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Sommaire Éditorial – Avril 2003 Printemps 2003 - Pessah 5763

Éditorial – Avril 2003
    • Éditorial

Pessah 5763
    • Identité et existence

Politique
    • Et après ? [pdf]

Interview
    • Un défi de taille

Recherche scientifique
    • Excellence et tradition
    • Le secret du ribosome

Judée - Samarie - Gaza
    • Migron [pdf]

Shalom Tsedaka
    • Rien ne vaut une vie ! [pdf]

Analye
    • Divorce politique [pdf]

Analyse
    • Impuissance ou indifférence ?

Œnologie
    • Le'hayim !

Reportage
    • Volonté - Endurance - Succès [pdf]

Pologne
    • Une tentative de réparation
    • Mémoire et espoir [pdf]

Union Serbie - Monténégro
    • Jérusalem et beograd
    • Savez jevrejskih opstina jugoslavije
    • Quatre enterrements... et un mariage !
    • Hier - aujourd'hui - demain ? [pdf]
    • Quo vadis serbia ? [pdf]
    • Jevrejski istorijski muzej
    • La Shoa en Serbie

Yougoslavie
    • Josip Erlih [pdf]

Éthique et Judaïsme
    • Responsabilité filiale

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Éditorial

Par Roland S. Süssmann - Rédacteur en chef
Chères lectrices, chers lecteurs,

«L’obsession anti-américaine», tel est le titre du dernier livre de l’académicien Jean-François Revel. Au vu des événements récents, ce titre pourrait être paraphrasé en «L’obsession anti-israélienne». En effet, les manifestations dites pour la paix se sont très rapidement transformées en démonstrations hostiles à l’État juif et ouvertement antisémites. Les hordes de «militants de la paix» défilant affublés de keffiehs, symbole du terrorisme arabe, ont renforcé leur message en marchant sous des drapeaux d’Israël souillés de la croix gammée nazie peinte en noir sur l’étoile de David. La perversion morale de la démarche d’assimiler les Juifs aux nazis s’est faite avec la collaboration active de l’ensemble de la classe intellectuelle et politique. Elle s’est regroupée sous la bannière factice de «l’anti-américanisme pacifique», où elle a rejoint les racistes-nationalistes, les communistes partisans des régimes répressifs, les musulmans et leurs amis sympathisants de la cause arabe, ainsi que les anti-mondialistes. Lorsqu’il s’agit de crucifier Israël, les différences idéologiques sont très vites oubliées. Cynisme et hypocrisie sont de mise, car aucun de ces pacifistes n’est jamais descendu dans la rue pour manifester contre les attentats-suicide en Israël qui, en 30 mois, ont coûté la vie à environ 800 Juifs et blessé grièvement plus de 5200.

Devant cette réalité, quelle doit être notre attitude ?

Les manifestations «pour la paix» des dernières semaines ont clairement démontré que nous, Juifs, ne pouvons rien attendre de bon des organisations «pacifistes». Le choix de notre camp s’impose donc: nous devons dire oui à l’intervention américaine en Irak.

Oui parce que nous n’avons pas le droit de nous tromper d’ennemi. Ceux qui veulent notre disparition, la destruction de l’État d’Israël et son remplacement par une démocratie islamique, ce ne sont pas les États-Unis, mais le monde arabe et musulman soutenu dans sa démarche par l’Europe. Au sein de celle-ci, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que la création d’Israël était une erreur qui doit être corrigée, progressivement mais élégamment.

Oui à une guerre globale et sans merci contre le terrorisme (y compris en Syrie) qui n’a jamais défendu une cause juste, mais dont le but est de remplacer la démocratie par la dictature et l’anarchie. Rappelons que l’Irak est directement impliqué dans les attentats - suicide ou non - qui se déroulent depuis deux ans et demi en Israël. Contrairement à un mythe, le terrorisme arabe n’est pas l’arme des faibles, des frustrés et des humiliés. Le fondamentalisme islamique est dirigé par des universitaires, des personnes considérées dans les chancelleries et les salons européens comme cultivées et modérées. Nier cela, c’est oublier que Bin Laden est ingénieur, son adjoint Ayman Zawahiri un médecin très en vogue, et Mohamed Atta, qui a dirigé l’attaque contre le World Trade Center, un architecte de renommée internationale. A travers tout le monde arabe, le radicalisme islamique gagne du terrain dans les classes dirigeantes, le monde artistique et des affaires. Au niveau populaire, la manipulation est d’autant plus simple que la pauvreté et l’illettrisme sont extrêmes, y compris en Égypte qui vit en paix avec Israël depuis 24 ans. Son chanteur le plus populaire, Shaban Abdel Rahim, a vendu cinq millions de disques avec la chanson «Je hais Israël».

Oui parce que l’intervention en Irak rappelle au monde que le terrorisme, dont la population juive d’Israël est victime, n’a rien en commun avec un combat pour la liberté ou une forme de résistance à une occupation. Il s’agit bien de l’expression la plus lâche et la plus perfide d’assassinats et de mutilations de Juifs israéliens, nourrissons et vieillards confondus.

Oui parce qu’il n’existe aucune différence entre un acte de terrorisme perpétré à New York, Bali, Djerba ou Jérusalem.

Oui encore parce que six millions des nôtres ont été assassinés car hier, les Européens ont soutenu Hitler et qu’il serait intolérable de les laisser protéger Saddam aujourd’hui.

Oui enfin parce que, par son intervention en Irak, W. Bush rappelle au monde qu’il existe une distinction entre le bien, incarné par la vérité objective, et le mal, symbolisé par la «relativité morale», celle qui concède à Saddam ou à Arafat le droit d’avoir «une opinion et des méthodes différentes» et de se livrer à des massacres pour se faire comprendre. A cet égard, la question se pose de savoir pourquoi le traitement réservé à Saddam ne s’applique pas à Arafat ? A-t-il droit à une partie d’Israël, à une armée et à des sommes astronomiques parce qu’il ne tue que des Juifs ?

Mais notre oui, s’il est inconditionnel pour l’intervention en Irak et ses motivations idéologiques, doit rester lucide et ne peut constituer un blanc-seing pour de nouvelles pressions internationales sur Israël. Tout indique que si les USA sont déterminés à mener à bout leur lutte contre le terrorisme, ils ne sont pas disposés à conduire à terme leur action de démocratisation, car ils veulent protéger leurs amis potentats en place. De tout temps, l’Amérique a eu une politique proche-orientale bourrée de contradictions et de paradoxes qui variaient en fonction de ses intérêts du moment. Elle n’est restée constante que sur un seul point: son désir de voir les villes et villages juifs de Judée-Samarie-Gaza être rasés et leurs habitants juifs expulsés. Par contre, aucune administration américaine ne s’est exprimée avec précision sur la signification de cette idée récemment résumée dans une déclaration de W. Bush: «Les États arabes doivent s’opposer au terrorisme et supporter l’émergence d’une Palestine pacifique et démocratique, dont le but déclaré sera de vivre en paix avec Israël». En clair, cela signifie-t-il que les USA vont entreprendre les démarches nécessaires auprès de leurs alliés arabes, notamment l’Arabie saoudite et l’Égypte, afin qu’ils cessent de financer le terrorisme ? Demanderont-ils à ces mêmes États d’absorber les réfugiés arabes, cette population maintenue depuis 55 ans dans des cloaques comme arme politique contre Israël ? Il faut craindre que les revendications américaines à l’égard des Arabes ne se limitent à l’acceptation d’un ministre de pacotille antisémite mis en place par l’OLP, sans même exiger que cette organisation se dote d’un nouveau leadership responsable. Bref, un léger remaquillage politique leur suffira. La nouvelle «feuille de route» a d’ailleurs été élaborée sur ces bases.

Quelle que soit l’issue de l’opération en Irak, Israël sera confronté à des difficultés. Son nouveau gouvernement ne prendra pas de risques inconsidérés pour servir les intérêts américains dans la région. La récente débâcle de la gauche a démontré l’échec du concept de l’échange de territoires contre une paix hypothétique et automatique. Toute négociation qui impliquera des concessions israéliennes devra être précédée d’une démonstration sérieuse du désir de paix des dirigeants arabes. Ceux-ci devront accepter la reconnaissance de la souveraineté d’Israël et son droit élémentaire à l’autodéfense, droit encore trop souvent mis en cause, même par les USA. Israël rejettera aussi toute forme de parallélisme entre le règlement de la question iraquienne et celui de ses futures relations avec les Arabes vivant en Israël dans les zones dominées par l’OLP.

En ces temps confus, une certitude prévaut: nous avons le privilège de vivre à une époque où il existe un État juif. Il est de notre responsabilité de l’aider à être florissant sur le plan économique, en multipliant nos investissements, et spirituel, en soutenant l’éducation juive.

Toute l’équipe de SHALOM vous souhaite d’excellentes fêtes de Pessah.

Roland S. Süssmann
Rédacteur en chef – Avril 2003

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