement. Cela dit, il ne faut pas oublier que nous commençons à récolter les fruits du processus d’Oslo qui est une tragédie nationale. Tous ceux qui ont affirmé que seule une solution politique et non militaire nous apporterait en définitive la paix constatent aujourd’hui dans quel marasme le processus politique nous a précipités. Il en est de même pour ceux qui voulaient croire que nous pouvions déléguer certaines questions sécuritaires à Arafat et lui donner des armes afin qu’il coopère avec nous dans la lutte contre le Hamas. Il n’y a pas de «nouveau Moyen-Orient» démocratique. Par contre, ce qui est nouveau au Moyen-Orient, c’est que des pays comme l’Iran, l’Irak et la Syrie se dotent à outrance d’un armement non conventionnel et de missiles balistiques. Ce sont les plus proches alliés d’Arafat. Il faut bien comprendre que leur démarche n’est pas uniquement hostile à l’égard d’Israël, mais envers l’ensemble du monde libre. Les missiles Shahab 3, que détient l’Iran et qui peuvent frapper l’Arabie Saoudite et la Turquie, sont développés afin de pouvoir atteindre des cibles en Europe et aux États-Unis. Si ces pays constituent à moyen et long terme une menace pour l’Occident, Arafat représente un danger quotidien pour nous. Sa démarche est très simple, il a utilisé les accords d’Oslo afin de promouvoir son but, la destruction totale d’Israël. Il a pu le faire d’autant plus facilement qu’Israël a fait des concessions unilatérales. Aujourd’hui, comme nous exigeons qu’il tienne sa part d’engagements, il se lance dans une campagne de violence afin d’atteindre ses buts politiques. Malheureusement, certains pays européens n’hésitent pas à lui apporter leur soutien, ce qui est une grave erreur. Toutefois, je ne suis pas surpris de voir ces mêmes pays, qui multiplient les contacts et les contrats avec des états comme l’Iran, l’Irak et la Syrie, venir en aide à Arafat. C’est le même esprit, c’est la même démarche.

Vous nous parlez «d’armements non conventionnels», qui sont en fait des armes chimiques et bactériologiques. Pensez-vous que l’OLP en soit dotée ?

Pour l’instant tel n’est pas le cas, mais je n’exclus pas que l’OLP décide de les utiliser à l’avenir dans le cadre de ses activités terroristes.

Vous condamnez l’idéal du «nouveau Moyen-Orient» qui était le cheval de bataille des promoteurs des accords d’Oslo, en particulier de M. Shimon Péres. Aujourd’hui, vous faites partie d’un gouvernement dont ce politicien est l’un des principaux acteurs. Comment expliquez-vous cela ?

Il faut savoir que dans la situation actuelle, un gouvernement d’Union nationale constitue la manifestation de notre unité. Ceci est absolument nécessaire tant face au monde arabe qu’envers les Européens et les Américains. Il n’est de secret pour personne que sur le plan idéologique, tous les membres du gouvernement n’ont pas les mêmes vues. Toutefois, nous ne devons pas décider de questions idéologiques, mais du cours des actions à entreprendre. Ce qui compte aujourd’hui, c’est de combattre le terrorisme et sur ce point, nous sommes tous d’accord.
En conclusion, je dirai que nous avons été naïfs en signant les accords d’Oslo et que nous payons un prix fort et terrible pour les avoir appliqués unilatéralement. J’espère que cela nous servira de leçon à tous et qu’à l’avenir, nous ne nous laisserons plus guider par notre ingénuité.



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