News Numéro courant Sondage: résultats Recherche Archives Deutsch English Русский עברית Español


Sommaire Judée - Samarie - Gaza Printemps 1998 - Pessah 5758

Éditorial - Pintemps 1998
    • Éditorial

Pessah 5758
    • Notre exode quotidien

Politique
    • Une affaire de temps

Interview
    • Optimisme et réalisme
    • Judaisme - sionisme - démocratie
    • Rencontre avec le grand-rabbin Dr Jonathan Sacks

Analyse
    • Témoin de notre époque
    • Célébrons dans l'allégresse

Cinéma
    • De l'enfer à la vie...The Long Way Home

Judée - Samarie - Gaza
    • Bâtir et développer

Art et Culture
    • Zehava B.
    • Le Musée juif de Londres
    • Jew's College
    • Tapis juifs
    • Expositions d'intéret juif aux USA

Société
    • Jewish Care

Médecine
    • Typiquement ashkénaze !

Éthique et Judaïsme
    • Environnement et responsabilité individuelle

Envoyer par e-mail...
Bâtir et développer

Par Roland S. Süssmann
Le coeur d'Israël, les terres juives de Judée et de Samarie auxquelles il faut ajouter les agglomérations juives établies dans la Bande de Gaza (YESHA) constituent le véritable enjeu des négociations de paix face au monde arabe. Comme si le pourcentage de ces terres qui sera abandonné à l'OLP définissait si oui ou non la paix allait régner au Moyen-Orient. Tout le monde sait qu'en réalité, pour les Arabes, les négociations de paix ne constituent qu'un autre moyen de mener la lutte pour la "libération de la Palestine", soit la destruction de l'État juif.
En Israël, il existe une poignée d'hommes courageux qui ne se laissent pas perturber par ce genre de considérations. Ils ne font pas de politique, mais établissent des faits sur le terrain. Il sont regroupés au sein d'une organisation, "AMANA", qui est la branche technique du Conseil des villes et villages juifs de Judée-Samarie-Gaza chargée avant tout de l'essor du bâtiment, des routes, etc. A sa tête se trouve depuis de nombreuses années un homme aussi discret qu'efficace, qui fuit les médias et qui ne donne jamais d'interview, ZEEV CHEVER, plus connu sous le sobriquet de "Zambish".


Depuis l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de droite en Israël, les conditions de travail ont-elles changé, pouvez-vous agir plus facilement ?

Fondamentalement, nous nous trouvons face à un interlocuteur pour lequel il est clair que l'essor des agglomérations juives de nos régions constitue une nécessité. Lorsque la gauche était au pouvoir, notre préoccupation première était le maintien - pour ne pas dire le sauvetage - d'un certain nombre de localités. Notre tâche essentielle résidait alors dans le renforcement à proprement parler de certains villages juifs, en particulier des plus petits et des plus faibles d'entre eux. En effet, tout était entrepris afin de rendre la vie des habitants plus difficile et nous avions de sérieuses raisons de penser qu'à un certain moment, ceux-ci quitteraient les lieux. Heureusement, aucun mouvement d'exode ne s'est produit et aujourd'hui, nous ne sommes plus confrontés à ce genre de dangers. Par contre, un nouveau défi nous est lancé: le développement. Notre action principale consiste donc à construire plus de logements et des nouveaux quartiers, à faire venir un maximum de familles dans nos régions, à bâtir de nouvelles routes, à créer des industries et à rendre la vie plus facile à nos administrés. Nous devons étendre les villes et villages existants sur un territoire aussi large que possible.


Pratiquement, comment procédez-vous sur le terrain afin de concrétiser tous ces projets ?

Nous comptons aujourd'hui 150 localités dont environ la moitié sont sous notre responsabilité directe, les autres se trouvant sous diverses formes d'administrations locales ou régionales. Dans les deux cas, nous coopérons très activement pour tout ce qui touche à l'essor effectif. En ce qui concerne les agglomérations qui ne sont pas directement sous notre gestion, nous jouons avant tout un rôle de consultants, ce qui représente un travail assez conséquent car nous sommes présents à pratiquement toutes les étapes de l'expansion. Quant à celles se trouvant sous notre direction, nous nous en occupons totalement. Par exemple, lorsque nous envisageons de développer un village existant, nous prenons les choses en mains dès la conception de l'idée jusqu'à sa réalisation finale, c'est-à-dire l'emménagement des premières familles. Des centaines de petites interventions doivent être entreprises, l'obtention des permis (souvent très compliquée), la planification, les contacts avec les ministères, les entreprises, etc. L'agrandissement de 75 villages constitue une tâche extrêmement complexe, ceux-ci n'étant pas structurés pour entreprendre de tels projets d'extension. C'est là que notre organisation a un rôle précis à jouer, car sans un organisme d'encadrement qui les aide, ces villages ne seraient jamais à même de se lancer dans un programme d'expansion important. Les formes d'essor varient d'une localité à l'autre. Si dans certains cas il s'agit d'un programme conséquent comme la construction d'un nouveau quartier, ailleurs nous parlons simplement d'ériger un nouvel avant-poste de présence juive sur des terres faisant administrativement partie du lieu en question. Ces terrains étant généralement complètement déserts, nous y installons un groupe de personnes qui y établissent un petit élevage, une station d'essence ou un refuge pour randonneurs, bref qui assurent une présence juive. Progressivement, cet endroit se développera et se transformera en un quartier supplémentaire d'une agglomération juive existante. Nous ne créons pas de nouvelles implantations, c'est contre la politique du gouvernement actuel, mais nous développons les localités déjà établies et ce jusqu'aux extrémités de leurs frontières administratives.


Quelles sont les personnes qui acceptent de s'installer dans une caravane sur une colline déserte ?

Le plus souvent, ce sont des habitants du village qui se développe ou des personnes vivant dans d'autres régions du pays qui souhaitent participer à ce genre d'expérience et accomplir un acte de pionnier. En collaboration avec les élus locaux, nous améliorons progressivement leurs conditions de vie et avec le temps, ces petits hameaux se transforment en quartiers directement rattachés aux villages auxquels appartiennent ces terres. Pour ce genre d'actions, nous obtenons pratiquement toujours les permis car nous agissons dans le cadre des projets de développements des agglomérations. Il ne s'agit donc pas "d'occupations sauvages" ou de coups de force.


Vous nous dites vous conformer à la politique officielle du gouvernement qui consiste à ne plus construire de nouvelles localités, mais votre action de "délocalisation dans le cadre des frontières administratives" ne constitue-t-elle pas une forme cachée ou détournée de constructions de nouveaux lieux ?

Absolument pas ! Nous ne construisons pas de nouvelles localités. Je rappellerai que tous les villages ont des frontières territoriales administratives qui vont bien au-delà des terres habitées et travaillées à ce jour. Nous ne faisons que peupler ces terres. Cela étant dit, je regrette bien que, malgré l'importance vitale d'une présence juive massive dans ces territoires, le gouvernement n'ait ni la force ni le courage de dire un oui franc et massif à la construction de nouvelles agglomérations juives sur ces terres.


Comment financez-vous vos activités ?

Il n'y a pas de source de financement unique. Des Juifs de la diaspora ayant compris le but et l'importance de notre action nous apportent le soutien financier nécessaire à l'établissement des bases nous permettant ainsi de commencer notre travail. Nous avons droit à certaines aides gouvernementales, certes très limitées, et à la collecte d'impôts locaux. AMANA dispose également de certains fonds en provenance de ses activités immobilières qui peuvent servir de prêts, mais qui sont insuffisants pour entreprendre de grandes réalisations.


L'un des éléments clé des négociations en cours avec les Arabes réside dans la définition du prochain "redéploiement", ce qui en termes clairs signifie l'abandon de plus de terres juives à l'OLP. Quel serait, selon vous, le pourcentage raisonnable qu'il faudrait céder et surtout quelles sont les régions d'où Israël peut encore se retirer ?

"Le pourcentage idéal" ? Zéro ! Il s'agit d'une très mauvaise éventualité et j'espère de tout mon cýur que nous n'en arriverons pas à ce stade. Nous mettons tout en ýuvre, tant au niveau politique que des relations publiques, pour que le gouvernement ne se lance pas dans une politique de retraite. Il faut bien comprendre que tout abandon territorial supplémentaire constitue une nouvelle source de dangers et ce aussi bien pour les habitants de YESHA que pour la sécurité même d'Israël. Cela étant dit, notre Premier ministre ne cesse de parler de ce fameux "redéploiement supplémentaire" et je crains fort que celui-ci ne se concrétise en définitive.


Bien que vous soyez conscients du fait que le Premier ministre risque de céder du territoire, vous continuez à lui apporter votre soutien. Pourquoi et jusqu'à quel point ?

Il y a environ trois mois, nous avons déclaré que si le gouvernement devait céder du terrain sans avoir insisté sur la "réciprocité", c'est-à-dire sur le fait que les Arabes palestiniens tiennent leurs engagements signés (la dernière fois lors des Accords de Hébron), nous estimerions qu'il s'agirait en l'occurrence de la continuation de la politique néfaste de concessions faites unilatéralement par Israël, ce qui serait totalement inacceptable. A ce jour, il semblerait que le gouvernement ait décidé d'insister sur la réciprocité, nous pouvons donc continuer à lui apporter notre soutien.


Il existe donc pour vous une limite de ce qui est acceptable. A quel niveau de concessions se situe-t-elle ?

Je ne voudrais pas me fixer une "limite acceptable", ce que l'on appelle un "fil rouge", car cela signifierait que nous avons déjà abandonné tout ce qui se situe avant le "fil rouge" et que ce qui se trouve au-delà reste à négocier. Notre idée est donc qu'il n'y a pas de "fil rouge" et qu'il ne devrait y avoir aucun autre "redéploiement". AMANA s'occupe-t-elle également de la construction de nouvelles routes ?

Oui, mais il s'agit de projets que nous réalisons en collaboration très étroite avec l'État. A mon grand regret, je dois dire que le gouvernement actuel ne pas fait grand chose, bien moins que ses prédécesseurs. Il est vrai que les gouvernements Rabin et Peres avaient agi avant tout dans le but de faciliter la mise en place de l'autonomie palestinienne, mais les localités juives qui étaient auparavant isolées et très difficiles d'accès, sont aujourd'hui reliées à un excellent réseau routier. Des dizaines de villages sont actuellement correctement reliés au centre du pays ou à la région de Jérusalem, avantage qui leur permet un développement bien plus important et rapide que lorsqu'ils étaient isolés. Le gouvernement actuel ne fait que mettre en pratique les routes dont la construction avait été décidée par la gauche. Il n'y a pas de nouveau projet en cours.


Pourquoi ?

Il y a deux facteurs responsables: d'une part, la sensibilité politique de la question et, d'autre part, l'aspect financier. Il ne faut pas oublier qu'un km de route bien fait, bien balisé, bien fini coûte aujourd'hui environ un million de dollars. Nous avons obtenu un budget de huit millions, ce qui est très peu lorsque l'on sait que le gouvernement Rabin avait alloué une enveloppe de près de deux cents millions de dollars pour des routes en Judée-Samarie-Gaza.


Comment expliquez-vous cela ?

Selon les accords qu'Israël a signés avec les USA, tout montant investi par le Gouvernement israélien dans les territoires vient automatiquement en déduction de l'aide financière américaine. Par contre, les fonds investis par Israël pour la construction de routes de contournement des zones autonomes attribuées aux Arabes palestiniens par les Accords d'Oslo (sous-entendu de la paix et pour le bien des populations arabes...), étaient restitués à Israël par les Américains. Aujourd'hui, cette règle ne prévaut plus et, de ce point de vue, la situation est plus mauvaise.


Selon vous, comment la situation va-t-elle évoluer dans les territoires d'ici aux prochaines élections prévues en l'an 2000 ?

Le peuplement juif de la Judé-Samarie est en plein essor, les localités s'agrandissent et la population augmente. La majorité des agglomérations sont solidement établies et bénéficient déjà d'un essor naturel par la multiplication de la population locale. Le gouvernement ne construit rien mais ne nous empêche pas de bâtir, ce que nous faisons. Aujourd'hui, il n'y a pratiquement pas un seul endroit où il n'existe pas de nouveaux projets de construction en cours de réalisation. Dans certains cas, les nouveaux quartiers rajoutés seront plus importants que la localité telle qu'elle existe actuellement. Nous disposons donc d'une base saine et solide. Nous estimons que la population juive des territoires (hormis la Vallée du Jourdain) augmente au rythme de 10% par an, ce qui est considérable. Il s'agit d'un processus lent et lourd impliquant non seulement du bâtiment et de l'infrastructure, mais aussi certains mouvements de population. Par exemple, dans un village peu développé, nous avons décidé de construire cinq cents logements. En six mois, cette municipalité se retrouve avec cinq cents familles de plus qu'il va falloir intégrer, absorber, scolariser, etc.


Pensez-vous qu'il soit possible que le gouvernement Netanyahou envoie l'armée ou la police évacuer l'un ou l'autre des villages juifs afin d'appliquer certains accords qu'il aurait signé ?


Aucun risque. Cela étant dit, il n'est pas exclu que ce gouvernement prenne des décisions qui rendront la vie des habitants de plusieurs villages très difficile. En effet, si le gouvernement se retire de certaines terres et que des localités juives se retrouvent totalement abandonnées et isolées, ce sera très dur. C'est pourquoi l'essentiel de notre effort porte aujourd'hui sur la construction et la mise en place de routes, de voies d'accès et de communications de façon à ce que toutes les localités juives soient reliées entre elles.


Quelle sorte de relation existe-t-il entre les populations juives et arabes pratiquement cinq ans après la signature des Accords d'Oslo ?

L'état de nos rapports varie. De petits incidents tels que des jets de pierres surviennent quotidiennement mais, dans l'ensemble, je dirai que la situation est calme à la surface et très explosive en dessous.


Quelle serait votre situation si la gauche revenait au pouvoir ?

A cet égard, il est intéressant de lire les publications et les déclarations de la gauche. Il est évident que pour elle, la présence juive dans les localités de Judée-Samarie-Gaza constitue un fait irréversible. Ses dirigeants admettent qu'ils n'ont pas à faire à quelques "illuminés" installés sur une colline sous trois tentes et deux caravanes. Tous leurs plans, toutes les solutions qu'ils proposent aujourd'hui incluent les villes et villages juifs de la région. Il n'est plus question de liquider l'une ou l'autre de nos localités. Il s'agit d'une victoire majeure qui n'a pas été acquise avec facilité. N'oublions pas que de 1992 à 1996, nous étions obligés de travailler dans l'adversité la plus agressive qui soit. Nous étions devenus les parias de la société israélienne. A l'issue de ces quatre années, non seulement toutes nos agglomérations étaient encore sur la carte, mais elles s'étaient développées, renforcées et la population de YESHA avait pour ainsi dire doublé.
Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait, par contre, ce dont je suis sûr c'est qu'aujourd'hui, nous sommes forts et solidement établis. Nous disposons d'une population qui croît et qui a foi dans ce qu'elle fait, ce qui attire de nouveaux habitants. Si cet esprit continue à prévaloir, il n'y a aucune raison pour que notre essor soit stoppé et ce quel que soit le gouvernement en place.

Contacts
Redaction: edition@shalom-magazine.com   |  Advertising: advert@shalom-magazine.com
Webmaster: webmaster@shalom-magazine.com

© S.A. 2004