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Sommaire Portrait Automne 1996 - Tishri 5757

Éditorial - Septembre 1996
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Roch Hachanah 5757
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Limor Livnat

Par Roland S. Süssmann
Le nouveau gouvernement d'Israël est non seulement hétéroclite, mais également mixte. En effet, outre les différents courants politiques et religieux qui y sont représentés, la coalition réunie par le premier ministre Benjamin Netanyahu compte aussi UNE femme, Mme LIMOR LIVNAT, qui détient le poste de ministre des Communications. Charmante, Mme Livnat, qui est mariée et mère de deux enfants, nous a chaleureusement reçus dans ses nouveaux bureaux de Tel-Aviv quinze jours après son entrée en fonctions.


Le fait d'être la seule femme du gouvernement Netanyahu prouve bien que très peu de femmes se lancent dans une carrière politique en Israël. Celles qui obtiennent des postes à très hautes responsabilités sont également peu nombreuses. Comment expliquez-vous votre réussite ?

Je suis active politiquement depuis 1970, mais je ne me suis présentée aux élections pour la première fois qu'en 1988, où j'ai été battue. Je me suis représentée en 1992 où j'ai été élue député du Likoud à la Knesset. Tous mes amis "mâles" s'étaient portés candidats bien avant moi et, dans la plupart des cas, avaient été élus, certains ayant même obtenu des postes ministériels. Mon succès est le résultat de mon combat politique et de mon endurance.


Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour vous présenter aux élections ?

Parce que je suis une femme. En politique comme dans de nombreux domaines, les gens hésitent à apporter leur soutien aux femmes, estimant qu'elles sont moins à même de réussir que leurs collègues masculins. D'ailleurs, lors de ma première campagne électorale, j'ai sillonné le pays et rencontré les supporters du Likoud afin de les convaincre de voter pour moi. Ils ne m'ont pas écoutée, ils n'ont pas cessé de me toiser et de faire des commentaires sur ma façon d'être, de m'habiller ou sur ma coupe de cheveux. Je dois dire que j'étais assez déçue car, n'étant pas encore impliquée dans le combat féministe, je croyais qu'il suffisait d'être bon dans son domaine pour obtenir une position, ce indépendamment du sexe. J'ai très vite appris que tel n'était pas le cas. Aujourd'hui, depuis que le parti a adopté le système des primaires, nous sommes deux femmes députés du Likoud à la Knesset.

Suite à ces événements et forte de cette expérience aussi désagréable et négative qu'instructive, je me suis lancée à fond dans le combat du féminisme afin d'améliorer le statut de la femme en général et d'obtenir plus de justice et d'égalité pour les femmes en Israël. J'encourage notamment les femmes à lutter pour leurs droits et à être politiquement plus actives.


On aurait pu croire que le gouvernement sortant, moins conservateur, aurait été plus ouvert à la question de l'égalité de la femme, or il semble que rien n'a été fait. Qu'en est-il du gouvernement actuel ?

La question du droit de la femme faisait bien partie de la plate-forme politique du parti Travailliste, ce qui n'a pas été d'une grande utilité, car bien peu de progrès ont été réalisés dans ce sens. Ce point figure également au programme du Likoud, ce qui ne fut pas le cas pendant de nombreuses années. Pour ma part, j'ai dirigé le comité de la Knesset pour l'Amélioration de la condition féminine, tout en étant membre du comité de l'Éducation et de la Culture ainsi que de celui du Travail et des Affaires sociales. En plus de mon travail de ministre, je vais bien entendu continuer mon action pour renforcer le statut de la femme en Israël.


Quel est le défi le plus important auquel votre mission de ministre des Communications est confrontée actuellement ?

Sans aucun doute la libéralisation et la privatisation des médias et des télécommunications. Nous devons mettre en place une concurrence libre qui soit à la fois saine et salutaire. Il existe d'ores et déjà une dizaine de radios privées qui ont obtenu une licence d'émission en Israël. A cela s'ajoutent une cinquantaine de petits émetteurs sauvages, qui vendent de la publicité à la sauvette, que nous allons fermer rapidement et ce avec toute la fermeté requise. Quant à "Arutz 7" (voir SHALOM Vol. XVIII), je mettrai tout en ýuvre afin de lui accorder une licence pour lui permettre d'émettre depuis la terre ferme, sur sol israélien. Je pense que le rôle de mon ministère se limite à réglementer l'utilisation des ondes et non à régenter l'initiative privée et commerciale concernant l'investissement dans les télécommunications ou les médias en Israël. Nous devons absolument ouvrir le marché des télécommunications à des investisseurs étrangers qui trouveront en Israël un savoir-faire technologique de très haut niveau.


Etes-vous en faveur de la privatisation de la télévision ou de l'ouverture de stations de télévisions privées ?

Nous allons procéder assez rapidement à la privatisation de la première chaîne de télévision et je pense que l'Etat doit se dégager totalement de sa participation dans la deuxième chaîne. Une grande partie du travail de mon ministère est bien entendu consacré à la question des télévisions par câble. Je suis contre toute forme d'intervention gouvernementale au niveau médiatique et la liberté de la presse doit être totale. Cela dit, j'estime que la droite n'a pas besoin de créer son propre quotidien, bien qu'elle ne dispose pas encore de personnes suffisamment formées pour influencer les médias. Nous devons donc remédier à cette situation en éduquant des professionnels du journalisme aussi bien de la presse écrite, de la radio que des médias électroniques. J'apporterai tout mon soutien à la création d'une école de communications, afin que des sympathisants de la droite trouvent leur place dans les médias.


Comment se fait-il que vous ayez décidé de militer à droite ?

Je suis née dans une famille qui était totalement acquise aux thèses de Vladimir Zeev Jabotinsky szl. Mon père, Azriel Livnat, membre du Lekhi, a été déporté en Afrique par les Britanniques et emprisonné là-bas pendant quatre ans et demi avec Itzhak Shamir. Dès mon plus jeune âge, j'ai donc su quelle était mon idéologie politique, en qui et en quoi je croyais. Bien entendu, je ne savais pas que je deviendrais un jour politicienne ou ministre.


Pourquoi avez-vous décidé de vous occuper de communications ?

C'est un domaine qui m'a de tout temps passionnée et je n'ai pas attendu la victoire du Likoud ni ma nomination au poste que je détiens actuellement pour m'y intéresser. Il y a deux ans, Mme Shoulamith Aloni, alors ministre des Communications, m'a invitée à l'accompagner en Chine, en Corée du Sud et aux Indes, afin de participer à un voyage ayant pour thème principal les télécommunications. Je me suis également rendue à titre privé à Télécom 95 à Genève. L'évolution des communications constitue l'un des grands thèmes de notre temps et je suis heureuse de pouvoir développer mon activité au service de mon pays dans un domaine d'une actualité aussi brûlante.

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