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Sommaire Roch Hachanah 5756 Automne 1995 - Tishri 5756

Éditorial - Septembre 1995
    • Éditorial

Roch Hachanah 5756
    • L'an prochain à ... ?

Politique
    • Un dernier tour de piste
    • Action - Exemplarité - Persévérance

Interview
    • Illusions - Réalités - Dangers
    • La croix et la Loi

Analyse
    • Le second partage de la Palestine
    • Pourparlers de paix - Préparatifs de guerre

Judée-Samarie-Gaza
    • Prévenir - Protéger - Sauver
    • Halte à Bat Ayin

Art et Culture
    • L'Inde à Jérusalem
    • Jérusalem - 3000 ans d'histoire
    • Béla Czobel (1883-1976)

Économie
    • Israël - Paradis fiscal ?

Éthique et Judaïsme
    • La responsabilité de l'éducation

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L'an prochain à ... ?

Par le Rabbin Zalman I. Posner *
"Qui vivra et qui mourra... " Ces paroles terrifiantes de la prière "Ounetané Tokeph" de Roch Hachanah sont chantées sur une mélodie traditionnelle et lancinante. Un destin inconnu nous guette en cette nouvelle année. Qui sera encore parmi nous Roch Hachanah prochain ? Telles sont les pensées qui remplissent nos cýurs et nos esprits au cours de la période appelée les "Jours redoutables", qui s'étend de Roch Hachanah à Yom Kipour. Pour beaucoup de Juifs, cette prière constitue le moment le plus fort des solennités qui marquent le début de l'année juive.
Depuis Kipour 1948, nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la pertinence du výu prononcé après Neïla (prière clôturant l'office de Kipour) ainsi qu'à l'issue du Séder de Pessah: "L'an prochain à Jérusalem". A cette époque, n'étions-nous pas déjà bien présents dans la Ville sainte ? - Non - car la Vieille Ville n'était pas sous souveraineté juive. Et depuis la Guerre des Six Jours ? Ceux d'entre nous qui se souviennent de 1967 n'oublieront jamais l'émotion extraordinaire mêlée de sentiments de triomphe devant le Kotel restauré, dans la Jérusalem juive désormais réunifiée. En 1973, des bouleversements dramatiques ont suscité une ferveur renouvelée dans nos prières. Nous avons alors réalisé que ce que D' nous a donné peut nous être repris; nous devons constamment mériter Ses bienfaits. Et le triomphe de 1973 - tout aussi miraculeux que celui de 1967 - eut lieu.
Qu'en est-il aujourd'hui ? L'angoisse nous étreint devant des lendemains incertains. Serons-nous l'an prochain à Jérusalem ? Les Juifs auront-ils accès au Kotel par la grâce d'un... Arafat ? Cette idée nous glace le sang. On nous promet monts et merveilles, mais les garanties proposées sont aussi peu convaincantes que rassurantes. Mais, direz-vous, n'aurons-nous pas la paix en échange ? Mais quelle peut bien être la valeur d'une paix qui risque d'affaiblir le lien entre Israël et Jérusalem ? Pourquoi les Arabes ne s'expriment-ils jamais positivement à l'égard de la Jérusalem juive et pourquoi y a-t-il tant de discours rassurants émanant du gouvernement israélien ? Notre peuple est-il tellement naïf ? Cette idée est difficilement acceptable.
Nous sommes appelés "maaminim bené maaminim", croyants, fils de croyants. Mais n'y a-t-il pas un grand nombre de Juifs athées, non croyants ? Non. Permettez-moi d'émettre une hypothèse que je ne peux pas prouver, mais qui n'en est pas moins plausible et raisonnable pour autant. L'homme naît avec un trésor de foi; il est libre d'investir cette foi là où il le désire et, peu importe son choix, il garde la foi. Voici quelques exemples pour illustrer mon propos.
Jusqu'à récemment encore, des millions de personnes avaient foi dans le communisme soviétique. Elles avaient simplement substitué Marx à la Bible, Lenine aux Prophètes; elles vénéraient les reliques de leurs "saints", dénonçaient les hérésies et punissaient implacablement les hérétiques. La nouvelle "foi" s'inspirait directement de l'Inquisition espagole. D'autres ont foi dans des religions formelles, mais non juives. Totalement ignares en ce qui concerne le judaïsme, elles croient aveuglement dans le discours prêché par des missionnaires judaïquement tout aussi analphabètes. D'autres encore, brandissant fièrement la bannière de la modernité, de l'athéisme, pratiquent le culte de la science et du génie humain, ignorant totalement les limites intrinsèques de la science. Elles croient en l'homme, mais l'expérience historique a démontré qu'il s'agit là d'une croyance non fondée. Et il y a enfin celles qui croient profondément dans le tout-puissant... dollar ! Toutes ces "religions" ont séduit bien des Juifs qui sont restés fixés sur les promesses romantiques du XIXe siècle. Le Juif athée est donc un mythe.
Et maintenant, nous avons une nouvelle "religion", celle de la paix ! La foi peut être le résultat d'un besoin profond de sécurité, de richesse, de reconnaissance, etc. Israël, le peuple juif, a besoin de paix plus qu'aucune autre nation sur la face de la terre et pourtant, depuis l'époque du roi Salomon, il n'a jamais bénéficié de la bénédiction de la paix. En fait, Israël n'a connu qu'une seule guerre, qui a débuté avant la fondation de l'État et n'a pas cessé depuis. Seule la forme a varié: guerres d'agression, intifadah, boycott économique, processus de paix, etc. Israël désire ardemment, passionnément la paix. Il n'est donc pas surprenant que ce désir intense se soit transformé en "foi" en Arafat, en l'Égypte, en la Syrie. Un Arafat moribond a été ressuscité par nos soins, et les vagues allusions d'Assad faisant miroiter une certaine paix, sous certaines conditions, dans un avenir indéterminé, provoquent chez les nouveaux croyants des paroxysmes de joie.
"Bienheureux l'homme qui ne T'oublie pas et qui puise sa force en Toi"; ce sont les paroles de l'office de Moussaf de Roch Hachanah. Voici une foi qui trop souvent encore fait défaut, peut-être parce qu'elle est contraire à la ligne officielle du Parti, la foi en l'Éternel. Faut-il s'étonner dès lors que quoi qu'Arafat fasse, certains dirigeants d'Israël ne perdent jamais leur foi en lui, au point de mettre leur pays en danger et ce au nom de cette même foi. L'obstination que Maimonide réserve à notre foi dans le Messie, "im kol zè ani ma'amin" ("je crois en dépit de tout"), est aujourd'hui appliquée à cette chimère qu'ils appellent paix.
Il existe une autre foi, non théiste, que les Juifs ont apprise en payant un prix terrible à Auschwitz: croyez votre ennemi; s'il promet de vous tuer, c'est qu'il l'entend vraiment. Or c'est précisément ce que nos ennemis d'hier et d'aujourd'hui ont juré de faire et ils n'ont pas renoncé à ce serment. Nous les croyons. Nous sommes persuadés qu'ils sont honnêtes et authentiques dans leurs déclarations. L'expérience vécue il y a un demi-siècle avec leurs prédécesseurs en Allemagne et le zèle remarquable qu'ils déploient actuellement pour entretenir les thèses nazies ne nous permettent pas de croire que la "paix" est en vue.
Le mot medina, État, comme dans Medinat Yisraël, a toujours suscité une fierté indescriptible. Or dans le Moussaf de Roch Hachanah, nous trouvons: "Il est dit des medinot: qui pour l'épée, qui pour la paix." Ce n'est pas seulement le destin de l'individu qui est déterminé à Roch Hachanah, mais également celui des États et parmi eux, le nôtre. Les actes de l'individu affectent le sort de la nation. Et c'est la foi qui décide du destin.
Lorsque le patriarche Jacob revint en Terre promise, il engagea tous les membres de sa famille à se défaire "des dieux étrangers". Les rêves et croyances du XIXe siècle ont été mis à l'épreuve de l'histoire et n'ont produit que des échecs. Les nouvelles quotidiennes nous parlent de remise en question, de désillusion, d'une prudence nouvelle face aux "nouvelles croyances" ce qui, en définitive, résulte en une marche lente mais significative vers l'"Émounah", la foi juive digne de croyants, fils de croyants, qui anime dans un même souffle parents et enfants.
Nous souhaitons à notre medina (nation): "Lechanah tova tikatevi", "qu'elle soit inscrite dans le Livre de la bonne année".

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