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Sommaire Pessah 5755 Printemps 1995 - Pessah 5755

Éditorial - Avril 1995
    • Éditorial

Pessah 5755
    • Aussi facile que de diviser la mer Rouge

Interview
    • Les Accords d'Oslo sont lettre morte
    • Combattre la haine

Politique
    • Les as du sur-place

Analyse
    • La haine des Juifs promue par la presse arabe
    • A qui appartient cette terre?

Judée-Samarie-Gaza
    • Ni paix - Ni sécurité !

Art et Culture
    • Souvenirs d'un long passé juif à Prague
    • Alice Halicka (1894-1975)
    • Pèlerinage à Lvov
    • Art et spiritualité

Reportage
    • Beit Hashoah - Museum of Tolerance

Éducation
    • Devenir soi-même

Éthique et Judaïsme
    • Qui décide du sort de l'ovule fécondé ?

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Aussi facile que de diviser la mer Rouge

Par le Rabbin Zalman I. Posner *
La fête de Pessah célèbre la sortie d'Egypte, la libération du peuple juif de l'esclavage, le miracle de la division des eaux et la traversée à sec de la mer Rouge. Ce miracle comporte un certain nombre d'enseignements qui dépassent de très loin l'action en tant que telle. En effet, la séparation des eaux de la mer nous apprend comment considérer et apprécier notre prochain. Enseignement majeur au demeurant, particulièrement en un temps où l'égoïsme et l'indifférence sont de mise. Pessah, symbole de la liberté du peuple juif, est également celui du respect d'autrui.
"Kashe ki-Krias Yam Souf" - c'est aussi dur que la séparation des eaux de la mer Rouge - est une expression courante en hébreu et en yiddish pour exprimer une difficulté majeure. Mais s'agissant d'un miracle, on peut se poser la question de savoir s'il peut exister un miracle facile ou simple. En quoi le miracle de la division des eaux et de la traversée de la mer Rouge est-il plus extraordinaire qu'un autre ?
Le Talmud fait un parallèle entre la traversée de la mer Rouge et le "chidukh", le fait d'arranger des mariages, en disant qu'il est aussi difficile de réunir un bon couple que de "fendre" la mer. En admettant que faire se rencontrer deux êtres qui se complètent est très délicat, la comparaison avec celui de diviser les eaux se justifie-t-elle ?
Lorsque nous regardons la mer, nous voyons une surface d'eau avec des vagues calmes ou turbulentes, dont nous ne discernons que la surface. Nous ne pouvons pas apercevoir ce qui se cache, ne serait-ce qu'à quelques centimètres sous l'eau: ni les poissons, ni la végétation, ni les formes de vies exotiques d'une extrême beauté. Nous ne distinguons rien de tout cela: nous ne voyons que la surface !
Lorsque nous regardons un être humain, tout ce que nous voyons à première vue n'est que superficiel, ce qui apparaît clairement, ce qui nous semble évident. Mais que se cache-t-il derrière ces yeux ? Y a-t-il un savoir profond ou une fourberie insoupçonnés ? Cette poitrine renferme-t-elle un cýur débordant d'amour pour D' et les hommes, ou de la haine bien cachée ? En réalité, nous n'en savons rien.
Le fait est que les impressions superficielles sont trompeuses et que nous ne pouvons pas nous y fier. Nous devons toujours essayer de comprendre ce qui se cache sous la surface, de tenter de percer à jour la personnalité profonde de l'individu, de saisir les aspirations intimes de l'autre, de savoir quelle est l'essence même de sa personnalité. L'attraction physique à elle seule peut cacher une personnalité détestable, alors qu'un visage moins séduisant peut masquer une nature aimable.
Le Talmud nous enseigne l'histoire d'une patricienne romaine qui demanda un jour à un Sage: "Mais que fait D' toute la journée ?" Et il lui répondit: "Il arrange des mariages". Ceci nous donne la dimension de la difficulté qu'implique une telle entreprise. Le fait d'arranger un mariage signifie explorer les personnalités profondes de deux êtres, révéler ce qui est voilé en eux, comprendre qui ils sont réellement et déduire s'ils sont faits l'un pour l'autre. Sommes-nous véritablement aptes à réaliser cela ? Peut-être... En tout cas, il semblerait qu'il s'agisse là d'une tâche aussi ardue que... de diviser les eaux la mer Rouge.
Il y a des personnes que nous aimons et d'autres pas. Nous en préférons certaines en raison de leur conduite, de leur langage, de leurs valeurs et, pour ces mêmes raisons, nous en abhorrons d'autres. Mais l'être humain est bien plus qu'un simple amas de mots, d'actions, de gestes et de pensées, qui ne sont que les signes extérieurs... que la surface. Au fond de l'homme se trouve l'âme, cachée et invisible. Cet élément tant décrit, pratiquement inconnu et certes jamais vu, est l'impulsion que D' a insufflée à l'homme. C'est cette étincelle de divinité qui se trouve au plus profond de chacun d'entre nous.
La Torah nous enseigne: "Et tu aimeras ton prochain comme toi-même". Lorsque deux personnes se rencontrent, un sentiment d'hostilité et de méfiance s'élève tout d'abord le plus souvent en elles. D'ailleurs, comment est-il possible "d'aimer son prochain comme soi-même" ? Cela n'est réalisable que si l'on se donne la peine de chercher à découvrir et à comprendre ce qui se cache sous la surface voilée de l'autre. Nous devons nous souvenir que dans le corps de l'autre évolue également une étincelle divine. C'est uniquement dans cet esprit que nous pouvons réaliser ce commandement divin, car la petite flamme divine qui scintille dans notre prochain provient de la même source que la nôtre: il n'est qu'une extension du moi.
Simple, n'est-ce pas ? Oui - aussi facile que de "Diviser les eaux de la mer Rouge" !

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