SHALOM

Au moment où nous nous trouvons face à ce jalon d'or qu'est le jubilé de l'État d'Israël, nous ne pouvons nous empêcher de penser à toutes les réalisations extraordinaires qui ont été accomplies au cours d'une période si courte. Aucune nation n'a jamais réussi à faire autant de choses en si peu de temps. Inutile d'en dresser ici la liste, c'est la tâche des historiens, des cinéastes et de nos dirigeants nationaux qui s'emploient à narrer cette expérience historique remarquable et unique en son genre.
Néanmoins, une question désagréable s'impose: si tout est si magnifique, comment se fait-il que la nation ne fête pas cet événement de façon appropriée ? Comment se fait-il que la célébration de ce cinquantième anniversaire soit si réservée, pour ne pas dire retenue ? Ne serait-ce pas là l'occasion de danser et de festoyer pendant plusieurs jours et nuits ? Ne devrions-nous pas organiser une imposante parade militaire, comme celles que nous connaissions au début de l'existence de l'État ? Sommes-nous devenus trop timides pour nous laisser aller à ce genre de démonstrations ? Certains suggèrent qu'il serait honteux de tirer quelque satisfaction des ýuvres accomplies par le peuple Juif. Quant aux parades, elles auraient un aspect péjorativement militariste ! A Paris, à Londres et aux USA, les revues militaires sont monnaie courante et généralement admises comme étant l'une des expressions classiques de la fierté nationale. Cela serait-il réservé aux autres nations et interdit aux Israéliens ?
D'où vient ce négativisme ? Qui sont ceux qui versent de l'eau sur les feux de joie de notre enthousiasme et de notre contentement ? Il semblerait qu'un groupe de journalistes et de politiciens ait comploté afin que les célébrations du cinquantenaire soient réduites au minimum en disant: "en fait qu'y a-t-il à fêter ?". En réalité, il s'agit simplement d'une question de jalousie politique, certaines personnes ne tolérant pas que le gouvernement en place puisse bénéficier de l'instant de gloire que pourraient lui procurer des fêtes dignes célébrées à la hauteur de l'événement. Ce qui est grave, c'est que le gouvernement semble avoir accepté de jouer ce jeu et de laisser s'installer une ambiance de désespoir et de découragement. Il ne reste plus qu'à espérer qu'en définitive, le bon sens prévaudra et que le gouvernement encouragera la population à célébrer dans l'allégresse le privilège et le grand bonheur qu'elle a de vivre cet événement particulier.
A ce stade de la réflexion, une étude rétrospective et perspective s'impose, mais contentons-nous d'envisager l'avenir. Israël vit en paix avec deux de ses voisins, l'Égypte et la Jordanie, et de sérieux efforts sont entrepris afin que les accords de non-belligérance signés avec ses autres voisins puissent être transformés en de véritables traités de paix. Quant au terrorisme, il sera très difficile de l'éliminer complètement. En effet, s'il est possible d'éviter des infiltrations en provenance de pays voisins, il est quasiment impossible d'échapper aux actes de violence ou d'empêcher les kamikazes venus de l'intérieur d'Israël de se faire sauter avec leurs victimes.
L'Aliyah devrait continuer à un rythme variable. Plusieurs millions d'individus sont venus s'installer en Israël au cours des cinquante dernières années, dans certains cas des communautés entières ont immigré. L'idée de venir vivre en Israël constitue aujourd'hui une proposition attractive, le pays dispose d'une industrie de pointe et offre de nombreuses opportunités de carrière et d'investissement. L'aspect spirituel et la qualité de la vie y sont également remarquables. Certains facteurs objectifs permettent de penser que même dans les pays où les Juifs vivent agréablement, la crainte de la dislocation spirituelle, des mariages mixtes et de l'assimilation constitue des facteurs qui encourageront l'Aliyah. La continuité de l'immigration ainsi que la croissance naturelle de la population dans le pays même feront que dans les vingt ans à venir, la majorité du peuple juif vivra en Eretz Israël.
Oui, réjouissons-nous dans l'allégresse et remercions l'Éternel qui nous permet de vivre en ces temps fabuleux où il nous est donné d'être les acteurs et les témoins privilégiés de ces moments quasiment légendaires de notre histoire: le succès grandiose de l'avènement et la continuité de l'État juif stable et fort !

* Zvi H. Hurwitz est directeur général de la Menachem Begin Heritage Foundation.