Éditorial - Automne 1999
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Tous les soirs, 34 000 places de théâtre et de concert sont vendues à Vienne – 65% des commandants et des petits chefs SS des camps de la mort nazis étaient autrichiens, alors que la population de l’Autriche ne représentait que 8% de celle du Reich !
Ces deux faits illustrent parfaitement la mentalité autrichienne qui assume cette contradiction dans la plus parfaite «Gemütlichkeit » et désinvolture. Aujourd’hui, dans le cadre d’une vie culturelle de tout premier ordre, dans une Vienne où les plus beaux magasins jouxtent des rues proprettes vidées de clochards et de mendiants, macère un antisémitisme latent mais bien visible. Tout le bla-bla sur la «nouvelle Autriche», précisément celle qui aujourd’hui «regarde son passé en face», n’est en fait qu’un léger vernis qui peut éclater du jour au lendemain. Tant la question de la culpabilité autrichienne face au peuple juif que celle du remboursement et de la compensation des biens volés sont des sujets traités avec «délicatesse», en clair avec une microscopique pince à sel.
C’est donc dans cette atmosphère sommes toutes assez hypocrite qu’évolue une toute petite communauté juive estimée à environ 10 000 âmes, dont 7350 sont des membres enregistrés. Remarquablement bien structurée, elle dispose d’institutions importantes, notamment d’une quinzaine de lieux de cultes, aussi bien hassidiques que réformés (bien entendu, le mouvement libéral ne fait pas partie de l’organisation consistoriale). En fait, il n’existe qu’une seule organisation faîtière fonctionnant sous le nom de «Israelitische Kultusgemeinde Wien», hétérogène et reflétant les clivages qui divisent le monde juif actuel. La population juive de Vienne se compose de personnes originaires des pays de l’Est et d’Europe occidentale, de Juifs en provenance de diverses républiques d’Asie centrale et d’un grand nombre d’Israéliens. La plupart des groupes ont «leurs propres» bains rituels, talmudeï Torah, centres culturels et synagogues. Quant au comité dirigeant, il est formé de vingt-quatre membres qui ne sont pas élus en fonction de la personne, mais par le biais de véritables partis, chaque société ou tendance religieuse ayant un certain nombre de sièges occupés par des volontaires.
La Synagogue principale, le «Wiener Stadttempel», est «cachée» à l’intérieur d’un pâté de maisons typiques du quartier, ce qui lui a valu de ne pas être brûlée pendant la Reichskristallnacht du mois de novembre 1938 durant laquelle plus de 90 synagogues et lieux de cultes juifs ont été incendiés. Elle a régulièrement subi des rénovations, la dernière datant de 1988. Vienne compte également quatre écoles juives, plusieurs Talmudeï Torah, une yéshivah, une école rabbinique, une école de formation professionnelle ainsi que plusieurs mouvements de jeunesse (surtout Bné Akiva et Hachomer Hatsaïr). Quant aux services sociaux, ils sont remarquablement bien structurés, incluant toute la palette classique de ce genre d’organismes, notamment des aides médicales, un home pour personnes âgées, un club d’activités quotidiennes, etc. Bien entendu, comme chaque communauté, Vienne compte des magasins d’alimentation cachère, des librairies hébraïques, un club sportif et une vingtaine d’organisations juives classiques, dont deux sont assez surprenantes: «le Club philatélique du timbre israélien» et «Amcha», le Comité d’aide psychosociale aux survivants de la Shoah. Pour l’instant, le restaurant cachère est fermé.
Avec Zurich, Vienne est la seule ville du monde juif germanophone à disposer d’une infrastructure aussi solidement implantée, où tout semble parfaitement établi pour y vivre une vie juive agréable et satisfaisante. La jeune génération est pleine d’assurance, cosmopolite, cultivée, partiellement traditionnelle tout en étant très assimilée à son entourage autrichien, certains éléments étant plus pratiquants que leurs parents. Il est particulièrement intéressant d’observer l’attitude peu homogène des Juifs face à la population autrichienne. En effet, si certains estiment «ne pas vouloir en permanence être définis comme victimes, mais en finir avec le passé», d’autres pensent que «les Juifs et les Autrichiens ont simplement une autre Histoire, les premiers étant une société de victimes, les autres une société de coupables». Ces deux positions laissent place à un large débat où s’affrontent diverses opinions. Par exemple, lors de la projection dans une salle de cinéma de «La Liste de Schindler», certains se sont offusqués du fait que 60% des spectateurs ont applaudi l’assassinat d’un Juif alors que d’autres disent qu’après tout, l’antisémitisme sous sa forme la plus radicale est en net recul et qu’il ne reste finalement qu’une forme d’antisémitisme latent dont il faut s’accommoder et qui ne fait pas peur. Malgré toutes les divergences, il existe un point sur lequel l’unanimité est absolue au sein de la communauté juive, c’est sur la question des restitutions des biens juifs spoliés et des compensations. Tout le monde est d’accord que cette question doit être traitée avec fermeté et sans compromis. Quant au phénomène du succès électoral de l’extrême droite de Jörg Haider, il ne semble pas inquiéter outre mesure la Communauté juive, l’avis général étant qu’il doit être combattu dans le cadre des institutions démocratiques du pays. Certains croient - à tort ou à raison - qu’il est plus nocif pour les étrangers en général que pour la Communauté juive en particulier… (aveuglement volontaire ou sens des réalités ?).
Afin de nous permettre de mieux comprendre l’esprit profond qui anime la vie juive aujourd’hui en Autriche, nous avons rencontré M. PAUL CHAIM EISENBERG, grand rabbin d’Autriche depuis 21 ans, dont le père a été, dès 1948, le premier Grand Rabbin d’Autriche après la Shoah.
Comment définissez-vous la vie juive en Autriche ?
Je pense qu’un petit rappel historique s’impose. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, Vienne était la capitale d’une grande monarchie et, par conséquent, de nombreux Juifs en provenance des pays de l’Est venaient s’y établir. Le judaïsme autrichien se distingue donc de la population juive allemande par le fait que de tout temps, il était constitué d’un mélange de populations. En 1938, l’Autriche comptait 200 000 Juifs, dont 180 000 à Vienne. Après la Shoah, il ne restait que 1000 Juifs à Vienne, ce qui ne signifie pas que tous les autres sont morts dans les camps. On estime généralement que 65 000 Juifs autrichiens ont été assassinés mais que les autres, chassés, ne sont pas revenus et ce pour deux raisons: les uns ne le désiraient pas, quant aux autres, on leur a fait clairement comprendre qu’il n’était pas souhaitable qu’ils reviennent. A cela s’ajoute le fait qu’à l’époque, la question des réparations et des compensations des vols constituait un sujet tabou, les survivants n’avaient donc aucune chance de récupérer leurs biens. La communauté juive de Vienne d’après guerre était constituée de survivants des camps, mais qui n’y habitaient pas avant 1938. Aujourd’hui, elle se compose d’une majorité de Juifs en provenance des pays de l’Est, ce qui répond à la fameuse question: «comment des Juifs peuvent-ils vivre dans une ville aussi antisémite ?». En fait, la réplique est très simple car, pour un grand nombre de ceux qui se sont établis ici, Vienne était salutaire: ils fuyaient le communisme ou un environnement ouvertement antisémite. Ainsi, bien que sachant pertinemment que dans l’ensemble la population autrichienne n’est pas très amicale envers les Juifs, ils n’ont pas le même ressentiment qu’un ancien viennois ayant dû fuir la ville pendant la Deuxième Guerre mondiale. L’intégration se fait progressivement, notamment dès que les enfants naissent ici.
Il ne doit pas être facile d’être le Grand Rabbin d’une communauté aussi hétérogène dans laquelle toutes les tendances religieuses du judaïsme s’affrontent dans un certain microcosme. De plus, vous devez certainement faire face à des questions délicates, comme par exemple celle des conversions. Dans quel esprit et de quelle manière accomplissez-vous votre mission ?
Effectivement, vous touchez là un point très sensible. Tout d’abord je dois souligner que certes, je suis ouvert d’esprit et très tolérant mais, étant un rabbin orthodoxe, je mène mon sacerdoce en fonction des règles strictes de la législation juive. En ce qui concerne les conversions, je travaille en étroite coopération avec le Rabbinat en Israël et les conversions qui sont agréées par cette autorité sont ensuite réalisées ici. Je ne peux pas accepter tout le monde, la loi sur ces questions étant finalement assez nette. J’ai toujours été très sensible au fait de trouver un équilibre entre les exigences de la législation juive et celles de la vie moderne. J’estime que l’on peut mener une vie orthodoxe tout en cherchant et en trouvant des solutions aux grands problèmes de notre temps. A Vienne, je suis confronté à pas mal de personnes qui, bien que se sentant juives, ne souhaitent pas que leur rapport avec la judéité dépasse cette prise de conscience. Je m’efforce d’encourager leurs sentiments positifs face au judaïsme ce qui en définitive s’avère progressivement fructueux. Afin d’illustrer mes propos, je vous dirai que je me suis rendu compte qu’il n’est pas possible de diriger une communauté spirituellement en ne parlant que de religion. Vienne étant une ville de grande culture, la Communauté juive organise des activités de toutes sortes, souvent en coopération directe avec le Musée juif. Pour ma part, je planifie chaque année trois ou quatre concerts de liturgie juive où j’invite en général des grands ministres officiants (hazanim) et où je chante également.
Quelles sont vos relations avec l’Église et qu’en est-il de la position du Rabbinat face à l’antisémitisme politique en Autriche ?
Nos relations avec l’Église sont bonnes, d’ailleurs ses responsables, comme la majorité des politiciens autrichiens, tentent d’avoir des rapports amicaux avec nous. En ce qui concerne l’antisémitisme politique, je crois qu’il y a beaucoup d’antisémites, mais peu d’antisémitisme. J’estime que Jörg Haider, personnage antipathique et antidémocratique, est plus nocif pour l’Autriche que pour les Juifs. Officiellement, il n’a jamais tenu de propos ouvertement antisémites…
RENCONTRE AVEC ARIEL MUZICANT
Comme nous l’avons constaté, la Communauté juive est placée dans son ensemble sous un seul «chapeau», une organisation consistoriale regroupant tous les mouvements juifs d’Autriche. Son président, M. ARIEL MUZICANT, homme d’affaires à succès, estime que les relations avec la communauté non-juive sont absolument remarquables. Preuve en est que lors de la célébration des 150 ans de la reconnaissance officielle par l’empereur François Joseph 1er de la Communauté juive de Vienne, toute l’Autriche officielle, soit près de 800 notables (chancelier, ministres, parlementaires, juges, maires, etc.), sous la conduite du Président de la Confédération autrichienne, M. Thomas Klestil, se sont rendus à la grande soirée de gala du 20 juin 1999. Bien entendu, la question du passé n’est toujours pas traitée comme la Communauté juive le souhaiterait, néanmoins de grands et honnêtes efforts sont entrepris à tous les niveaux, inclus dans le cadre des institutions scolaires, pour que cette situation s’améliore.
Pensez-vous que le travail de mise à jour de l’histoire autrichienne pendant la Shoah est effectivement sur les rails ?
Aucun président de la Communauté juive en Autriche qui se veut véritablement honnête ne peut se montrer satisfait des démarches prises actuellement pour rétablir la vérité historique en Autriche et pour qu’un travail de méditation et de mise à jour du passé soit effectué, bien que des efforts sérieux soient entrepris. J’estime que si dans le temps les points négatifs l’emportaient sur les points positifs, aujourd’hui nous sommes dans une position plus ou moins équilibrée. Il reste beaucoup à faire et je ne peux pas affirmer que pour l’instant, les Autrichiens défilent dans les rues en se frappant la poitrine, rongés par les remords. Il faut savoir que nous avons à faire à une grave opposition de la part de l’extrême droite de Jörg Haider qui, outre une entrave active, constitue toujours une pierre d’achoppement. En effet, dans toutes les négociations, la question sous-jacente qui revient toujours chez nos interlocuteurs est «que fera l’extrême droite ?». Pour notre part, nous continuons nos démarches.
Comment voyez-vous l’avenir de votre communauté ?
Dans l’ensemble, nous avons une vie communautaire remarquable et je ne me fais pas de soucis pour la vie juive en Autriche à proprement parlé. Ma grande préoccupation est d’ordre démographique parce que notre communauté est trop petite. Je pense donc qu’il serait utile d’encourager environ 5000 familles juives à venir s’établir ici.
Vous voulez inciter des Juifs à s’installer en Autriche ?
Oui, absolument, et ce dans le but d’assurer un avenir à notre communauté. Aujourd’hui, il y a 7350 Juifs en Autriche et environ 150 quittent le pays chaque année. La population communautaire est relativement stable, nous avons un peu plus de naissances que de décès. Je ne vois pas pourquoi des Juifs ne viendraient pas vivre en Autriche, c’est un pays riche qui a besoin de jeunes forces qualifiées, qui dispose d’une infrastructure communautaire remarquable et qui offre une qualité de vie de tout premier ordre. Je pense renouer avec une tradition qui a permis durant 200 ans aux Juifs de toute l’Europe de l’Est de venir s’établir à Vienne. Pourquoi notre génération ne devrait-elle pas perpétuer cette habitude en accueillant 20 000 Juifs (!) ici ? C’est un projet qui me tient à cœur et je souhaite négocier rapidement avec les autorités afin qu’elles modifient leur politique d’immigration dans le but de permettre d’assurer la survie et la prospérité de la communauté juive dans les années à venir. Si mon plan ne réussit pas, je pense que dans vingt ans, il n’y aura plus de communauté juive en Autriche. Notre devoir est donc de prévoir la survie de cette communauté et je pense qu’il n’est pas déraisonnable de vouloir installer 5000 familles juives ici au cours des années à venir. Il est important d’avoir une certaine vision des choses. Il y a 20 ans, lorsque nous avons construit l’école juive, tout le monde se moquait de nous. Aujourd’hui, près de 600 enfants fréquentent des écoles juives à Vienne. Mon projet demande donc vision, courage et un peu de chance. En tant que Juifs, nous croyons toujours aux miracles !
Pensez-vous que l’État autrichien devrait participer financièrement à votre projet ?
Le fait est que 65 000 Juifs autrichiens ont été assassinés et que 120 000 ont été chassés. Je vais proposer que l’État participe à l’établissement de 20 000 Juifs. Je ne pense pas que mon idée déclenchera un tollé d’enthousiasme, mais c’est négociable. Cela étant dit, nous sommes au début d’un processus de pensée et n’avons pas encore atteint le stade de la négociation chiffrée. Mais je dois dire que tous les politiciens autrichiens à qui j’en ai parlé se sont montrés intéressés et aucun n’a rejeté d’emblée l’idée. Il est certain que la communauté juive ne pourrait pas assumer un tel fardeau, car malgré tout chaque famille devrait être supportée financièrement pendant la première année. A l’issue des douze premiers mois, chacun devrait s’être organisé, avoir un travail… et commencer à payer des impôts. Au mois d’octobre prochain, il y aura des élections en Autriche et la manière dont mon projet sera traité dépend beaucoup du nouveau gouvernement qui sortira des urnes.
La population juive de Vienne, de par son dynamisme et la diversité de ses activités, apporte énormément au développement et à l’essor de l’Autriche. Elle est pour ainsi dire présente dans tous les secteurs de l’économie et du monde artistique. Quant à savoir si l’idée d’encourager des Juifs à s’établir en Autriche est vraiment bonne… seul l’avenir le dira.
LES JUIFS D’ASIE CENTRALE
L’une des particularités de la population juive de Vienne réside dans le fait qu’environ un tiers de ses membres, soit 2000 personnes, est constitué de Juifs originaires d’Asie centrale, de Boukhara et de villes situées en Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan et Géorgie. La plupart ont quitté ces anciennes Républiques soviétiques en 1974 et se sont établis en Israël. Entre eux, ils parlent russe ou hébreu, mais aussi allemand et un dialecte d’Asie centrale propre aux Juifs, un mélange de farsi et d’hébreu. Dans l’ensemble, il s’agit d’une communauté de petits commerçants et artisans, bien que certains aient réussi à monter de grandes affaires.
Réunie sous une organisation faîtière, la «Dachverband der Sefardischen Juden», et présidée par M. Bochor Alaev, cette communauté est également affiliée à la «Israelitische Kultusgemeinde Wien». Ses activités religieuses, culturelles et communautaires se déroulent dans le centre séfarade qui compte deux synagogues, l’une boukharienne, l’autre géorgienne, ainsi qu’une salle de fêtes polyvalente. Ces communautés sont dirigées par le rabbin Jizchak Niazov. Pour des raisons économiques, la majorité des enfants vont à l’école Loubawitch, qui est moins chère que les autres. Il s’agit d’une communauté assez jeune, dont les membres se marient entre eux, ils ont en moyenne trois enfants. Concernant les relations de cette communauté avec le passé de l’Autriche, M. Bochor Alaev, lui-même originaire de Samarkand et arrivé à Vienne à l’âge de 21 ans, nous a notamment déclaré: «Nous n’avons pas souffert du nazisme et par conséquent, notre jeunesse ne s’estime pas directement concernée par ce qui s’est passé en Autriche. Nous vivons ici comme nous vivions en Asie centrale, nous nous sentons autrichiens… et juifs».
En Europe, il y a encore quelques petites communautés de Juifs d’Asie centrale à Hanovre, Düsseldorf et Leipzig. Quant aux villes de Boukhara, Tachkent et Samarkand, il reste encore quelques Juifs qui quittent progressivement pour s’établir en Israël ou aux États-Unis, l’Autriche menant depuis 1993 une politique d’immigration restrictive.
L’ÉCOLE ZWI PEREZ CHAJES
Cent pour cent de réussites aux examens de maturité et ce depuis de nombreuses années ! C’est ainsi que l’on peut définir la plus grande école juive de Vienne (qui en compte quatre), la «Zwi Perez Chajes Schule», qui accueille quotidiennement 318 élèves, du jardin d’enfants à la maturité.
A Vienne, plus de 50% des enfants juifs en âge scolaire sont inscrits dans des institutions juives. A la Zwi Perez Chajes Schule, l’hébreu est la première langue étrangère, avant l’anglais, et le judaïsme et l’histoire juive (à l’oral) sont des matières obligatoires de maturité. (A quand en Suisse ?) !
L’école porte le nom de Zwi Perez Chajes qui fut le grand rabbin de Vienne de 1918 jusqu’à sa mort en 1927, personnalité juive hors pair qui a marqué son époque par ses écrits et ses actions. Rappelons qu’à cette époque, la capitale autrichienne était la deuxième communauté juive d’Europe.
Fondée en 1979, l’école s’inscrit dans la droite lignée des enseignements du grand maître du XIXe siècle, le rabbin Samson Rafael Hirsch de Francfort, pour qui l’étude de la Torah et les acquis de la modernité tant dans les domaines de la science que de la culture sont parfaitement compatibles. L’école offre ainsi à ses élèves une instruction et une éducation à la fois complètes et complémentaires, le but étant de former des hommes et des femmes qui demain sauront faire face aux exigences de la vie moderne tout en étant ferrés en judaïsme et ce non seulement dans le domaine purement académique mais aussi sur le plan pratique dans la vie quotidienne. C’est sur ces bases que le programme d’enseignement est structuré tout en étant directement soumis aux exigences pédagogiques de l’État. Bien que l’école soit directement ouverte à tous, les élèves sont tenus de se soumettre à un certain règlement minimal d’observance religieuse. Les garçons doivent porter la kippah à tous les cours et les repas étant fournis par l’école, il est interdit d’apporter de la nourriture de l’extérieur, les fruits, les légumes et les boissons non alcoolisées constituant l’exception qui confirme la règle. De plus, les garçons sont tenus d’assister à l’office du matin qui se déroule dans une magnifique synagogue moderne située au 3ème étage du bâtiment scolaire. Les cours de judaïsme (histoire juive, philosophie juive, etc.), de Torah et d’hébreu totalisent environ dix heures par semaine. Tous les jeunes dont les parents sont membres de la communauté sont acceptés à l’école et un système de bourse est à disposition des nécessiteux.
L’une des particularités de l’école réside dans le fait qu’un grand nombre d’enfants qui s’y rendent proviennent de familles d’immigrants ne parlant pas un mot d’allemand, mais le russe, le hongrois, le polonais, etc. Ils s’intègrent parfaitement, apprenant l’hébreu dès la première enfantine, puis l’allemand. Certaines classes comptent jusqu’à 80% d’enfants d’immigrants.
Les élèves de l’école reçoivent un enseignement général de tout premier ordre, où sport et musique jouent un grand rôle, ainsi qu’une instruction juive qui dépasse de loin le savoir théorique et les connaissances de la pratique. Former et transmettre l’identité juive à l’image des enseignements du rabbin Samson Rafael Hirsch, voilà l’esprit de l’école Zwi Perez Chajes.
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