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Sommaire Actualité Printemps 1997 - Pessah 5757

Éditorial - Avril 1997
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Hanoucah 5757
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Rencontre avec M. Alfonse M. D'Amato

Par Roland S. Süssmann
Lorsque le Congrès juif mondial a enfin décidé (pourquoi si peu et si tard ?) de se préoccuper de la question des fonds juifs en déshérence dans les banques suisses et du problème des transactions financières avec l'Allemagne nazie, face à l'attitude des banques et des autorités suisses il n'a guère eu d'autre choix, pour faire avancer son dossier, que de solliciter l'appui du sénateur Alfonse M. D'Amato, président de la puissante Commission sénatoriale américaine des banques. Celui-ci, bien documenté, a foncé tout droit, accusant la Suisse de tous les maux. Si en définitive, les banques suisses ont accepté de commencer à bouger un peu dans la bonne direction, c'est bien grâce à l'action énergique, pour ne pas dire musclée, du bouillant sénateur. Parallèlement, les organisations juives ont continué de jouer un rôle de premier plan, mais il est fort douteux que sans l'intervention d'Alfonse M. D'Amato, la situation ait trouvé un début de solution. On peut bien entendu apprécier diversement les méthodes du sénateur, certains de ses détracteurs vont jusqu'à dire qu'il n'a agi de la sorte que pour courtiser un électorat juif qui lui fait défaut: ceci n'est pas démontré. Restent les faits et les résultats de son action qui, bien que les choses aient quelque peu évolué en Suisse, n'est de loin pas terminée. C'est à New York que nous avons été reçus en exclusivité par le sénateur Alfonse M. D'Amato.


Après l'annonce par le président de la Confédération suisse de la création d'un important fond de solidarité, vous devez être un homme comblé ?

Je suis très heureux et je pense que le président Koller devrait être salué pour son geste. En effet, il s'agit de la reconnaissance implicite de l'obligation morale de traiter la question des méfaits du passé. C'est un grand pas en avant, car il n'est pas facile de reconnaître publiquement qu'il existe une responsabilité à laquelle il faut faire face.


Sommes-nous aujourd'hui à la fin de la crise ? Votre rôle est-il terminé ?

Je pense qu'il est important de laisser travailler les commissions Volker et Bergier et d'attendre leurs conclusions. Pour ma part, mon rôle ne se limite pas à la Suisse. J'ai récemment rencontré l'Ambassadeur d'Espagne et je vais poursuivre dans cette direction afin de définir quels sont les autres pays ayant bénéficié illicitement des méfaits de la dernière guerre mondiale. Nous allons progressivement mettre en place un décompte pays par pays afin d'établir, du mieux que nous le pourrons, les responsabilités et surtout la vérité. Nombreux sont les pays à qui nous allons demander ce qu'est devenu l'argent volé déposé chez eux. En ce qui concerne la Suisse, nous assistons aujourd'hui à un changement fondamental d'attitude, ce qui est primordial. Nous pouvons maintenant travailler dans un esprit de coopération et rechercher ensemble la justice là où cela est encore possible.


Vous vous êtes attaqué à la Suisse, vous allez maintenant élargir votre action vers d'autres pays. Mais n'y avait-il pas des comptes en déshérence aux États-Unis et si oui que sont devenus ces fonds ?

Nous allons effectivement commencer une recherche comptable dans les trois grandes institutions bancaires suisses qui avaient des comptes ici après la Seconde Guerre mondiale. Le New York Department of Banking est en train de mener une enquête auprès des trois grandes banques suisses.


Qu'en est-il des fonds déposés dans des banques américaines ?

Ce sont les trois grandes banques suisses qui détenaient des comptes depuis 1939...


Mais ne croyez-vous pas qu'il existe des comptes individuels en déshérence dans des banques américaines ?

Nos lois sont bien différentes. Nous sommes obligés de publier dans les journaux les noms des détenteurs de comptes qui ne se sont pas manifestés après un certain laps de temps, d'établir des listes, de faire des enquêtes de recherche, etc. Si un tel processus avait été suivi par les Suisses, toute la problématique actuelle n'aurait pas lieu.


Vous vous êtes fait le champion pour rétablir une certaine justice par rapport aux méfaits du passé. Qu'en est-il des injustices d'aujourd'hui ? En effet, le terroriste Arafat est reçu aux États-Unis comme le chef d'état qu'il n'est pas. Ne croyez-vous pas qu'il serait de votre devoir de vérifier les activités financières de l'organisation terroriste qu'il dirige ?

Nous vivons actuellement une situation extrêmement délicate entre les Israéliens et l'OLP. Je crois que nous serions mal venus d'intervenir dans une situation qui, pour l'instant, semble éviter de déboucher sur une guerre générale. Aussi longtemps qu'Arafat négociera avec les Israéliens, il sera dangereux de se mêler à ce processus, je dirais même qu'il serait irresponsable de lancer aujourd'hui une enquête à l'encontre d'Arafat. J'estime que dans l'état actuel des choses, en ce moment précis, il s'agirait d'une action imprudente. Nous n'entreprendrons rien à l'encontre d'Arafat... pour l'instant.

Avez-vous déjà une idée quant à l'attribution des fonds libérés par les Suisses ? Pensez-vous que la totalité doit automatiquement être versée au Congrès juif mondial ?

Il existe un large comité auquel participent tous les corps impliqués dans la recherche de la vérité, je pense au Comité américain de restitution, au Gouvernement suisse, au Congrès juif mondial, etc. qui, ensemble, en tant que corps consultatif très large, devront établir une liste de bénéficiaires. Dans les mois à venir, les plus nécessiteux devraient commencer à recevoir des fonds. Bien entendu, tous ceux dont il sera démontré que leurs familles avaient des compte en Suisse devront récupérer leurs biens. Je peux imaginer qu'il y aura différents niveaux et classes de bénéficiaires et je pense que priorité devrait être donnée à ceux qui ont souffert tout d'abord du nazisme puis du communisme et qui vivent aujourd'hui dans des conditions financières précaires. Il ne s'agit là que de quelques idées générales, nous devons laisser travailler les commissions responsables afin d'affiner les détails. Il n'y a aucun doute qu'aujourd'hui le temps presse, les survivants de la Shoa ne rajeunissant pas.


Votre action a déclenché une vague d'antisémitisme qui s'est plus particulièrement reflétée dans le courrier des lecteurs publié dans la presse en Suisse. Qu'en pensez-vous ?

Dans toute société libre, une minorité trouve toujours le moyen d'exprimer sa haine. Cela dit, je ne crois pas que ceci nous permette de porter un jugement général sur un pays ou une population. Je regrette que M. Blocher ait estimé nécessaire de se démarquer du mouvement général positif qui se développe en Suisse, mais je pense qu'en agissant de la sorte, il s'est marginalisé lui-même. En conclusion, je voudrais dire que je crois que le dernier geste du président Arnold Koller renforce les relations entre la Suisse et les États-Unis et que cette évolution sera bénéfique pour tous.



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