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Sommaire Politique Automne 1996 - Tishri 5757

Éditorial - Septembre 1996
    • Éditorial

Roch Hachanah 5757
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Politique
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Interview
    • Perspectives et réalités
    • Un hassid au service de la nation

Shalom Tsedaka
    • Dignité - efficacité - silence

Analyse
    • Un changement de ton et de direction
    • Arabes israéliens - Une question d'identité
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Par Roland S. Süssmann
GIDEON EZRA ! Un homme qui a choisi de sortir de l'ombre afin de servir son pays sous la lumière crue des projecteurs de la politique israélienne. Aujourd'hui député du Likoud à la Knesset, Gideon Ezra a travaillé toute sa vie dans les services de renseignements. Dans le cadre de cette activité, il a été pendant de nombreuses années le chef des opérations secrètes israéliennes au Liban avant de devenir le numéro deux des services de la sécurité intérieure d'Israël, le fameux Shin Beth. N'ayant pas, pour des raisons de politique intérieure, été nommé à la tête de ce service, Gideon Ezra a décidé de démissionner début 1995 et de se lancer dans la politique.

Ayant toujours été un homme de droite, c'est en toute logique qu'il a rejoint les rangs du Likoud pour lui apporter son aide dans la bataille électorale. A la surprise générale, aux primaires, il a été élu en douzième position sur la liste du parti. Dans le cadre de ses activités de député, Gideon Ezra est membre de la Commission de la sécurité et des affaires étrangères.


Comment concevez-vous votre nouvelle mission ?
Je suis généralement considéré comme expert des questions touchant à la sécurité, notamment au Liban - je parle couramment l'arabe -, où j'ai longtemps vécu, mais également en Judée-Samarie-Gaza, où j'ai été en charge de la sécurité intérieure pendant de nombreuses années. Riche de cette longue expérience, je souhaite conseiller mon gouvernement dans ces domaines.


Il est bien connu que le gouvernement sortant a laissé un héritage catastrophique à Benjamin Netanyahu, surtout en ce qui concerne la question de la sécurité. Rappelons que l'administration Rabin/Peres a permis à 50 000 terroristes palestiniens de s'installer, fortement armés, en plein cýur d'Israël. Comment évaluez-vous la situation actuelle ?

Le plus grand danger auquel nous sommes aujourd'hui confrontés se trouve au Liban. C'est là que nous comptons les plus grandes pertes et le plus important nombre de blessés. Connaissant très bien ce pays, je pense vraiment que nous devrions en sortir le plus vite possible car je peux vous dire que là-bas, la vie de l'individu n'a aucune valeur. Le but de notre présence dans la zone de sécurité est d'empêcher le bombardement de la Galilée par des missiles Katyouchas. Pour être véritablement efficaces, nous devrions nous déployer plus profondément au Liban. Or nous ne pouvons pas nous le permettre car, en nous dirigeant plus vers le nord, nous pénétrerions dans un territoire habité et contrôlé par une population shiite hostile. N'oublions pas que ce qui compte pour ces gens, c'est avant tout de tuer pour tuer. La grande majorité de nos soldats ne tombent pas au cours de combats, mais en se déplaçant simplement avec leurs voitures. Ils sautent sur des bombes placées sur la route par des shiites qui, en réalité, ne constituent qu'une minorité de la population du Sud-Liban. Vous pensez bien que nous ne pouvons pas risquer de nous embourber plus au nord dans un tel guêpier. Cela dit, il faut bien comprendre que notre présence au Sud-Liban n'a pas atteint ses objectifs et que les Katyouchas continuent de tomber sur Israël. Bien que la zone du Sud-Liban où nous nous trouvons soit surtout habitée par des chrétiens, que nous aidons et soutenons, elle compte aussi une très large population d'obédience shiite, qui coopère ouvertement avec ses frères installés au nord de la zone de sécurité. Il faudrait donc nous retirer à la frontière internationale qui nous sépare du Liban. Il est vrai que nous sommes responsables des vies des chrétiens du Sud-Liban et que nous ne pouvons pas les abandonner aux couteaux des shiites: il n'en est absolument pas question et le problème n'est pas là. A mon avis, nous devrions arriver à conclure un accord avec le Gouvernement libanais, dont les termes seraient en gros les suivants: prévoir de notre retrait dans les six mois qui suivent la signature de l'accord, à condition qu'il n'y ait eu aucun acte de violence, aucune action terroriste contre nous ou notre population du nord d'Israël pendant cette période; trouver une solution commune afin de protéger les habitants du Sud-Liban, soit dans le cadre de l'armée libanaise (qui intégrerait l'armée du Liban-Sud), soit en coopération avec une force internationale; enfin, exiger un départ des forces syriennes du Liban. Tout le monde sait que la Syrie souhaite annexer le Liban, mais la raison officielle de la présence de ses forces est "de protéger le Liban contre Israël". Si nous nous retirons, la Syrie n'aura plus aucune raison, du moins officielle, d'y maintenir des troupes. Je ne pense pas qu'elle opérera un repli. Il faut bien comprendre que nous désirons partir du Liban parce que notre présence y est à la fois inutile et chère en vies humaines. Par contre, à la moindre agression, nous riposterons massivement sans pour autant nous y réinstaller mais, cette fois, nous ne nous contenterons pas d'une petite opération du style "raisins de la colère" du printemps 1996. Si les Libanais veulent vraiment nous voir quitter leur pays, ils devraient être assez enclins à accepter un accord de ce type.


Que pensez-vous de cette fameuse intervention appelée "raisins de la colère ?"

Cette opération a été somme toute assez inefficace. Il est vrai que le premier jour, l'effet de surprise a joué mais, dès le lendemain, c'est tout juste si l'on n'avertissait pas l'ennemi au préalable en disant: "Attention, nous allons attaquer!" Le gouvernement Peres voulait absolument obtenir qu'Israël vive une période de calme avant les élections. Or, les choses ont mal tourné au Liban et dans le nord du pays. Toute cette opération, déclenchée uniquement dans un but électoral, a échoué par manque de chance.


En ce qui concerne la Judée-Samarie et la Bande de Gaza, comment évaluez-vous la situation du point de vue de la sécurité et comment envisagez-vous son évolution ?

Je suis favorable à la politique qui nous a fait quitter les agglomérations à forte population arabe. Si les Palestiniens veulent déclencher une nouvelle intifada, ils rencontreront pas mal de difficultés, car ils ne pourront nous attaquer que sur les routes situées à l'extérieur des villes, ce qui n'aura pour ainsi dire aucune incidence. Quant à leur vieux rêve de déclarer un état palestinien, nous n'avons qu'un seul moyen de l'empêcher de se réaliser: nous devons tout mettre en ýuvre afin que les enclaves territoriales actuellement entre les mains de l'OLP (zones A et B) ne puissent jamais être réunifiées en une continuité territoriale placée totalement sous leur contrôle.

D'autre part, il y a un élément que nous ne devons pas oublier: les explosifs utilisés dans les attentats contre les bus de Jérusalem au mois de février dernier provenaient d'Egypte et avaient transité par la Bande de Gaza. Il est vrai qu'Arafat n'a pas participé activement à la préparation de ces attentats, mais il n'a rien fait pour les empêcher. Depuis que nous avons quitté Gaza, le contrôle de son accès par la mer ainsi que les autres grandes villes arabes de Judée et de Samarie, nos sources d'informations sont considérablement réduites. Dans ce domaine, nous ne pouvons naturellement pas faire confiance à une éventuelle coopération de l'OLP. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et sur des informateurs que nous devons recruter dans les zones autonomes ce qui, aujourd'hui, n'est pas chose facile.


Qu'en est-il de Hébron ?

A ce sujet, M. Peres a conclu un certain nombre d'accords avec Arafat. L'agglomération en tant que telle compte une population arabe très dense mais, contrairement à Ramallah ou Jennine, une population juive vit au centre de la ville (voir SHALOM Vol.XXV). Il est de notre devoir de permettre aux Juifs de Hébron d'y habiter en toute sécurité et sans aucune crainte. Nous devrons donc établir une continuité territoriale juive entre Kyriath Arba et le centre ville. De plus, les forces de l'OLP ne devront pas être autorisées à détenir des armes dépassant le calibre de l'arme de poing. Il est également primordial que le droit de prévention et de poursuite contre toute forme de terrorisme soit acquis aux forces israéliennes et ce partout dans Hébron. Après le retrait de nos troupes, il est impératif que nous maintenions le droit de déployer à nouveau nos soldats là où cela nous semblera nécessaire, au cas où les Arabes se livreraient à des actes de violence contre des Juifs.

En ce qui nous concerne, rien ne presse. Le précédent gouvernement avançait à toute vitesse dans le processus qu'il avait déclenché, évacuant une ville arabe après l'autre, sans que l'OLP n'ait fait ses preuves à Gaza et à Jéricho. Cette démarche était somme toute assez facile, car il ne faut pas oublier que nous pouvons donner aux Arabes tout ce que nous voulons, mais tant que nous ne céderons pas sur la question de Jérusalem, c'est comme si nous n'avions rien fait. Or le Likoud n'a pas la moindre intention de fléchir ou même d'entrer en négociations sur cette question essentielle.


En votre qualité d'ancien numéro deux des services de la sécurité intérieure d'Israël, pensez-vous que Itzhak Rabin szl. ait été victime d'un complot émanant justement de ces services que vous avez quittés, rappelons-le, début 1995 ?

Je ne crois absolument pas à un complot de ce genre, Itzhak Rabin se déplaçait souvent sans une couverture suffisante. Cela dit, j'estime que les services chargés de sa protection ont commis de graves erreurs. Au moment de l'assassinat, il n'était entouré que de deux gardes du corps... Toute cette affaire est une énorme tragédie.

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