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Sommaire Judée-Samarie-Gaza Automne 1998 - Tishri 5759

Éditorial - Automne 1998
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Roch Hachanah 5759
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Judée-Samarie-Gaza
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Éthique et Judaïsme
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Escale à Beth El

Par Roland S. Süssmann
"Que ce lieu est redoutable ! Ceci n'est autre que la maison du Seigneur, et ceci est la porte du ciel... et il [Jacob] appela cet endroit BETH EL (Maison de D')."(Genèse XXVIII, 17-19).
Dans notre périple à travers les terres juives de Judée, de Samarie et de Gaza, nous avons fait halte aujourd'hui à BETH EL, lieu cité plus d'une centaine de fois dans la Bible, où Jacob fit son fameux rêve de l'échelle des anges et où il rencontra l'Éternel. Nous avons été très chaleureusement accueillis par le maire de la ville, M. OURI ARIEL, qui est également membre du Comité directeur du Conseil des Communautés juives de Judée-Samarie-Gaza (YESHA). Nous nous sommes tout d'abord entretenus de sa municipalité avant de nous livrer à un tour d'horizon général de la situation des Juifs qui vivent dans les territoires cinq ans après la signature des Accords d'Oslo.

Pouvez-vous en quelques mots brosser un tableau de la ville de Beth El telle qu'elle se présente aujourd'hui ?

Il est important de rappeler que de tout temps, il y a eu des Juifs à Beth El. Ce lieu revêt d'ailleurs un caractère particulier et jouit d'une notoriété mondiale grâce à une légende qui raconte qu'un roc originaire de Beth El se trouve sous le trône de la Reine de Grande-Bretagne. Celui-ci y aurait été déposé afin de marquer la relation étroite entre la royauté britannique et le lieu où Jacob rencontra D'. Cela étant dit, depuis vingt ans, Beth El a retrouvé sa vocation première, celle d'être une ville juive. Quatre mille personnes y vivent aujourd'hui, dont environ la moitié sont des enfants. Sur le plan de l'évolution démographique, nous nous plaçons en première ou deuxième position dans le pays. Nous faisons donc un effort particulier dans le domaine de l'infrastructure éducative, car nous devons offrir à environ 2000 enfants une instruction complète, tant laïque que religieuse, et ce dès la maternelle. Ces activités éducatives génèrent des emplois permettant à de nombreuses personnes de travailler à Beth El même. A ce sujet, il est intéressant de souligner que pratiquement 50% de la population active travaille à Beth El. Nous avons plusieurs industries, la plus importante étant notre grande "fabrique" de tefilinnes (phylactères) qui sont exportés dans le monde entier, les tefilinnes de Beth El étant devenus un label de qualité et de sérieux. L'atelier est ouvert au public qui peut ainsi découvrir le processus de fabrication. Je tiens aussi à souligner que les studios de la radio "Arutz 7" (voir Shalom Vol. 18) se trouvent également à Beth El, bien que les émissions se fassent au départ d'un bateau situé hors des eaux territoriales israéliennes.
Quant à l'avenir immédiat, nous avons prévu de doubler la population dans les quatre ans à venir, ce qui implique qu'en moyenne, 150 à 200 nouvelles familles devraient venir s'installer chez nous chaque année, ce qui est déjà actuellement le cas.

Sur le plan géographique, Beth El est proche de nombreux villages arabes et de la ville de Ramallah où se trouve également le camp palestinien de El Bireh. Quelles sont vos relations avec vos voisins arabes ?

Depuis la conclusion des Accords d'Oslo, la conjoncture est devenue très difficile. La ville de Ramallah étant située dans ce que l'on appelle la zone A, cela signifie que les Arabes y sont à la fois responsables de l'administration civile et des questions de sécurité. Pour décrire la situation dans ces régions, je citerai les propos de notre Premier ministre qui a déclaré que ce sont des "refuges pour terroristes". Malheureusement, il ne s'agit pas d'une simple formule, mais de la description exacte de la vérité. Il y a un an, Ita Tsour et son fils Éphraïm ont été assassinés près de Beth El et leurs assassins ont fui à Ramallah où ils vivent en toute quiétude, pratiquement en héros. Il faut savoir qu'aujourd'hui, 98% de la population arabe de Judée-Samarie vit sous administration palestinienne, les 2% restants étant des Bédouins nomades. Tous les villages qui nous entourent se trouvent dans la zone B (sauf Ramallah), ce qui signifie que leurs habitants sont soumis à l'administration civile de l'OLP mais que la sécurité est assurée par Israël. Il faut bien comprendre que lorsque nous parlons de "redéploiement", il ne s'agit en fait que d'un terme pudique pour dire que nous allons remettre aux Arabes des terres situées en zone B, dont ils auront le contrôle militaire total. Nous nous opposons à ces mouvements tant sur le plan idéologique que pratique. N'oublions pas que lors de la signature des Accords d'Hébron, l'OLP s'était engagée irrévocablement à livrer les assassins ayant tué des Juifs en Israël. Non seulement aucune extradition n'a eu lieu, mais en plus ces criminels ont été nommés à des postes de choix dans l'armée d'Arafat (appelée police), où ils jouissent des honneurs et des avantages dûs à leur rang, ce qui bien entendu est inacceptable.

Il faut aussi souligner que depuis que l'OLP est en charge de Ramallah, elle n'a pas démantelé le camp palestinien situé à l'entrée de la ville et aucun des "réfugiés" qui y vit n'a été intégré dans le cours normal de la vie à Ramallah. Il en résulte que la rancýur des habitants de ces camps contre Israël est savamment entretenue et exacerbée, ce qui constitue pour nous une grave source de dangers. Nos concitoyens sont d'ailleurs régulièrement agressés par des jets de pierres ou des cocktails Molotov.

Ce dernier point nous mène directement à la question des routes de contournement. Il semblerait que depuis son arrivée au pouvoir, Benjamin Netanyahou n'ait rien entrepris pour améliorer le réseau mis en place par les administrations précédentes. Qu'en est-il en réalité ?

Il faut rappeler que les routes construites par les administrations Rabin et Peres n'avaient pas pour but d'améliorer les conditions de vie des habitants juifs des territoires, mais bien de faire avancer le processus dit de "paix" impliquant l'abandon de terres juives aux Arabes. Cela étant dit, il faut bien reconnaître qu'en l'espace de un an et demi, l'administration précédente a construit en Judée-Samarie un réseau routier remarquable qui permet aux résidents de ces régions de circuler pratiquement sans s'approcher des agglomérations arabes. Ils peuvent donc se rendre d'un endroit à un autre ou à Jérusalem sans être en permanence inquiétés.
Quant à Benjamin Netanyahou, il semblerait qu'il ait promis aux Américains qu'il n'y aurait pas d'expropriations dans le but de construire de nouvelles routes de contournement. Or dans le monde entier, et même à l'intérieur de la Ligne verte en Israël, il est courant d'exproprier des privés pour construire des routes. Il s'agit là d'une promesse extrêmement dangereuse qui met en péril la vie de nombreuses personnes. C'est un problème auquel nous devons faire face, mais je dois dire que ceci n'empêche pas les résidents de Beth El de faire preuve de courage et d'emprunter les routes existantes qui comportent certains points de passage proches des villages arabes. Or, de chacune des maisons à proximité desquelles nous sommes obligés de rouler, le risque d'agression existe, soit par un jet de pierres, un cocktail Molotov, voire même des coups de fusil. Cette réalité n'empêche pas que de nouvelles familles viennent s'établir à Beth El et aujourd'hui, je suis heureux de pouvoir dire que toutes nos caravanes sont habitées. En cas de redéploiement supplémentaire, j'espère que la région de Beth El ne sera pas directement affectée, car notre situation est déjà très dure. Mais aucun d'entre nous ne quittera Beth El, nous sommes habitués à assumer nos responsabilités dans la difficulté et à faire face dans l'adversité. Nous ne devrions jamais oublier que nous ne sommes qu'un maillon infime de la grande chaîne de l'Histoire juive et que nous faisons notre maximum afin de préparer un avenir meilleur pour les générations futures qui, à leur tour, continueront le travail que nous avons commencé. Beth El n'est encore qu'une petite ville, mais notre but est de devenir une grande agglomération et nous avons toutes les possibilités pour réaliser ce projet, ne serait-ce que sur le plan des terrains municipaux dont nous disposons actuellement.

Qui sont les personnes qui viennent s'installer à Beth El ?

Notre agglomération est avant tout composée de familles issues du camp national-religieux, dont la moyenne d'âge se situe entre 25 et 30 ans. Nous avons donc une forte majorité de nouveaux arrivants qui viennent pour des raisons idéologiques ou afin de se retrouver dans un environnement sain qui leur convient, où ils peuvent trouver une infrastructure pédagogique avec laquelle ils s'identifient. De plus, Beth El se trouve aujourd'hui à 25 minutes en voiture de Jérusalem et à 45 minutes de Tel-Aviv.

Sur le plan politique, vous avez jeté les bases d'un nouveau parti qui porterait le nom de "Tekouma" (Renaissance). Dans quelles conditions estimerez-vous utile d'activer ce nouveau parti ?

Nous nous trouvons dans une situation un peu particulière. Jusqu'à présent, nous avons mené notre action politique sur deux fronts: d'une part, en renforçant la position du Premier ministre et d'autre part, en coopérant très activement avec le Parti national-religieux, le Mafdal, dont la plate-forme idéologique s'oppose à tout retrait territorial. Or il semblerait que certains membres du Mafdal soient aujourd'hui disposés à donner leur aval au plan de Benjamin Netanyahou de procéder à un redéploiement. Pour notre part, nous ne pouvons ni continuer à soutenir ni coopérer avec un parti se disant national et religieux qui permettrait à un premier ministre de droite d'abandonner aux Arabes certaines régions du centre d'Éretz Israël. Si les dirigeants de ce parti pensent pouvoir agir impunément de la sorte, ils se trompent lourdement car ils perdront une bonne partie de leurs sièges aux prochaines élections, en admettant que, suite à cette affaire, leur parti ne soit pas totalement éclaté, voire dissous ! Au cas où le Mafdal nous laisserait tomber, nous devons avoir une alternative qui nous permette d'agir et de continuer le combat politique dans la ligne idéologique que nous nous sommes fixée. Nous nous préparons donc techniquement, financièrement et politiquement. Pour l'instant, nous ne sommes pas encore établis en tant que parti actif et nous espérons qu'en définitive, cela ne sera pas nécessaire. Par contre, nous sommes prêts à faire face à toute éventualité.

En conclusion, je voudrais dire que si nous continuons notre action sur le plan politique, c'est sur le terrain que se situe la partie majeure de notre travail. Pour nous, la construction et le peuplement de toutes les terres juives d'Éretz Israël restent le point essentiel de notre ýuvre et du combat que nous menons, certes avec difficulté, mais pas sans succès.

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