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Sommaire Politique Automne 1995 - Tishri 5756

Éditorial - Septembre 1995
    • Éditorial

Roch Hachanah 5756
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Politique
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Éthique et Judaïsme
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Action - Exemplarité - Persévérance

Par Roland S. Süssmann
MORTON A. KLEIN dérange ! Le bouillonnant et infatigable président de la ZOA, la Zionist Organization of America, qui vit à Philadelphie, est venu bouleverser les règles feutrées du jeu régissant les relations entre le leadership juif américain et l'administration gouvernementale. Il dénonce et publie tout ce qui n'est pas totalement équitable à l'égard d'Israël et rencontre toute personne pouvant avoir la moindre influence au Capitol, au Département d'État ou à la Maison Blanche. Son activité est totalement volontaire et non rétribuée. La ZOA, la plus ancienne organisation juive aux USA, était le plus grand et le plus prestigieux organisme juif du pays dans les années 1940 et 50.
Outre son travail quotidien, ses apparitions régulières à la télévision et ses multiples interventions dans la presse américaine en faveur d'une information équilibrée concernant Israël, la première année de présidence de Morton Klein (il a été nommé en avril 1994) a été marquée par trois actions couronnées de succès.
Tout d'abord, la Zionist Organization of America a obtenu la votation par le Congrès d'un amendement liant irrévocablement et intimement l'aide américaine accordée à l'organisation terroriste OLP à la manière dont celle-ci se conforme activement et strictement aux Accords d'Oslo signés avec Israël. Cet amendement, connu sous le nom de "Specter-Shelby-Lowey Amendement", qui aujourd'hui a force de loi, exige notamment que l'OLP condamne toute forme de violence contre les Israéliens et supprime de sa fameuse charte tous les paragraphes appelant d'une manière ou d'une autre à la destruction de l'État juif. De cet amendement découlent le contrôle de l'utilisation correcte des fonds versés par le contribuable américain et la supervision directe de cette conformité par un organisme américain (probablement autre que le Département d'État); par conséquent, l'OLP ne pourra toucher les US$.500 millions d'aide que si le Président des États-Unis confirme qu'elle a rempli toutes ses obligations signées dans les accords. D'autre part, toujours dans le cadre de cet amendement, la clause dite "d'intérêt national" a été supprimée: celle-ci permet en principe au Président de transférer des fonds à l'OLP simplement s'il estime que cette aide représente un intérêt national. Suite à cette action de Morton Klein, un organisme d'observation nommé PAM (Peace Accords Monitoring) a été fondé par le Sénat américain. A ce jour, 51 sénateurs et députés (23 républicains et 28 démocrates) se sont joints à ce groupe de travail, dont le but est de prouver et de publier les violations des accords par l'OLP. A cet égard, Morton Klein explique volontiers: "Vous devez comprendre que si, par ce biais, nous arrivons à démontrer que l'OLP n'est pas sérieuse en ce qui concerne la paix avec Israël, toute la poursuite du processus engagé à Oslo et son soutien par les USA peuvent être remis en cause. Face à l'OLP, Israël est libre d'agir comme il l'entend. En notre qualité de contribuable américain, nous voulons être à même de vérifier que notre argent n'est pas distribué facilement à une organisation qui n'a en rien abandonné les positions qui sont les siennes depuis sa création en 1964 en tant qu'organisation terroriste." L'action de Morton Klein est prise très au sérieux par le Département d'État qui, au mois de juin 1995, a sorti un rapport félicitant l'OLP et Arafat de s'être si bien conformés dans les faits aux Accords d'Oslo !!! Morton Klein a immédiatement publié un démenti de trois pages solidement documenté réfutant, faits et preuves à l'appui, chaque point évoqué par le Département d'État.
C'est également la ZOA qui, sous la direction de Morton Klein, a révélé au public que Strobe Talbott, proposé par Bill Clinton au poste de sous-secrétaire d'État, soit vice-ministre des Affaires étrangères - le numéro deux du Département d'État - était en fait profondément anti-israélien. Ses écrits parus dans la presse américaine depuis 1981 ne cessaient d'accuser Israël d'être responsable de l'ensemble des problèmes du Moyen-Orient. Il appelait à la mise en place d'importantes coupures dans l'aide américaine apportée à Israël. Il estimait également que l'installation en Israël des Juifs soviétiques était un facteur qui "empoisonne" les relations de l'État juif avec ses voisins arabes. Parmi ses articles, seize étaient fondamentalement anti-israéliens, voire anti-juifs. Seul et contre l'avis "amical et paternel" de l'ensemble des organisations juives américaines, Morton Klein s'est personnellement rendu dans le bureau de chaque député et de chaque sénateur, menant une campagne anti-Talbott extrêmement virulente. Cette nomination, considérée comme acquise d'avance par l'administration Clinton, est passée devant une commission d'enquête très sévère. Strob Talbott s'est excusé pour ses prises de positions négatives face à Israël et a assuré à la commission d'enquête "qu'il avait changé et ne pensait plus de la sorte". En définitive, il a été nommé, mais 32 sénateurs sur 100 ont voté contre lui, annulant ainsi toutes ses chances de devenir un jour secrétaire d'État. Dans cette affaire, qui a fait grand bruit dans la presse de New York à Los Angeles, le succès de la ZOA ne réside pas dans le seul fait qu'une importante opposition se soit manifestée face à Strob Talbott, mais cette controverse a clairement révélé que toute personne souhaitant faire carrière dans la politique étrangère américaine doit reconnaître l'importance de l'amitié américano-israélienne.
Enfin, la ZOA a obtenu la signature de 83 sénateurs concernant un appel au Président afin que celui-ci oppose son véto à un vote de l'ONU déclarant Jérusalem comme "territoire occupé". Bien entendu, le Président n'a pas donné suite.
Mais qui est Morton Klein ? Il est né en 1947 en Allemagne dans un camp de réfugiés, de parents ayant survécu à la Shoa. Economiste, biostatisticien et financier, il a mené sur ces trois fronts une importante carrière académique et administrative sous les présidents Nixon, Ford et Carter. Il a également été consultant au Linus Pauling Institute of Science and Medicine ainsi qu'à l'UCLA School of Public Health. Sur le plan des activités juives, il a acquis sa notoriété en menant diverses campagnes contre la désinformation au sujet d'Israël. C'est ainsi que le plus ancien et le plus prestigieux guide de voyages du monde, le Baedecker, était bourré de fautes graves sur l'histoire et les réalités d'Israël: il mentionnait 17 mosquées, 39 églises, aucune synagogue; pas un mot sur la Knesset, Yad Vashem était un mémorial érigé en souvenir des victimes de la Seconde Guerre mondiale, la Shoa était totalement occultée, etc. Grâce à l'intervention de Morton Klein, ce guide a été totalement réécrit et les dernières éditions publiées sous sa supervision. Mais l'homme ne s'est pas contenté de si peu. Il est intervenu à plusieurs reprises sur des campus universitaires où la propagande arabe fait des ravages, il a fait corriger des manuels d'Histoire où de simples faits historiques étaient falsifiés de la manière la plus éhontée. Aucune des grandes organisations juives américaines établies et jouissant de prestige ne l'a aidé. En 1992, M. Klein a joué un rôle important dans la course sénatoriale entre le sénateur juif Arlen Specter (aujourd'hui le premier juif candidat à la présidence des USA) et Lynn Yeakel. Morton Klein a démontré que Yeakel avait participé dans le cadre de son église à des activités anti-israéliennes. Mis au défi de revenir sur ses positions, Yeakel a refusé et a perdu son élection. Depuis sa nomination, Morton Klein sillonne régulièrement l'ensemble des États-Unis et visite toutes les communautés, même les plus insignifiantes, afin de gagner des adeptes pour son mouvement et faire avancer sa cause. Avant son élection, Morton Klein n'était pas très actif dans le cadre d'organisations juives. Pendant quelques mois, il a été Président de la section locale de la ZOA à Philadelphie. Lors de la 89e assemblée générale nationale, il a été élu avec une majorité de 17 voix sur 400.


Aujourd'hui, votre action politique vise avant tout à démontrer que l'OLP viole les accords et ne fait rien pour combattre le terrorisme anti-juif. Après plus de 400 attaques terroristes, sans parler des jets de pierres, l'assassinat de 150 Israéliens, la protection du Hamas par l'OLP ainsi que d'innombrables violations mineures des accords, que vous faut-il de plus pour être convaincu que l'OLP n'est pas "vraiment sincère" dans son désir de paix avec Israël ?

Nous avons décidé de laisser une dernière chance à Arafat en lui accordant jusqu'au 31 décembre 1995 pour mettre un terme à ses paroles incendiaires et prononcer des discours incitant les Arabes à vivre en paix avec Israël et à progressivement mettre en place l'application des accords. Si à cette date tel ne devait pas être le cas, la ZOA recommandera que toute l'aide américaine à l'OLP soit stoppée.


Votre action est assez unique en son genre et peu conforme au travail des grandes organisations juives établies. Comment vos activités sont-elles perçues par la majorité silencieuse de la communauté juive américaine ?

J'ai l'occasion de m'adresser à de nombreuses communautés à travers les États-Unis, chaque fois devant un très large auditoire issu de tous les différents horizons du spectre politique juif. Partout, je ressens une énorme inquiétude. Tous les Juifs sont très préoccupés quant à la poursuite du processus engagé, notamment en raison de la persistance du terrorisme arabe en Israël. N'oublions pas que, pour des périodes identiques, le nombre de Juifs assassinés au cours des 18 mois qui ont suivi la signature des accords est le plus élevé depuis la création de l'État, à l'exception des guerres. Le fait que je sois invité à parler à travers tous les États-Unis démontre que notre action est comprise, respectée et bien reçue.


Vous n'avez pas que des amis. Comment vos ennemis vous attaquent-ils et surtout comment les combattez-vous ?

Le cheval de bataille de nos ennemis réside dans une tentative de nous coller une étiquette "d'extrémistes de droite combattant le processus de paix". Non seulement il n'en est rien, mais cette tactique ne marche pas. Il faut dire que la gauche, en particulier le mouvement pour "La Paix Maintenant", ne souhaite pas que les méfaits et les violations commis par l'OLP soient connus de tous. Mais la droite m'attaque aussi, car elle juge notre comportement "trop neutre". En fait, nous sommes respectés parce que nous nous limitons à agir dans le cadre de la scène politique et de la loi américaines et que nous n'intervenons pas dans la politique israélienne. Donc je ne pense pas que l'idée de stationner des troupes américaines sur le Golan constitue, du point de vue des USA, une bonne idée en soi. De plus, à la longue, cela ne pourrait qu'affecter négativement les relations entre les États-Unis et Israël. Bien entendu, nous soutenons l'idée du transfert de l'Ambassade américaine à Jérusalem.
En conclusion, nous disons à haute voix ce que nous pensons, ce en quoi nous croyons et nous défendons nos idées et nos valeurs avec vigueur.


Souvent, Morton Klein semble bien seul face à l'administration américaine et aux organisations juives établies. En raison de sa détermination et de son travail acharné, il obtient des résultats et gagne le soutien et le respect d'une audience de plus en plus large parmi la population juive américaine. Ce n'est certainement pas pour rien que le 27 janvier dernier, le grand quotidien israélien Maariv écrivait à son sujet: "Depuis son élection à la présidence de la ZOA, Morton Klein a transformé cet organisme en la plus importante organisation juive aux USA. Les membres du Congrès et du Sénat font antichambre devant sa porte."


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