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Sommaire Bulgarie Printemps 2001 - Pessah 5761

Éditorial - Printemps 2001
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Pessah 5761
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Renouveau juif en Bulgarie

Par Roland S. Süssmann
Au cours des dernières années, j’ai interviewé un grand nombre de leaders juifs et de dirigeants communautaires et ce sur les cinq continents. Aucun d’entre eux n’avait dans son bureau à la fois le drapeau du pays dans lequel il vivait et le drapeau d’Israël. Il en va tout autrement de celui du Dr EMIL KALO, président de l’organisation des Juifs de Bulgarie, «OJB-SHALOM» (Organization of the Jews in Bulgaria), qui regroupe aujourd’hui l’ensemble des dix-neuf communautés juives du pays qui comptent environ 8000 membres, bien que les statistiques officielles ne reconnaissent que l’existence de 3500 Juifs. Dans le but de signifier clairement à chacun de ses interlocuteurs, très souvent non-juifs, que la communauté juive de Bulgarie s’identifie très fortement avec Israël, deux drapeaux ornent donc le bureau présidentiel de M. Kalo, le vert, blanc et rouge de la Bulgarie, et le bleu et blanc d’Israël.
Quant au Dr Kalo en tant que tel, il colle parfaitement à l’image classique du bulgare comme on se l’imagine, élevé au yoghourt et au fromage feta de brebis: un grand gars massif, solide, doté d’une voix de stentor, au rire communicatif franc et fort, fumant cigarette sur cigarette d’un tabac noir dégageant une odeur âcre. Son discours est celui d’un homme conscient des réalités, sans illusions, mais plein d’espoir et doté d’un esprit dominé par un souci d’action et d’efficacité. Grand homme d’affaires, il consacre toutes ses heures libres (et une bonne partie de son temps de travail) à l’essor et au bien-être de sa communauté à laquelle il est totalement dévoué et dont il est très fier.

Avant de nous parler de la vie juive en Bulgarie à l’aube du nouveau millénaire, pouvez-vous en quelques mots évoquer la nature des relations entre les Bulgares et les Juifs au cours de l’histoire ?

L’événement marquant est le sauvetage de l’ensemble de la communauté des Juifs bulgares pendant la Shoa, soit 50’000 personnes. Nous sommes la seule communauté juive d’Europe à avoir été plus nombreuse à la fin de la Shoa qu’au début. Mais avant d’en parler plus longuement, un petit rappel historique s’impose.
La communauté juive de Bulgarie est l’une des plus anciennes d’Europe et les relations entre la population bulgare et les Juifs ont toujours été excellentes. L’empereur romain Caligula, qui régna de 37 à 41 avant notre ère, faisait déjà mention d’une présence juive sur ces terres. Après la création du tout premier État bulgare en 681, plusieurs petites communautés y furent établies. Il est intéressant de noter que dans un certain sens, la Bulgarie fut de tout temps une terre d’asile pour les Juifs. Par exemple, rappelons que lors des persécutions de Bysance sous l’empereur Lion III, de nombreux Juifs se sauvèrent en Bulgarie. Il en fut de même lorsqu’en 1376, les Juifs, fuyant les hordes des Croisés, y trouvèrent refuge après avoir été chassés de Hongrie puis, en 1470, quand ils furent expulsés de Bavière. Au moment de l’Inquisition espagnole, de nombreux Juifs séfarades vinrent s’installer à Salonique et dans les Balkans. Les Juifs qui vivaient déjà ici s’intégrèrent alors à cette nouvelle et importante communauté et ce sont les descendants de ces immigrants qui constituent aujourd’hui la majeure partie de la communauté juive bulgare. Vers le milieu du XVIe siècle, Sofia comptait trois communautés juives: romaniote, séfarade et ashkénaze, mais il n’y avait qu’un seul rabbin pour les trois communautés. Pendant la période où la Bulgarie faisait partie de l’Empire ottoman et était dominée par les Turcs, les Juifs jouèrent le rôle de médiateur entre «l’occupant et l’occupé». N’étant ni musulmans ni chrétiens, ils purent exercer cette fonction d’intermédiaire qui, en définitive, s’avéra être une forme de protection de la population bulgare contre les Turcs. Cet état de choses non seulement améliora les relations entre les populations bulgares et juives, mais généra également une certaine forme de reconnaissance de la population locale envers ses Juifs. Autre élément important dans le paysage politique de la Bulgarie, le rôle de l’Église. Alors que dans les pays slaves orientaux (Russie, Biélorussie, Ukraine, etc.) et occidentaux (Pologne, Tchéquie, Slovaquie, etc.) les relations entre l’Église et les Juifs ont de tout temps été imprégnées d’antisémitisme, cela n’a jamais été le cas dans les pays slaves dits méridionaux comme la Bulgarie, où il n’y a pas de tradition d’intolérance. Tous ces éléments font que l’antisémitisme n’a jamais vraiment trouvé d’écho auprès de la population bulgare et qu’il n’y a pratiquement pas eu de pogromes ici. Malgré le fait que notre communauté ne constituait qu’une infime minorité, sa contribution générale et culturelle à l’essor de la Bulgarie a été jalonnée de personnalités remarquables tels le lauréat du Prix Nobel de Littérature M. Elias Canetti, le compositeur Pancho Bladigerov, les peintres Boris Schatz et Jules Pascin ainsi qu’un grand nombre de notables de l’intelligentsia européenne de la première moitié du XXe siècle. De nos jours, notre communauté est fortement représentée dans le monde culturel et scientifique, elle compte également de nombreux médecins et avocats remarquables.

La communauté juive de Bulgarie a été sauvée et aucun Juif bulgare n’a été déporté pendant la Shoa et ce malgré le fait que le roi Boris III ait volontairement signé le pacte triparti en 1941. Parallèlement, les Juifs de Thrace et de Macédoine ont été déportés et assassinés à Treblinka. Comment expliquez-vous ce phénomène unique ?

Je dois souligner qu’aujourd’hui, toute cette époque est étudiée de près, les archives, les faits et les contradictions sont soigneusement scrutés, car le dernier mot n’a pas encore été dit sur ces événements. Cela étant, le fait primordial qui doit être affirmé et répété réside dans le sauvetage des 50’000 Juifs bulgares. Ceci ne signifie pas que les choses furent faciles. Dès que Boris III adhéra aux puissances de l’Axe, l’Allemagne élabora un plan visant à annihiler l’ensemble de la communauté juive bulgare. Les lois fascistes et antijuives furent promulguées. Le programme des déportations avait été conçu de manière telle à ce que les Juifs de la périphérie soient arrêtés les premiers puis, progressivement, ceux du centre du pays et de la capitale. Avec la collaboration active des autorités, de l’administration et de la police bulgare, 11’343 Juifs de Thrace et de Macédoine furent déportés le 11 mars 1943 ! C’est à ce moment-là que les Bulgares, la population et l’Église prirent conscience des faits, se révoltèrent et entreprirent toutes sortes d’actions afin de dire NON à la déportation et à l’assassinat des Juifs de leur pays. Il n’en reste pas moins que les Juifs furent arrêtés, ceux de Sofia furent relogés dans des villes et des villages d’où ils pouvaient être facilement déportés. A Plovdiv par exemple, où il existait une forte population juive, les Juifs furent rassemblés dans l’école municipale transformée en camp pour l’occasion. Les trains de wagons à bestiaux étaient déjà en gare, prêts à les emmener vers les camps. L’archevêque orthodoxe de la ville menaça alors de se coucher sur les rails si la déportation avait lieu, et c’est grâce à cet avertissement que les Juifs purent rentrer chez eux. Les lois fascistes et antisémites furent néanmoins rigoureusement appliquées. Les Juifs n’avaient pas le droit de travailler, leurs avoirs immobiliers furent nationalisés et les restrictions étaient nombreuses. Le port de l’étoile jaune était obligatoire mais, curieusement, il s’agissait d’une petite étoile d’environ 3 x 3 cm, contrairement à celles portées dans les autres pays sous occupation, qui étaient nettement plus grandes. Par précaution, une bonne partie des Juifs, de petits commerçants, transférèrent leurs affaires à des amis bulgares afin qu’elles ne soit pas perdues. Dans tous les cas, les entreprises furent restituées à leurs propriétaires à la fin de la guerre. Le sauvetage des Juifs de Bulgarie ne fut pas une mince affaire, il y eut beaucoup d’interventions parlementaires, cléricales et populaires ainsi qu’un grand nombre de rebondissements qui, en définitive, furent couronnés de succès.

Les biens communautaires ont-ils également été restitués ?

La Bulgarie est l’un des premiers pays à avoir adopté, dès 1989, une loi pour la restitution des biens juifs. En fonction de celle-ci, nous avons récupéré 90% des nos avoirs immobiliers à travers le pays. Toutefois, deux immeubles importants situés au centre de Sofia ne nous ont pas encore été restitués, malgré le fait que la Haute Cour ait statué en notre faveur dans cette affaire. Certains intérêts économiques font que, pour l’instant, nous n’avons pas encore pu recouvrer ces biens.

Un vieux dicton veut «qu’un malheur vient rarement seul». Après le nazisme, votre pays a connu le communisme. Quelle était la situation des Juifs sous le régime soviétique ?

Là encore, le cas bulgare est unique en son genre. En 1948, lors de la création de l’État d’Israël, les communistes au pouvoir ont permis à chaque Juif qui le souhaitait de partir en Israël. Environ 90% des Juifs ont saisi cette chance, ce qui signifie que plus de 40’000 personnes ont quitté la Bulgarie. Les 10% restants étaient des communistes convaincus. Il faut se souvenir que lorsque Boris III a adhéré à l’Axe et que les lois antijuives ont été promulguées ici, seul le Parti communiste s’est ouvertement élevé pour les dénoncer et les combattre. Les Juifs qui avaient alors adhéré au parti lui sont restés reconnaissants et fidèles et n’ont pas quitté le pays en 1948. Certains d’entre eux sont des communistes convaincus, purs et durs. Mais il faut bien dire que c’est en fait grâce à eux qu’il existe encore une communauté juive en Bulgarie aujourd’hui.

Justement, vous venez de dire le mot «aujourd’hui». Comment se déroule la vie juive actuellement en Bulgarie ?

La mentalité bulgare est celle de la tolérance et de la laïcité. Même l’Église orthodoxe n’est pas une institution où la pratique religieuse constitue la priorité. Ceci n’empêche d’ailleurs pas que Sofia compte de nombreuses églises superbes ainsi que l’une des plus belles synagogues d’Europe. Nous, Juifs, sommes pareils, nous sommes très heureux et fiers d'être juifs, mais nous ne sommes pas une communauté très pratiquante, bien que traditionaliste. Par exemple, nous enterrons nos morts sans «tahara» (lavage rituel des corps) et notre rabbin actuel, M. Kachlon, vit en Israël et vient une fois par mois pour quelques jours, ce qui à mon avis est largement suffisant. En ce qui concerne la gestion de la vie religieuse au quotidien, nous avons formé un jeune homme, Juif bulgare, M. Isaac Samouila, que nous avons envoyé à la yéshivah en Israël où il a acquis une solide instruction et éducation juives. Sous la surveillance du rabbin, M. Samouila procède également à la «chekhitah», l’abattage rituel des animaux, pour approvisionner en viande cacher la maison de retraite et les camps de vacances.
Il faut bien comprendre que durant la période communiste, soit pendant environ 45 ans, la vie juive était pour ainsi dire totalement morte ici, bien que notre organisation faîtière «OJB-SHALOM», fondée il y a 75 ans, continua d’exister… sur le papier. Dès la chute du mur de Berlin, nous avons décidé de remercier nos dirigeants communautaires et d’établir une nouvelle forme de vie juive active et dynamique en Bulgarie. En raison de la situation économique désastreuse, nous avons dû faire face à une priorité, celle d’assurer une vieillesse décente à nos aînés tout en développant une série d’activités juives pour la jeunesse. Pendant les huit premières années, nous avons donc dirigé tous nos efforts vers ces deux parties de notre communauté, négligeant un peu la génération dite «intermédiaire». Mais dès le mois de janvier 1990, nous avons progressivement mis en place des structures dans les domaines de l’aide sociale, de l’éducation (scolaire et informelle), de la vie culturelle et cultuelle juives et ce en coopération étroite avec les organisations juives locales: le B’nai Brith, la Wizo, le Maccabi, la Fédération sioniste, etc.

Qu’en est-il de l’antisémitisme en Bulgarie ?

Il n’y a pas de tradition antisémite dans le pays, il existe certains groupuscules qui se déclarent ouvertement antisémites, mais nous ne sommes pas inquiétés pour l’instant.

Comment voyez-vous l’avenir de votre communauté ?

Vous touchez là à une question essentielle de nos préoccupations qui se trouve être au centre d’un grand débat communautaire. A ce sujet, j’organise tous les mercredis soirs une table ronde à laquelle j’invite des personnes de tous les horizons et de tous les âges à venir s’exprimer sur cette question fondamentale: quel genre de communauté sommes-nous vraiment ? quelle communauté voulons-nous être ? quelle est notre mission et quels sont nos buts ? Le fondement même de notre existence communautaire est posé avec l’interrogation suivante: «existons-nous afin de préparer les membres de notre communauté à l’émigration vers Israël ou pour assurer aux Juifs de Bulgarie une vie juive normale et active ?». La réponse quasi unanime qui ressort de nos discussions est que notre but réside dans la deuxième partie de la question et non dans la première. Tout en gardant des contacts permanents et proches avec Israël, nous devons tout mettre en œuvre afin que cette mission qui nous est confiée et qui consiste aussi à établir des structures solides garantissant une vie juive aux prochaines générations soit menée à bien avec détermination. Il ne s’agit pas uniquement de renforcer l’identité juive de notre jeunesse, ce que nous faisons, mais de lui donner l’envie et les moyens de continuer à vivre ici en tant que Juifs. C’est pour réaliser ces desseins et dans cet esprit que je travaille avec mon excellente équipe, ce grâce à l’aide de «l’American Jewish Distribution Commitee» qui assure 70% de nos finances.


L’ÉDUCATION JUIVE
L’instruction juive est divisée en deux volets: d’une part le jardin d’enfants (3-7 ans) et l’école juive primaire (7-13 ans), d’autre part l’éducation dite informelle.
L’enseignement de l’hébreu a débuté à Sofia en 1992 par un cours facultatif enseigné dans le cadre d’une école municipale primaire qui comptait 400 élèves, dont 60 Juifs ou d’origine juive. Sept ans plus tard, cette école étant devenue la plus prestigieuse de Sofia grâce à la qualité de son enseignement, son statut fut changé par décision du Ministère de l’Éducation en «école d’État» ce qui, en Bulgarie, est un label de qualité. Ceci lui permit d’inclure l’étude de langues étrangères dès le plus jeune âge si bien que l’hébreu devint officiellement la seconde langue étrangère après l’anglais. Aujourd’hui, cette école dite «hébraïque» compte environ 750 élèves, dont un tiers ont des origines juives, et où l’hébreu est une matière obligatoire pour tous. On peut se poser la question de savoir pourquoi les parents de 500 enfants bulgares non-juifs ressentent le besoin de faire apprendre l’hébreu à leurs enfants ? Peut-être parce que c’est la meilleure école de Sofia ? Les promoteurs de cette initiative estiment qu’il s’agit là d’un moyen efficace de lutter contre l’antisémitisme, souvent motivé par l’ignorance et la méconnaissance de l’autre. L’école, qui porte le nom d’un poète bulgare «Dimcho Ldebeliov», est financièrement soutenue par la célèbre «Ronald S. Lauder Foundation» et «l’American Jewish Joint Distribution Commitee». A travers toute l’Europe de l’Est, les écoles du réseau Lauder bénéficient du même type d’enseignement de l’hébreu, le but de cette démarche étant de permettre à tous les enfants des pays de la CEI ayant des origines juives de se retrouver dans des camps de vacances et de pouvoir communiquer dans une seule langue commune, l’hébreu. Il est intéressant de noter que, dans le cadre scolaire, les enfants n’ont pas de véritables cours de judaïsme. Ceux-ci font partie des leçons d’hébreu dans lesquels des rudiments sur les fêtes juives et les pratiques religieuses sont évoqués. Chaque vendredi après-midi, les élèves ayant des origines juives suivent un cours informel de judaïsme où, par le biais de jeux, de chants et de danses, les bases élémentaires de l’esprit du shabbat et du cycle de la vie juive (de la circoncision au décès) leur sont transmises. Une fois par mois, ils se rendent le vendredi après-midi au centre communautaire où ils préparent le shabbat pour leurs parents. A 18H30, toutes les familles concernées participent ensemble à un dîner shabbatique offert par la communauté. Il est intéressant de constater que c’est par le biais des activités de leurs enfants que certains parents, qui n’ont pas bénéficié d’une éducation juive, viennent progressivement à une certaine forme de pratique religieuse. Il n’est en effet pas rare qu’ils décident de recréer à la maison le repas shabbatique qu’ils ont vécu au centre communautaire.
Parallèlement à l’école, il existe un Talmud Torah, créé il y a environ 10 ans, où des cours de judaïsme sont donnés chaque dimanche et auxquels participent environ 60 jeunes entre 10 et 13 ans. Les élèves des premiers cours sont devenus les animateurs et les enseignants d’aujourd’hui. Afin d’assurer la relève, un programme nommé «Hadrakha College» a été créé, où 16 jeunes Juifs bulgares âgés de 15 à 18 ans sont formés. Ils termineront leur éducation dans le cadre d’un séminaire qui se tiendra pendant l’été 2001.
En outre, deux mouvements de jeunesse ouverts aux jeunes de plus de 13 ans sont très actifs en Bulgarie, le «Hachomer Hatzaïr» et le «B’nai Brith youth mouvement». Bien que les deux organisations disposent de leurs propres programmes et animateurs, elles bénéficient du soutien financier et logistique du AJJDC. Quant aux personnes de 18 ans et plus, le centre communautaire leur offre diverses activités culturelles, éducatives et divertissantes ainsi qu’un club du type cybercafé ouvert tous les jours dès 15 heures. L’objectif de ce genre d’animation étant bien entendu d’encourager les mariages entre Juifs.
Dans le but de promouvoir un minimum d’éducation juive, les animateurs du centre communautaire de Sofia se rendent régulièrement dans les autres villes du pays où ils organisent des repas shabbatiques. Ce programme intitulé «shabbat ensemble» inclut une rencontre shabbatique par trimestre à Sofia, où des enfants de tout le pays se retrouvent. De plus, à Varna, un petit repas shabbatique est organisé chaque vendredi soir.
En marge des animations destinées aux enfants, la communauté de Sofia offre toute une palette d’activités juives et judaïques aux étudiants et aux adultes. Celles-ci se déroulent sous la direction de M. Stefan Oscar, consultant en développement communautaire pour la Bulgarie et délégué par «l’American Jewish Joint Distribution Committee».
Toutes les activités éducatives dites informelles sont jalonnées de camps de vacances, de week-ends prolongés et de séminaires qui connaissent un franc succès et qui sont très appréciés de l’ensemble des participants. L’infrastructure pédagogique, quant à elle, est ultramoderne, équipée de tous les moyens techniques actuels, multimédias et vidéos. Bien entendu, toute l’activité se fait en coopération et en relation permanente avec Israël et les autres centres communautaires européens.


LES ACTIVITÉS SOCIALES
Comme dans tous les pays de l’Est, l’une des plus grandes charges budgétaires des communautés réside dans l’aide sociale pour les personnes âgées. En Bulgarie, celle-ci est presque entièrement prise en charge par l’AJJDC et mise en œuvre sur le terrain par M. Robert Djerassi. Outre une petite aide matérielle consistant en un complément de pension alloué à chaque personne juive retraitée qui en a besoin, R. Djerassi organise quotidiennement des animations afin de permettre aux personnes âgées de briser leur solitude. Ainsi, dans le cadre des locaux communautaires de Sofia, un centre d’activités quotidiennes a été établi. Chaque jour, une centaine de personnes arrivent vers 10H00 du matin pour participer à des activités sociales ou culturelles de leur choix. Vers midi, un repas chaud leur est servi, auquel se joignent en général encore 60 personnes qui restent ensuite pour le café, pour bavarder et retrouver des amis. Le centre dispose aussi d’un cabinet médical relativement bien équipé destiné à ceux qui ne souhaitent pas se rendre à l’hôpital ou dans un dispensaire. Mais l’une des raisons majeures de l’importante fréquentation du centre journalier réside dans le coût élevé du chauffage. S’il est vrai que les personnes âgées ont pu acquérir leur appartement sous le régime communiste, le montant de leur retraite est souvent nettement inférieur au coût du chauffage qui est d’environ 150 Lev (env. US$.60.-) pour un appartement de 60m2, alors qu’une rente moyenne s’élève à env. 65 Lev (US$.20.-). Par conséquent, les pensionnaires ne le laissent allumé que dans la cuisine. Le centre quotidien est agréablement chauffé. Il en va de même pendant les mois d’été où la chaleur est étouffante dans les appartements. Comme le centre dispose de l’air conditionné, nombreux sont ceux qui viennent également y passer leurs journées d’été.
En plus des repas chauds servis au centre communautaire, l’organisation dispose d’un service de nourriture à domicile qui dessert quotidiennement une cinquantaine de personnes seules. Les plats ainsi distribués sont préparés dans une cuisine spéciale. En fonction des besoins, les personnes qui vivent seules et qui ne peuvent plus sortir ont la possibilité de faire appel à une aide ménagère. L’AJJDC organise aussi des excursions, des camps de vacances et même des rencontres internationales pour ses protégés de l’âge d’or. Il existe aussi un club de ladino pour la survie et la promotion de la langue, et des rencontres internationales sont régulièrement organisées au cours desquelles des personnes de Grèce, de Turquie et d’autres pays se retrouvent pour échanger leur savoir. Finalement, la communauté dispose d’un home pour personnes âgées moderne qui, à ce jour, compte 30 résidents.
Lorsque l’on parle de foyers pour personnes âgées, une image de tristesse et de misère vient souvent à l’esprit. Or, ce qui est frappant au centre journalier de Sofia, c’est que nous avons rencontré des hommes et des femmes souriants, heureux de participer aux différentes activités fort variées qui leur sont proposées, mais surtout des personnes pour qui la venue dans ce lieu constitue une véritable sortie, un événement, bref une bonne occasion de bien s’habiller.


LA PRESSE JUIVE
La communauté dispose d’un bi-mensuel, «Hebreïski Vesti» (nouvelles juives), dirigé et édité par Mme Mihaylina Pavlova, entourée d’une petite équipe de journalistes à plein temps et d’un grand réseau de correspondants bénévoles à travers tout le pays et à l’étranger. Ce journal fut fondé pendant le régime communiste et le premier numéro parut le 1er novembre 1933. Alors qu’à ses débuts il avait une mission politique bien définie, depuis quelques années il est dépourvu de toute prise de position. D’une fidélité à toute épreuve au pays, à la nation et au gouvernement bulgare, Hebreïski Vesti ne parle que de la vie communautaire et dispose d’une forte section culturelle et informative sur Israël. A ce sujet, la rédaction du journal reflète la position de la communauté juive à l’égard d’Israël et exprime son soutien indéfectible à l’État hébreu. Les informations sur Israël sont rapportées sans aucune prise de position politique concernant les problèmes qui secouent la région. Une page entière est réservée à des sujets religieux et une analyse de la Paracha est régulièrement publiée, en général écrite par M. Isaac Samouila, l’adjoint polyvalent du rabbin. Sur initiative du rédacteur en chef, une nouvelle section vient d’être ouverte dans laquelle des personnes âgées sont interviewées sur les us et coutumes du passé tant en ce qui concerne les traditions familiales, culinaires que vestimentaires. Le journal tire à 2000 exemplaires et est distribué en Bulgarie ainsi qu’à des abonnés bulgares vivant en Israël et aux USA.


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