A Boire et à manger… | |
Si quelqu’un avait dit à l’un des pères fondateurs de l’État d’Israël que 56 ans après sa création la pauvreté au sein d’une partie de la population serait telle qu’il faudrait créer des organisations de distribution de nourriture, des restaurants sociaux, des soupes populaires etc., il n’en aurait pas cru un mot. Or c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui à travers tout le pays. Afin d’illustrer cette situation de manière concrète, nous avons rencontré plusieurs responsables de l’organisation OROT CHESSED, qui opère dans les zones les plus défavorisées d’Israël. Active depuis quatre ans, cette association est divisée en neuf sections travaillant toutes avec des volontaires dans neuf endroits différents. A cela s’ajoute une quarantaine d’agglomérations, dont certains habitants bénéficient des distributions de nourriture de manière ponctuelle. La veille de Pessah par exemple, les paquets sont distribués dans 150 localités et à Pessah dernier, 16'000 familles ont ainsi été livrées. Chaque semaine, environ 1000 à 1200 colis sont offerts, auxquels s’ajoutent 1500 repas chauds répartis quotidiennement. Contrairement à d’autres organisations, Orot Chessed a choisi de sauvegarder la dignité des personnes nécessiteuses et de ne pas ouvrir de «Resto du cœur», les gens s’y rendant pouvant ressentir une certaine gêne et préférer avoir faim plutôt que d’être vus en un tel lieu. Dans chaque endroit, les antennes locales de Orot Chessed sont en contact direct avec les services sociaux de la ville, les rabbins et les enseignants, bref avec tous ceux susceptibles de connaître la détresse financière d’une famille et de signaler ses besoins à l’organisation. Il s’agit là d’une démarche essentielle, les personnes nécessiteuses hésitant souvent à se faire connaître. Au début, les responsables des services sociaux étaient assez sceptiques, ils estimaient que le fait de distribuer des colis de nourriture «encouragerait» dans un certain sens les récipiendaires qui, voyant que «les oiseaux rôtis leur volaient dans la bouche ouverte», auraient tendance à se complaire dans leur malheur. Or l’expérience a prouvé que non seulement les personnes ainsi aidées mettaient tout en œuvre afin de se sortir de leurs difficultés momentanées le plus rapidement possible, mais qu’elles s’avéraient être des volontaires dévouées, efficaces et reconnaissantes. Un exemple intéressant vient illustrer cette réalité: à Kiriath Gat où vit une grande population de Juifs originaires d’Éthiopie, des adolescents ont été engagés par leur école pour participer à l’emballage de cartons de nourriture. Soudain, l’un d’eux a dit à son ami: «Je sais que l’un des cartons que nous sommes en train de préparer sera remis à ma famille !» Il faut savoir qu’à certaines périodes de l’année, l’organisation compte jusqu’à mille volontaires. De plus, Orot Chessed a mis en place un vestiaire à Kiriath Malachi et à Ofakim, où les personnes qui souhaitent s’acheter des habits peuvent venir choisir des vêtements pour 1,-- shekel par pièce sélectionnée. Ces «magasins» sont également gérés par des volontaires qui ne s’occupent pas seulement de la collecte d’habits, mais procèdent également au tri et aux réparations qui s’imposent lorsque celles-ci sont possibles. Il est intéressant de savoir que la distribution des repas chauds est réalisée de deux manières différentes: dans des cuisines de l’organisation, mais surtout en coopération directe avec l’armée. C’est à l’initiative du député Ouri Ariel (voir SHALOM Vol. 30), responsable du Comité des finances de l’armée à la Knesseth, que les «surplus» de nourriture sont distribués en fin de journée par des organisations caritatives aux familles dans le besoin. Ces «surplus» proviennent du fait que chaque jour, l’armée prépare un certain nombre de portions de repas en fonction des soldats présents dans les différentes bases. Un chiffre permet de donner une idée de l’ampleur de cette opération. Dans l’une des grande bases militaires du pays, environ 15'000 à 18'000 repas sont préparés quotidiennement. Or il se trouve que le nombre de soldats inscrits ne correspond pas toujours au nombre de soldats présents, certains étant en mission, en congé ou malades. Une quantité importante de portions n’est donc pas consommée. Une règle bien établie veut que l’armée ne garde pas de restes et ne réchauffe rien, ce qui n’est pas mangé le jour de la cuisson part directement à la poubelle. Afin d’éviter ce gaspillage, les portions restantes sont mises dans des plats en alu fermés et distribués par des volontaires qui vont les chercher dans les bases. Cette opération a pris une telle ampleur que certaines bases cuisent des portions supplémentaires afin d’éviter que les familles, pour qui les aliments en provenance des cuisines de l’armée constituent pratiquement la seule source de nourriture, ne restent pas sur leur faim. De cette situation bien triste, un élément d’encouragement ressort: il s’agit de l’énorme élan de solidarité de la population israélienne envers ces familles nécessiteuses. En effet, un grand nombre d’hommes, de femmes et d’adolescents se sont portés volontaires pour venir en aide à leurs frères qui vivent des moments difficiles et souvent dégradants. |