Éditorial - Avril 1995
• Éditorial
Pessah 5755
• Aussi facile que de diviser la mer Rouge
Interview
• Les Accords d'Oslo sont lettre morte
• Combattre la haine
Politique
• Les as du sur-place
Analyse
• La haine des Juifs promue par la presse arabe
• A qui appartient cette terre?
Judée-Samarie-Gaza
• Ni paix - Ni sécurité !
Art et Culture
• Souvenirs d'un long passé juif à Prague
• Alice Halicka (1894-1975)
• Pèlerinage à Lvov
• Art et spiritualité
Reportage
• Beit Hashoah - Museum of Tolerance
Éducation
• Devenir soi-même
Éthique et Judaïsme
• Qui décide du sort de l'ovule fécondé ?
|
Les Accords d'Oslo sont lettre morte
|
L'échec de ce que le gouvernement Rabin appelle "le processus de paix" prend quotidiennement de l'ampleur. Les derniers sondages démontrent clairement que la grande majorité de la population d'Israël rejette de plus en plus le gouvernement en place et ne soutient pratiquement plus sa politique étrangère. Ces mêmes sondages indiquent aussi que si des élections devaient se dérouler aujourd'hui, le nouveau premier ministre serait le leader du Likoud, BENJAMIN NETANYAHOU. Au cours d'une interview exclusive, ce dernier nous a confié ses vues sur la situation actuelle et dans quel esprit il envisage son éventuelle future tâche en tant que premier ministre.
Si les prédictions des sondages devaient se réaliser et que vous deveniez effectivement premier ministre, pourriez-vous imaginer rencontrer Arafat, participer à des sessions de travail avec lui, bref, l'avoir en face de vous en tant qu'interlocuteur valable ?
Certainement pas ! Et pour quoi faire ? Depuis Oslo, a-t-il entrepris quoique ce soit qui nous aurait permis de changer d'opinion à son égard ? A ce jour, il n'a fait que confirmer tout ce que nous avons toujours dit à son sujet, à savoir qu'il est un dirigeant terroriste fermement engagé dans le processus de destruction de l'Etat Juif. De plus, il a démontré, si tel était encore nécessaire, qu'il n'est absolument pas fiable et qu'il ne tient aucune de ses promesses. Tout ceci s'est traduit en Israël par des faits sanglants. Je pense que le gouvernement Rabin a commis une erreur extrêmement grave en déléguant la responsabilité de la protection d'enfants juifs en Israël à Yasser Arafat et à ses sbires, ce qui a résulté en une explosion de terrorisme. N'oublions pas que, depuis la signature des Accords d'Oslo, 130 Israéliens ont été assassinés alors que, durant les cinq années de l'intifadah, la moyenne annuelle était de 27 meurtres. Arafat étant un être totalement corrompu, les accords ne pouvaient qu'aboutir à un fiasco. Je ne vois aucune raison de traiter avec lui ou son organisation.
Cela dit, le gouvernement d'Israël continue de négocier avec l'OLP. Que ferez-vous si vous venez au pouvoir et comment préparez-vous l'avenir ?
En observant la situation, je me rends compte que la terrible vague de terrorisme à laquelle nous assistons est orchestrée depuis Gaza. La première mesure à prendre est donc d'éviter la création d'autres "Gaza" en Judée et en Samarie. Par conséquent, je ne retirerai pas notre armée et n'autoriserai pas l'installation dans ces régions d'une armée terroriste palestinienne, à qui je ne demanderai certainement pas d'être responsable de notre sécurité. Je retournerai à la formule d'autonomie où Israël contrôlerait tout ce qui a trait à la sécurité, aux affaires étrangères et aux frontières. Les Arabes pourront négocier avec nous sur tout ce qui touche à l'administration de la vie quotidienne, les autres points restant exclusivement de notre ressort. D'ailleurs, en ce qui concerne les problèmes administratifs relatifs aux populations arabes de Judée et de Samarie, je souhaiterais arriver à un accord dans lequel la Jordanie serait également partie prenante. Quant à Gaza, je ne pense pas qu'il soit nécessaire qu'Israël s'y réinstalle de façon permanente, mais j'avertirai Arafat et les fondamentalistes islamiques qui agissent sous sa protection que s'ils ne mettent pas fin au terrorisme en provenance de Gaza, nous nous en chargerons. Notre armée doit avoir le droit d'agir partout où cela s'avère nécessaire, et si cela implique une intervention à Gaza, nous la ferons. Nous opérons déjà de la sorte au Liban, Etat souverain voisin qui, en raison de la faiblesse de son gouvernement, n'agit pas contre les terroristes islamiques du Hezbollah. A Gaza, cette même forme de terrorisme porte le nom de Hamas mais là, il ne s'agit pas d'un gouvernement faible, mais d'une autorité complice qui, bien entendu, n'entreprend rien pour mettre un terme aux agissements de ses membres. A ce jour, l'OLP n'a arrêté aucun terroriste ni même réprimandé les assassins qui font partie intégrante de sa "police", malgré le fait qu'Israël lui ait fourni les noms et les adresses de chacun des suspects ou des coupables. Dans ces circonstances, il est de notre droit et de notre devoir élémentaire d'entreprendre toute action préventive qui s'avère utile et de poursuivre les terroristes partout, y compris dans les zones actuellement contrôlées par l'OLP. Afin d'arrêter les assassinats de nos concitoyens, nous devons stopper les terroristes ayant commis des actes criminels en Israël ou qui comptent en commettre.
Selon vous, quelle serait la réaction internationale et en particulier américaine, si l'armée israélienne se lançait dans des opérations préventives ou de rétorsion dans les zones autonomes placées actuellement sous la responsabilité de l'OLP ?
Lors d'un récent voyage aux USA, je me suis aperçu qu'à Washington notamment, les Américains sont de plus en plus nombreux à se rendre compte de l'étendue du fiasco des Accords d'Oslo. Le leadership juif américain commence également à prendre conscience de ces réalités. Seule une infime partie, je pense au maximum 10%, des violations des Accords d'Oslo par l'OLP est connue ou publiée aux Etats-Unis et en Europe. Mais cela s'avère suffisant pour que les plus fervents défenseurs de ces accords admettent que l'OLP a tout mis en ýuvre pour que ces traités ne soient plus que lettre morte. Même le gouvernement israélien reconnaît que l'OLP a violé les accords plus de 300 fois depuis leur signature. Il n'y a aucun paragraphe dans ces accords qui n'ait pas été rompu par Arafat. Dans la tradition anglo-saxonne, un contrat doit être respecté par toutes les parties engagées. Les Accords d'Oslo sont donc annulés de fait et si nous revenons au pouvoir, nous n'aurons aucune obligation de nous y conformer, ceux-ci n'ayant même pas la valeur du papier sur lequel ils ont été signés.
Il est compréhensible que vous rejetiez l'organisation terroriste OLP en tant qu'interlocuteur valable. Mais alors, qui, à vos yeux, constitue un partenaire avec lequel il serait possible d'établir une paix viable ?
Tout Arabe, voire même tout Arabe palestinien qui admet sincèrement le droit à l'existence d'Israël et qui est prêt à traiter sur la base de cette conception fondamentale. L'OLP, fidèle à sa politique et à sa charte, a clairement démontré qu'elle n'était pas disposée à traiter sur ces données. Cela dit, il est intéressant de noter que, malgré toutes les manigances de l'OLP, nous assistons aujourd'hui à un mouvement de réconciliation et de reconnaissance d'Israël par le monde arabe. A cet égard, je pense que la Jordanie, le Maroc et Oman constituent la pointe de l'iceberg et que, progressivement, Israël sera admis par un nombre grandissant de pays arabes. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une mascarade, mais bien d'une démarche sérieuse. Ce changement d'attitude est dû à la victoire israélienne de 1967. Le monde arabe a compris qu'Israël ne peut pas être détruit dans le cadre de ses frontières actuelles. Le pays n'est plus réduit à sa portion congrue de 15 km de large et surtout il est séparé sur son front est du monde arabe par une forteresse naturelle que sont les collines de Judée et de Samarie qui, par endroits, atteignent une altitude de 1500 mètres, constituant l'un des obstacles stratégiques les plus importants du monde. Deux écoles de pensées prédominent dans le monde arabe: celle qui reconnaît qu'en raison de sa position militaire, Israël ne peut pas être détruit, et l'autre qui, pour cette même raison, veut qu'Israël se retire et soit privé de cet avantage stratégique. Pour ce faire, deux moyens sont utilisés: le terrorisme et les pressions diplomatiques. Il est évident qu'un Israël amputé de ces territoires serait une cible facile à détruire. Il est intéressant de souligner que ces deux théories se présentent sur la scène internationale comme des "options en faveur de la paix". En fait, les pays qui, comme la Jordanie, acceptent de traiter avec nous sans exiger notre retrait de la Judée-Samarie, nous acceptent et souhaitent vivre en paix avec nous. Les autres, qui mettent comme condition préalable à tout dialogue ou négociation de paix le retrait d'Israël de la Judée et de la Samarie - notre patrie historique et notre mur de protection et de survie -, ne souhaitent en fait qu'accélérer notre destruction et posent les jalons de la prochaine guerre. C'est d'ailleurs précisément pour cette raison que toute l'affaire d'Oslo a échoué, car il manquait le point essentiel: le souhait authentique d'établir la paix. En signant ces accords, l'OLP avait pour seul but de réduire Israël à des frontières indéfendables.
A Gaza et à Jéricho, les palestiniens ont obtenu "l'autonomie". Ne pensez-vous pas qu'à un moment donné, les Arabes israéliens exigeront un statut identique pour les régions dans lesquelles ils sont majoritaires, comme par exemple la Galilée ?
A Gaza, les palestiniens n'ont pas obtenu une "autonomie", mais un état. Il n'existe pas d'autonomie qui a sa propre force de sécurité et son ministère des Affaires étrangères. Ce ministère jouit d'une représentation quasi officielle à Jérusalem, qui fonctionne sous le nom de "Maison d'Orient" et dont les activités sont tolérées par le gouvernement israélien. Il est bien entendu que si nous revenons au pouvoir, nous fermerons la "Maison d'Orient". A Gaza, les palestiniens disposent donc de facto d'un état. En Suisse, vous savez particulièrement bien ce que le terme autonomie veut dire. Pourriez-vous imaginer qu'un canton dispose de sa propre armée ou de son propre ministère des Affaires étrangères ? Certainement pas. La question qui se pose est de savoir si la légitimité qui a été conférée à la souveraineté dont Gaza bénéficie aujourd'hui encourage la modération arabe ou si, au contraire, elle stimule les idées des extrémistes arabes. La réponse se trouve dans la vague extrêmement élevée de terrorisme que nous vivons en Israël, qui est une indication très claire du niveau vers lequel les espoirs des Arabes ont été propulsés. Il faut bien comprendre que ceux-ci ne se limitent plus simplement à la Judée et à la Samarie. La création d'un état palestinien dans ces régions accélère sans aucun doute la "palestinisation" des Arabes israéliens et leurs demandes séparatistes. C'est un processus dont nous voyons d'ores et déjà les prémices. Nous assistons actuellement à une radicalisation grandissante des Arabes israéliens, et ceci est également le cas pour certains de leurs représentants à la Knesset. D'ailleurs, ils ne parlent plus des frontières d'avant la Guerre des Six Jours de 1967, mais des tracés territoriaux du plan de partage de 1947. De plus, Arafat fait des appels répétés pour l'unification et la libération des populations arabes de la Galilée et du Néguev. En fait, il ne s'agit là que de l'une des conséquences désastreuses du processus dit de "paix" en cours. Tout ceci met en danger ce que je considère être l'un des grands succès d'Israël: l'intégration difficile et la coexistence pacifique des citoyens juifs et arabes d'Israël. Nous devons faire très attention de ne pas jouer avec le feu, car la question du séparatisme des Arabes israéliens est le produit le plus explosif qui accompagne le fiasco d'Oslo. Je pense que pour limiter les risques, il faudrait commencer par éviter la "gazaïfication" de la Judée et de la Samarie qui aura inévitablement des conséquences terribles, car elle mènera à l'établissement d'une base islamique dans ces territoires. Il faut être volontairement aveugle pour ne pas voir aujourd'hui que le transfert d'autorité à l'OLP signifie un transfert d'autorité au Djihad islamique qui, avec le Hamas, ont pris le pouvoir de façon incroyable dans toutes les régions d'où Israël s'est retiré. A Gaza et à Jéricho, les islamistes contrôlent la rue. Pas en Judée-Samarie, car nous sommes présents et les combattons. L'idée qu'Arafat puisse devenir notre sous-traitant pour combattre le terrorisme islamique, hypothèse sur laquelle était basée toute la démarche d'Oslo, était totalement absurde en soi, mais aujourd'hui, elle s'est transformée en une réalité aberrante et périlleuse. Nous n'avons pas le droit de répéter la même grave erreur en Judée et en Samarie. Si nous devions nous retirer de Bethléhem, située à 800 mètres de la première maison de Jérusalem, que se passerait-il ? La ville serait transformée en une base du terrorisme islamique et il en serait de même pour toutes les autres agglomérations arabes des territoires. En un rien de temps, nous serions confrontés à une énorme base islamique proche de Haïfa et de Tel-Aviv, autour de Jérusalem et à Jérusalem même. C'est là l'un des points fondamentaux qui nous sépare du gouvernement actuel, qui admet l'idée de l'établissement d'un état palestinien, base du terrorisme islamique sous couverture de l'OLP, à Gaza et en Judée-Samarie. Nous n'accepterons que l'instauration progressive d'une autonomie dans laquelle Israël garderait le contrôle de tout ce qui touche à la sécurité et où l'armée aurait droit à la liberté d'action aussi bien préventive que de poursuite. Le gouvernement actuel s'est senti obligé, à tort, de faire un essai, "de prendre le risque" et de traiter avec Arafat. Le résultat, connu d'avance par tout le monde, a démontré, et à quel prix, que l'OLP n'est pas un partenaire fiable et qu'il est impensable de continuer à traiter avec elle, sans même parler de l'idée de lui céder encore plus de territoire. Ce sont les conséquences de cet "essai" qui constituent l'héritage que le gouvernement Rabin a laissé à la population d'Israël.
Vous parlez d'une "explosion de terrorisme". Pour les populations juives de Judée, de Samarie et de Gaza, la vie devient de plus en plus difficile. La tension est énorme. Pendant combien de temps pensez-vous que les civils de ces régions accepteront encore de vivre dans ces conditions ?
Je dois dire que je les admire beaucoup. Ils ont fait preuve d'énormément de dignité et de courage face aux provocations et aux feux mortels auxquels ils sont exposés quotidiennement. Il faut bien comprendre que chaque matin, lorsque les enfants partent à l'école, les parents savent qu'il existe un risque qu'une voiture dépassant le bus scolaire ouvre le feu sur leurs enfants. Pourriez-vous imaginer une telle situation à Tel-Aviv ? La population ne l'accepterait pas. Les habitants juifs des territoires vivent avec ces risques. Il s'agit d'une population forte, convaincue, intimement liée à l'avenir et au passé du peuple juif. Ceux qui croyaient que ces hommes et ces femmes quitteraient les lieux après Oslo se sont lourdement trompés. De fait, au cours de l'année dernière, la population juive dans les territoires a augmenté de 10%, ce qui est une preuve de son courage et de sa détermination. Je la respecte et lui rends hommage.
Vous critiquez l'action du gouvernement en ce qui concerne les Accords d'Oslo, mais ne croyez-vous pas que la percée avec les autres Etats arabes, tels le Maroc, Oman et en particulier la Jordanie, ne se serait jamais réalisée sans la signature de ces accords ?
Voici une idée totalement erronée. Suite aux discussions que j'ai eues avec le roi Hussein et son frère Hassan, je peux vous affirmer que la Jordanie a choisi le moment de signer la paix avec nous en fonction de ses intérêts spécifiques et sans aucun rapport avec l'OLP. A cela je dois ajouter que, lorsque nous nous sommes rendus à la Conférence de Madrid, l'intifadah était morte depuis un an. A l'époque, les Etats arabes avaient accepté de prendre part à la conférence ainsi qu'aux négociations bilatérales et multilatérales qui ont suivi, alors qu'Israël avait refusé la participation de l'OLP aux négociations.
En conclusion, je dirai que le grand problème aujourd'hui pour Israël et l'ensemble du peuple juif dépasse de très loin la simple question des partis. Il s'agit de savoir quels seront, dans les mois qui restent au gouvernement Rabin jusqu'aux prochaines élections, les dommages qui seront infligés aux bases mêmes de la sécurité d'Israël. Pour notre part, nous mettons tout en ýuvre afin de limiter les dégâts et combattre l'action du gouvernement lorsque celle-ci nous semble fausse et périlleuse.
|
|