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Sommaire Judée-Samarie-Gaza Printemps 2004 - Pessah 5764

Éditorial - Avril 2004
    • Éditorial [pdf]

Pessah 5764
    • Responsabilité - Générosité - Liberté [pdf]

Politique
    • Un repli sur soi [pdf]

Interview exclusive
    • Gaza - Une idée réaliste ? [pdf]

Témoignage
    • Compassion Oui - Pitié Non [pdf]

Jeunes leaders
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Judée-Samarie-Gaza
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Sondage-Résultats
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Shalom Tsedaka
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Reportage
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Médecine
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Allemagne
    • Jérusalem et Berlin [pdf]
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    • Un défi de taille [pdf]
    • La communauté juive de Berlin [pdf]
    • Le collège juif de Berlin [pdf]
    • Les Juifs de Berlin [pdf]
    • Beit Midrasch d'Berlin [pdf]
    • La Villa de Wannsee [pdf]
    • La conférence de Wannsee du 20 janvier 1942 [pdf]
    • Le Musée juif de Berlin [pdf]
    • Détermination et poursuites [pdf]

Éthique et judaïsme
    • Racheter des captifs ? [pdf]

Société
    • Conflit de léglislations ? [pdf]

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Alfé Menashé

Hisday Eliezer, maire d'Alfé Menashé. (Photo: Bethsabée Süssmann)

Par Roland S. Süssmann
Dans notre périple à travers les terres juives de Judée, de Samarie et de Gaza, nous avons décidé de faire halte, une fois n’est pas coutume, dans un endroit que nous avions déjà visité il y a environ quatorze ans, ALFÉ MENASHÉ (voir SHALOM Vol. 5). Pourquoi ce retour ? La raison en est assez simple. En effet, Alfé Menashé, ce charmant village situé à 16 Km de Tel Aviv sur les hauteurs qui dominent toute la bande côtière méditerranéenne où les canons jordaniens étaient installés jusqu’à l’agression arabe contre Israël de 1967, se trouve aujourd’hui dans les agglomérations israéliennes situées «en dehors» de la barrière de sécurité. Afin de bien comprendre la nouvelle terminologie en vigueur en Israël, il faut savoir ce que signifient les termes «à l’intérieur de la barrière» et «à l’extérieur de la barrière».
Mais avant de les expliquer, une brève description de la barrière de sécurité s’impose. Il s’agit là d’une séparation de défense, dont l’unique but est la protection de la vie des citoyens, soit le devoir premier de tout État civilisé et démocratique. Il est vrai qu’aujourd’hui, à l’entrée de chaque supermarché, de chaque cinéma, de chaque banque et de chaque restaurant, on est obligé de faire contrôler sa mallette ou son sac à main, mais cela ne suffit pas. La clôture de protection, érigée sur des kilomètres et des kilomètres, rendra les déplacements entre les villes d’Israël certainement plus compliqués et par moments fastidieux, mais elle viendra renforcer ces mesures de protections passives contre le terrorisme arabe. Il est important de souligner que cette barrière n’a rien en commun avec le mur de Berlin, cette ligne de démarcation érigée contre la population locale, qui était truffée de miradors, de zones de tir, de chiens d’attaque, de champs de mines et de barbelés. Mais une fois de plus, le monde libre, qui avait en définitive tacitement accepté la muraille berlinoise, crie aujourd’hui au scandale alors qu’Israël renforce sa ligne de protection. L’une des questions fondamentales et juridiques qui se pose donc actuellement est de savoir quelles agglomérations juives de Judée et de Samarie seront «à l’intérieur de la barrière» ou «à l’extérieur de la barrière». Le premier terme détermine les lieux juifs installés, dans l’ensemble, à l’est de la barrière et dont les habitants devront passer par un point de contrôle pour se rendre à Tel-Aviv, Haïfa, Herzlia, etc. Le second décrit les villages qui, comme Alfé Menashé, seront situés à l’ouest de la barrière et dont les habitants pourront circuler de manière totalement libre à travers l’ensemble du pays. Un projet destiné à établir des lignes de passages facilités pour les habitants juifs de Judée–Samarie est actuellement à l’étude.
Alfé Menashé a été fondé en 1983. Sa population compte environ 6000 âmes représentatives de tous les milieux de la société israélienne, gauche-droite, religieux-non-religieux confondus. Un plan quinquennal prévoit un développement qui permettra dans un premier temps de doubler la population pour arriver en fin de compte à un total de 20'000 habitants. D’un point de vue purement stratégique, l’endroit est de toute première importance de par sa situation sur le haut d’une colline, mais surtout parce qu’il est entouré de villages arabes, le plus important étant Kalkyliah, dont la population est militante, très proche de l’OLP et des autres organisations terroristes. De plus, au cours des dernières années, certains de ces villages, habités par des Arabes israéliens, se sont avérés être des lieux de refuges pour des terroristes et plusieurs opérations des services de sécurité y ont découvert des laboratoires clandestins dans lesquels étaient fabriquées des ceintures d’explosifs destinées à des attaques suicides en Israël.
Afin de nous permettre de comprendre pourquoi Alfé Menashé est situé «en dehors» de la barrière de sécurité, nous avons été à la rencontre de son maire, HISDAY ELIEZER, qui dirige cette commune depuis six ans. Jeune, dynamique et entreprenant, c’est une étoile montante du Likoud (lorsque dans cinq ans vous entendrez parler de lui, vous vous souviendrez avoir entendu son nom pour la première fois en lisant SHALOM…).

Pouvez-vous en quelques mots nous expliquer les raisons qui font que votre village est situé «en dehors de la barrière» ?

Je tiens à souligner que lorsque j’ai entendu parler pour la première fois de ce projet et que j’ai vu le tracé qui nous plaçait «à l’intérieur», j’ai immédiatement pris la décision de combattre cet arrêt. Je suis intervenu à tous les niveaux et un jour, alors que je me trouvais dans ma voiture, notre Premier ministre, M. Ariel Sharon, m’a téléphoné pour me dire simplement: «J’atterrirai demain matin avec mon hélicoptère chez toi, pour une discussion sérieuse». Effectivement, il a débarqué le lendemain, accompagné du Ministre de la Défense, du Vice Chef d’état-major et d’autres experts et, avec l’appui de cartes stratégiques, nous avons discuté point par point la nécessité de transférer le passage de la barrière à l’est d’Alfé Menashé.
Voyez-vous, notre village est constitué d’hommes et de femmes qui travaillent à Tel-Aviv, Herzlia, Kfar Sabba, Raanana, etc. Il n’est pas envisageable qu’ils doivent passer par des points de sécurité alors que leur lieu de travail se trouve à moins de 20 Km de leurs foyers. De plus, sur un plan politique, il n’est pas exclu que ce qui n’est aujourd’hui qu’une barrière de sécurité devienne demain la frontière entre Israël et un hypothétique état arabe palestinien. Pour moi, il n’était pas envisageable d’accepter qu’Alfé Menashé, construit sur un endroit stratégiquement si important, puisse faire partie d’une zone négociable. Il faut savoir que par beau temps, nous pouvons voir les toits de l’Université de Haïfa, ce qui en d’autres termes signifie aussi que la ville peut être à portée d’un missile puissant. D’ailleurs, cette idée de la frontière n’est pas si absurde qu’il peut sembler, car lorsque l’on observe de près la manière dont la barrière est construite (barbelés, routes de patrouilles, grillages électroniques, etc.), elle ressemble étrangement à la ligne qui, au nord d’Israël, court le long de la frontière libanaise. Cela étant dit, je ne voudrais pas sembler plus pessimiste que nécessaire, car je ne pense pas qu’un gouvernement israélien soit disposé à abandonner les hauteurs stratégiques de la Judée-Samarie, où se trouvent des nappes phréatiques si importantes pour l’ensemble du pays.

A vous entendre, on pourrait penser que, sans le déclarer officiellement, en établissant la barrière de sécurité Ariel Sharon a en fait jeté les bases du nouvel état palestinien. Pensez-vous que tel soit vraiment le cas ?

Il est très difficile de répondre à cette question. En effet, tout indique que pour l’instant, côté arabe, nous n’avons aucun interlocuteur et que toute solution n’impliquant pas la disparition de l’État d’Israël est inacceptable. A ce sujet, j’aimerai rappeler ici qu’à Camp David, Éhoud Barak n’avait pas proposé 97% du territoire à Arafat, mais 102%, car il lui avait offert encore quelques terres du Néguev. Arafat avait refusé. Mais admettons que demain, un leader arabe moins gourmand prenne le pouvoir et accepte «pour commencer» une offre territoriale israélienne partielle. L’état palestinien serait établi et constituerait non seulement une nouvelle base de conflit terroriste et armé, mais également une source d’agression politique. Je pense qu’Ariel Sharon est conscient de ces dangers et que son expérience et sa connaissance du pays et de la situation sont suffisamment importantes pour qu’il ne prenne pas de risques inconsidérés. Pour notre part, nous sommes déterminés à mener un combat légal très dur (tribunaux, manifestations, etc.) afin d’empêcher tout mouvement politique que nous pourrions estimer dangereux à court ou à long terme. Mais en fin de compte, nous vivons en démocratie, nous sommes soumis à la loi et si nous voyons qu’un gouvernement légalement élu, représentant la majorité de la population, prend des décisions que nous estimons contraires aux intérêts du pays, nous n’aurons pas d’autres choix que de nous y soumettre. Il ne saurait être question de se lancer dans une guerre civile ou même dans des émeutes passives. Pour moi, il est interdit de lever la main sur un soldat. J’irai même plus loin. Comme tout Israélien, je vais à l’armée et, étant hautement gradé, je fais mes journées de réserve. Si demain je reçois l’ordre d’aller démanteler un village juif, je n’hésiterai pas une seconde, je prendrai mes hommes et exécuterai les ordres.

Votre situation semble assez compliquée, toutefois vous êtes assez optimiste. Pourquoi ?

J’ai vécu toute ma vie en Israël et je suis issu d’une famille grecque dont la majorité des membres a été assassinée pendant la Shoa. Je me bats pour nos droits, notre survie et notre avenir et surtout pour que ce que ma famille a subi ne puisse plus jamais être commis à l’égard de mon peuple. Cela dit, malgré toute mon idéologie, je suis aussi réaliste et je me rends compte d’un élément négatif qui ronge notre société: le bien-être. Nous sommes devenus une société de consommation, l’une de nos principales préoccupations étant de savoir quand nous pourrons nous offrir le dernier modèle d’une voiture ou d’une montre. Ceci nous mène à nous conduire comme des enfants gâtés, à vouloir tout, immédiatement, en particulier la paix et la tranquillité, quitte à ce que les générations futures paient le prix de notre impatience. Toutefois, je commence à sentir le frémissement d’un changement d’attitude, un éloignement de cette mentalité «d’enfant pourri», un retour aux valeurs saines et fondamentales du pays. En fait, depuis 56 ans que nous sommes ici, nous n’avons pas encore pris racine et ceci est sur le point de changer. Certains penseront que je ne suis qu’un rêveur, or je suis quotidiennement en contact avec la réalité sur le terrain et je vois les changements dans notre société. Malgré toutes les difficultés auxquelles nous devons actuellement faire face, je suis persuadé que notre avenir est ici, non seulement en Israël mais aussi en Judée-Samarie, et que nous sommes sur la pente ascendante. En définitive, toute cette affaire de la barrière de sécurité ne constitue qu’une étape d’un élément complexe nécessaire et temporaire pour assurer notre protection.

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