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Sommaire Espagne Printemps 2006 - Pessah 5766

Éditorial
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Pessah 5766
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Politique
    • Mirages de l\'unilatéralisme [pdf]

Interview
    • La situation sécuritaire [pdf]
    • Courage et Détermination [pdf]
    • Judaïsme et excellence [pdf]

Judée-Samarie
    • Honte et Espoir [pdf]

Analyse
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    • Multiculturalisme et Antisémitisme [pdf]
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Reportage
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Recherche scientifique
    • Piquer sans aiguille [pdf]
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Art et Culture
    • Le Musée Menahem Begin [pdf]
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Espagne
    • Jérusalem et Madrid 1986 - 2006 [pdf]
    • Comunidades Judias de España [pdf]
    • Paella cachère ! [pdf]
    • Juif et Basque [pdf]
    • Les Juifs et la littérature contemporaine [pdf]
    • Esther Bendhan [pdf]
    • Museo Sefardi [pdf]

Éthique et Judaïsme
    • Dura Lex - Sed Lex [pdf]

La mémoire courte
    • Les événements du mois d'avril [pdf]

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Museo Sefardi


Par Roland S. Süssmann

L'Espagne n'a pas de musée juif. Toutefois, à Tolède, il existe un petit musée à caractère judaïque qui porte le nom pompeux de Museo Sefardi, situé dans les locaux datant du XIVe siècle de ce qu'avait été la synagogue de Samuel Ha-Levi, aussi connue en tant que Sinagoga del Tránsito. Samuel Ha-Levi Abulafia a été successivement juge à la Haute Cour de justice, diplomate et trésorier du roi à la cour de Pedro Ier de Castille. Il est intéressant de savoir qu'au moment de l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492, les monarques catholiques ont cédé la synagogue des Juifs de Tolède à l'ordre de Calatrava contre l'Alcazar, les palais de Galiana et l'église de Santa Fé.
Dès 1494, l'immeuble a perdu son statut de synagogue et est devenu le prieuré des Bénédictins. La partie qui servait d'école rabbinique et de galerie des femmes a alors été transformée en hôpital pour les chevaliers de l'ordre de Calatrava. A travers les siècles, la section hospitalière a été progressivement abandonnée pour devenir une église catholique dans laquelle, à un moment donné, des seigneurs de l'ordre étaient enterrés. Pendant les guerres napoléoniennes, l'immeuble a été transformé en baraques militaires, bien qu'une chapelle y ait été maintenue. Au cours des années, l'ensemble s'est considérablement détérioré. En 1910, l'ancienne synagogue a été officiellement remise entre les mains du Musée El Greco et placée sous la protection de la Fondation Vega-Inclan. Dès 1960, des rénovations ont été entreprises, toutes les traces d'église ont été supprimées ainsi que les pierres tombales des chevaliers de l'ordre de Calatrava. En 1964, le Museo Sefardi, qui fait partie intégrante des musées nationaux d'Espagne, a été officiellement fondé et l'ancienne synagogue lui a été confiée en 1969.
La visite du musée en tant que telle s'effectue assez rapidement et présente quelques éléments cultuels et culturels juifs très connus. La partie didactique s'adresse surtout à des adolescents ou à des personnes n'ayant aucune notion de judaïsme, même au sens le plus large du terme. Elle débute par l'ancienne grande salle de prières ornée d'inscriptions en hébreu issues des psaumes et de quelques inscriptions en arabe, le tout de style Mudéjar. A l'endroit où se trouvait probablement l'arche sainte, un rideau assez récent a été installé. La partie impressionnante de cette section du musée est la voûte en bois, qui a été restaurée d'une manière absolument extraordinaire. Le visiteur est ensuite invité à se rendre dans trois petites salles, où des vitrines présentent un aperçu de l'histoire juive, de l'époque des patriarches aux guerres de Rome et à la chute de Jérusalem. Le musée en tant que tel est subdivisé par sujets et par époques. Dans la partie purement historique, un secteur est réservé à la vie juive sous les Romains et les Visigoths, une autre, très importante, rappelle quelles étaient les relations avec les musulmans qui ont conquis l'Espagne dès 711 et le développement que les communautés juives ont connu, en particulier à Cordoue et sous la domination des différents califats. Un certain nombre de pierres tombales juives venant d'un peu partout en Espagne et datant en moyenne du XIIIe et du XIVe siècle sont également exposées. La dernière des trois petites salles est consacrée à la vie juive dans l'Espagne du XIIIe et du XIVe siècle.
Au premier étage, une exposition est consacrée au cycle de la vie juive, de la naissance à la mort, en passant par la célébration du shabbat, des fêtes juives, etc. Le tout est assez bien présenté, la signification des fêtes et des traditions sont expliquées de manière claire et succincte, permettant au visiteur d'acquérir quelques notions de base sur le judaïsme.
La question qui se pose toujours lorsque l'on visite un musée est de savoir quel est son message. Dans le cas du Museo Sefardi, celui-ci est aussi simple que clair, il s'agit de rappeler la variété de la culture judéo-espagnole, de démontrer la richesse de ce monde disparu et l'apport fabuleux des Juifs au développement de l'Espagne et ce dans les domaines de l'art, de la culture, de l'académie, des sciences, du commerce, etc.
Au cours d'une brève conversation que nous avons menée avec la conservatrice, Mme Anna María López Álvarez, celle-ci nous a notamment déclaré: «Le musée reçoit plusieurs dizaines de milliers de visiteurs par an. Je regrette qu'à ce jour, le Museo Sefardi ne fasse pas partie des programmes obligatoires des écoles. Malgré tout, un grand nombre de professeurs amènent leurs élèves dans le but de leur faire connaître le judaïsme au même titre qu'ils découvrent l'islam ou d'autres religions.»
Pour ma part, en tant que Juif, je regrette qu'il existe un musée prétendant avoir sa place dans la famille des grands musées juifs d'Europe, qui ne fait aucune allusion à la Shoa, si ce n'est dans un guide minuscule dans lequel l'assassinat des six millions de Juifs européens n'est mentionné qu'en ces quatre lignes: «La faible réaction du gouvernement espagnol face à la déportation des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale (euphémisme lorsque l'on connaît le degré de la collaboration de l'Espagne avec l'Allemagne nazie) était en contraste avec l'action admirable de quelques diplomates qui ont procuré des documents à des Séphardim, ce qui leur a permis de sauver leurs vies». Inutile de dire qu'Israël et la notion même de l'État juif sont totalement absents du musée.
Un autre fait historique de taille, celui-ci purement espagnol, est totalement occulté au Museo Sefardi. Il s'agit de la participation de milliers de Juifs combattants, médecins, infirmières, etc., venus dès 1936 de 53 pays participer à la Guerre civile afin de combattre le fascisme et pour que la liberté triomphe en Espagne. Pour cet idéal, ils ont sacrifié une partie de leur existence et dans de nombreux cas, y ont perdu la vie. Le musée ne leur a même pas consacré une minuscule plaque du souvenir.
Non, définitivement, le Museo Sefardi ne vaut pas le déplacement, sauf pour ceux qui veulent faire un acte de mémoire envers les communautés juives florissantes détruites il y a plus de 500 ans. Ce n'est pas pour autant que cette institution n'a pas sa raison d'être. En offrant quelques notions de base sur le judaïsme et l'histoire juive, on peut espérer qu'il contribue à combattre l'antisémitisme, dont il faut se souvenir que les racines sont souvent ancrées dans l'ignorance.


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