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Sommaire Politique Automne 1995 - Tishri 5756

Éditorial - Septembre 1995
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Roch Hachanah 5756
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Un dernier tour de piste

Par Emmanuel Halperin,
notre correspondant à Jérusalem

A un an des élections législatives israéliennes, c'est un gouvernement en perte de vitesse - et qui perd parfois les pédales - qui s'efforce de diriger les affaires en s'entêtant dans ses erreurs. Comme c'est souvent le cas quand vient le crépuscule, les dirigeants israéliens voient parfois des ombres menaçantes et croient reconnaître en chaque manifestant un casseur, en chaque opposant un putschiste. Les extrémistes qui crient "Rabin traître et assassin" ont évidemment tort, mais interpréter leurs insultes comme un appel au meurtre ou une menace pour la démocratie révèle un dangereux manque de sang froid. Lorsque les manifestants de gauche criaient naguère "Sharon et Begin assassins", le gouvernement d'alors ne les accusait pas de mettre la patrie en danger.
Il est désormais indéniable que les engagements pris par la partie palestinienne à Oslo n'ont pas été tenus. Gaza et Jéricho servent de refuge à des terroristes qui ont perpétré de sanglants attentats en Israël. Ils ne sont pas livrés aux autorités israéliennes, mais disparaissent dans la nature ou sont rapidement jugés par la justice locale et "mis au frais" jusqu'à ce qu'on les oublie. La police palestinienne procède parfois à des arrestations d'éléments du Hamas, mais ces derniers sont le plus souvent discrètement relâchés quelques jours plus tard, et l'autorité palestinienne ne fait pas mystère de ses motivations: il s'agit, dit-elle, d'empêcher d'agir ceux qui, par leurs actes intempestifs, risquent de retarder les concessions israéliennes.
A Gaza, on dit la vérité: l'objectif est un, c'est un même combat, le terrorisme et la négociation politique s'épaulent l'un l'autre, et si Arafat condamne les attentats, c'est parce que les planteurs de bombes en font trop, le dérangent.
Depuis la signature des Accords d'Oslo, plus de cent Israéliens ont trouvé la mort dans des attentats - alors que ce gouvernement a été élu en grande partie à cause des promesses solennelles de M. Rabin, pendant la campagne électorale d'il y a trois ans, de mettre fin au terrorisme dans les villes d'Israël. Échec donc, et échec qui, malgré les succès récents des services de sécurité, n'est pas limité dans le temps: on s'accorde à penser que les attentats reprendront.
Une des raisons, dont on parle peu, de la violence de ces actes terroristes tient à la capacité des assassins de se procurer des explosifs "de qualité". Depuis le début des années 80, il était devenu pratiquement impossible de faire passer de tels explosifs dans les territoires, ce qui contraignait les candidats terroristes à utiliser un matériel bricolé, dont l'effet était généralement limité. D'où la nature "artisanale" des agressions: coups de hache ou de couteau. Désormais, depuis l'application des Accords d'Oslo à Gaza et à Jéricho, il est beaucoup plus facile d'obtenir des explosifs efficaces, susceptibles de tuer plusieurs Juifs d'un coup. On imagine ce qui adviendra lorsque les grandes villes de Cisjordanie - Naplouse, Ramallah, Jenine, Bethléem - seront sous contrôle exclusif de l'autorité palestinienne. C'est- à-dire dans quelques mois, si tout se passe comme prévu.
Bien que M. Rabin ait récemment réitéré son výu de voir la fameuse charte palestinienne abolie par l'OLP, il est peu vraisemblable que Yasser Arafat tienne ses engagements. Il est maintenant question de faire annuler ou amender ce document par le Conseil palestinien qui sera élu en vertu des Accords d'Oslo, afin de donner satisfaction aux Israéliens. Mais la charte, niant le droit d'Israël à l'existence, restera en vigueur en tant que texte constitutif de l'OLP. Et cela alors qu'Israël s'engage à retirer ses troupes, en dix-huit mois, de la quasi totalité de la Judée et de la Samarie. Il est vrai que le dernier stade de l'évacuation - le plus important territorialement - est prévu pour après les prochaines élections, ce qui, dans l'hypothèse d'une victoire de l'actuelle opposition, permettrait à M. Rabin de ne pas avoir à résoudre un incroyable casse-tête. Et de le laisser aimablement à son successeur.
Il est curieux de voir le gouvernement, prisonnier qu'il est de la thèse selon laquelle il faut tout miser sur la parole de Yasser Arafat, Prix Nobel de la Paix, ignorer les propos scandaleux du président de l'autorité palestinienne lorsqu'il s'adresse à ses administrés. Arafat parle de poursuivre la guerre sainte (Djihad), il chante les louanges d'une terroriste qui avait placé une bombe dans un autobus ("elle a fondé ainsi la République palestinienne") et continue de comparer l'accord de paix signé avec Israël avec celui que le Prophète avait conclu avec une certaine tribu puis dénoncé peu de temps plus tard, lorsque les circonstances lui étaient devenues plus favorables. Il a fallu que l'opposition produise des cassettes vidéo d'enregistrements d'Arafat pour que M. Rabin - après que M. Peres eût laissé entendre que les cassettes étaient peut-être des faux - reconnaisse qu'il y avait là un problème. Mais tout de suite après, l'affaire était classée.
Tout cela est d'autant plus inquiétant que le gouvernement n'a pas vraiment le choix, prisonnier qu'il est d'une politique qu'il a longuement concoctée et qui désormais lui colle à la peau. Une révision déchirante est donc exclue, si ce n'est peut-être au chapitre de la négociation avec la Syrie. Et pas tant du fait d'Israël qu'en raison de l'attitude d'Assad, qui refuse de condamner les attentats du Hamas, laisse les terroristes annoncer leurs méfaits depuis Damas, où prospèrent plus de dix organisations d'assassins, et exige toujours le repli d'Israël sur les frontières de 1967, sans même accepter la présence sur le Golan d'une station d'alerte israélienne. Dans ces conditions, il est vraiment impossible d'avoir pour le Président syrien l'indulgence coupable qu'a M. Rabin pour Yasser Arafat. Mais pourquoi diable le chef de l'OLP bénéficie-t-il d'une telle mansuétude, d'une telle compréhension, d'une telle générosité ? Insondable mystère.


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