Juif en Hrvatska 
Par Roland S. Süssmann
Le titre de cet article résume en fait la situation actuelle du judaïsme croate. «Hier – le passé». Bien que riche et florissante, la Communauté juive de Croatie a été décimée de la manière la plus horrible par le régime des Oustachis, le suppôt non pas de Satan comme le veut l’expression consacrée, mais des Allemands et de leurs complices nazis. «Aujourd’hui – le présent» constitue le corps de ce reportage, dont le but est de nous permettre de découvrir une communauté un peu oubliée qui, à peine sortie d’une guerre, tente de vivre un renouveau. Quant à « demain – l’avenir», un énorme point d’interrogation s’impose.
Personne ne sait de quoi le futur sera fait, mais dans le cas de la Communauté juive de Croatie, celui-ci est chargé d’une hypothèque supplémentaire due au degré extrêmement élevé d'assimilation et de mariages mixtes et au taux relativement faible des membres authentiquement juifs (de mère juive). D’ailleurs, poser la question de savoir si telle ou telle personne est authentiquement juive est assez mal vu, la réponse qui vient invariablement est: «il est membre de la communauté»… Cette réalité est quotidiennement affrontée par une équipe dynamique et déterminée qui, sous la présidence du Dr Ognjen Kraus, urologue de renom, et du rabbin Kotel Dadon, met tout en œuvre pour rétablir une vie juive communautaire. Parallèlement, l’un de ses buts est de préparer un avenir permettant aux prochaines générations de vivre pleinement leur judaïsme en Croatie.
Sans vouloir nous livrer à un travail d’historien superficiel, il nous a paru utile de rappeler brièvement les étapes essentielles de l’histoire de la présence juive en Croatie. Les premiers Juifs se sont établis en Croatie lorsque les Romains ont décrété une liberté totale de mouvement et de résidence dans l’ensemble de l’Empire. Des découvertes archéologiques datant du IIe, IIIe et IVe siècle ont permis de mettre à jour quelques traces d’une présence juive, en particulier à Salona, ville située près de Split, et à Osijek. D’autres mentions de communautés juives datant des XIIe et XIIIe siècles se trouvent dans les décrets des rois de la dynastie Arpad, qui stipulent certaines restrictions concernant les droits des Juifs. Aux XIVe et XVe siècles, c’est en fait grâce à des rapports de tribunaux mentionnant des Juifs que l’on sait aujourd’hui qu’ils vivaient alors en Croatie. Aucune trace aux XVIe et XVIIe siècles n’a été relevée, mais au XVIIIe, leur présence est régulièrement citée dans divers documents officiels. La majorité des Juifs de cette époque était des marchands ambulants en provenance de Hongrie qui participaient aux foires. Dans la plupart des cas, ils étaient rejetés par les commerçants locaux, qui mettaient tout en œuvre pour qu’ils soient frappés d’interdiction. Ce n’est qu’en 1783, lorsque l’édit de tolérance de l’empereur Habsbourg Joseph III a pris effet en Croatie, que la liberté religieuse, de mouvement et de résidence ainsi que l’égalité de scolarisation ont été octroyées et garanties aux Juifs à travers tout l’empire. De sévères restrictions étaient néanmoins maintenues. Ainsi, les métiers réservés aux confréries étaient interdits aux Juifs, inclus l’agriculture, et ils n’avaient pas non plus le droit d’acquérir des terres et de l’immobilier. Malgré toutes ces difficultés, de plus en plus de Juifs venaient s’établir en Croatie. En 1806, la Communauté juive de Zagreb est fondée par vingt familles, soit 75 membres. Aron Palota est le premier rabbin à être engagé par la communauté en 1809. En 1840, le «Sabor», la diète croate, a décidé que «les Juifs devaient progressivement obtenir l’égalité totale». Mais cette ordonnance a mis 37 ans à être appliquée! En 1843, le nombre de métiers ouverts aux Juifs a été étendu et en 1859, ils ont obtenu le droit d’acheter de l’immobilier et des terres. Mais ce n’est qu’en 1837 que Ban Mazuranic a signé le décret instituant la pleine égalité pour les Juifs. La communauté juive a alors connu un essor remarquable; en 1880, le pays comptait 13'488 Juifs et en l’an 1900, 20'032 !
Mais les Juifs n’étaient pas uniquement confrontés à des difficultés face aux autorités et à la population chrétienne, de sérieux conflits internes sévissaient également. Contrairement à ce qui se passe souvent, ce n’étaient pas des questions d’honneur qui constituaient la source de ces tensions, mais des idées. L’antagonisme portait sur une conception contradictoire du judaïsme: celle des orthodoxes (20% de la communauté) et celle des réformateurs appelés, comme en Hongrie, les «néologues». A cela s’ajoutaient deux courants d’idées qui s’opposaient également, le sionisme et un mouvement préconisant l’assimilation, confrontation qui a pris fin avec le début de la Deuxième Guerre mondiale. Pendant longtemps, les sionistes constituaient un mouvement minoritaire, mais en raison de différentes exactions antisémites émanant des partis de l’extrême droite politique et des mouvements radicaux catholiques, les «assimilationistes» ont fini par céder beaucoup de terrain. C’est ainsi qu’au début des années 30, ils ont perdu les élections pour le leadership communautaire d’abord à Osijek, puis à Zagreb et dans les autres villes. Parallèlement à ces évènements et aux succès d’Hitler en Allemagne, le Parti communiste, interdit, a attiré de nombreux jeunes Juifs, car il offrait un programme antifasciste radical. Sur le plan économique, il est intéressant de rappeler qu’en cinquante ans, la Communauté juive de Croatie était devenue le groupe de citoyens le plus prospère. Bien que ne constituant que 1% de la totalité des habitants, les Juifs détenaient une part très importante dans l’ensemble du commerce et de l’industrie. Les familles Deutsch-Maceljsk, Alexander, Prister, Ehrlich et Schwartz étaient parmi les plus riches du pays, provoquant immanquablement jalousie, xénophobie et antisémitisme. Bien entendu, tout le monde n’était pas riche, la majorité des membres de la communauté était de petits marchands ou des employés. Un grand nombre d’entre eux étaient actifs dans les syndicats, le Parti socialiste et les mouvements communistes. De plus, les Juifs, très charitables, jouaient un rôle important dans l’amélioration du bien-être général des citoyens défavorisés. Quant à l’intelligentsia locale (plutôt réformée et assimilationiste), elle était peuplée de Juifs qui aspiraient avant tout au travail académique et intellectuel.
Cette brève image permet d’imaginer sans trop d’efforts quel était le niveau d’intelligence, de force et de richesse de la Communauté juive de Croatie qui comptait 23’000 Juifs au début de la Deuxième Guerre mondiale. Seuls 5000 ont survécu à la Shoa (voir les articles avec le Dr Slavko Goldstein, le professeur Ivo Goldstein, le Dr Aleksander Tolnauer et celui de l’historien, le Dr Efraïm Zuroff), la plupart en tant que soldats de l’armée de libération nationale, les autres ayant pu se réfugier en zone italienne. Après la capitulation de l’Italie, ils ont trouvé refuge dans les territoires libérés par les partisans.
Cet aperçu historique succinct nous permet de mieux comprendre l’arrière-fond actuel, analysé pour nous au cours d’une conversation avec le Dr OGNJEN KRAUS, président du Comité de coordination des communautés juives de Croatie.

Pouvez-vous en quelques mots nous brosser un tableau de la communauté juive actuelle de Croatie ?

En 1992, nous avons créé un nouveau comité de coordination indépendant des communautés juives de Croatie qui, aujourd’hui, compte neuf communautés: trois sur la côte - Rijeka, Split et Dubrovnik -, les autres dans le nord du pays - Zagreb, Osijek, Cadovek, Slavonski Brod, Virovitica et Daruvar. En 1999, nous avons officiellement restauré la communauté de Koprivnica, qui a également été intégrée dans notre comité de coordination. Les communautés des villes côtières sont séfarades. Nous sommes une communauté très ouverte aux autres minorités avec lesquelles nous partageons plusieurs activités culturelles, tels des symposiums. Pour la première fois en cinquante ans, nous avons pu organiser en 1997 un important colloque de niveau très élevé intitulé: « Antisémitisme – Holocauste et Antifascisme», dont les plus importantes contributions ont été diffusées en croate et en anglais. A propos de publications, nous sortons régulièrement un journal intitulé «HaKol» (la voix), qui est un bulletin communautaire. Une fois par an, nous sortons une édition en anglais intitulée «Voice - Kol » (n.d.l.r. brochure très bien faite, riche en informations sur la vie et le travail communautaire, grande section historique et culturelle, illustrations en noir et blanc, plaisante à lire). De plus, nous avons un périodique culturel qui a repris le titre d’un journal du même type qui existait avant la guerre, «Ommanout» (Art). A Zagreb, en plus de la communauté à proprement parler, il existe une organisation des amis de la communauté juive, «Miroslav Shalom Freiberger Cultural Society», avec laquelle nous organisons un certain nombre d’activités culturelles. Sur le plan du développement de nos diverses entreprises, je suis heureux de pouvoir dire que celui-ci se poursuivra à l’avenir au 7 de la rue Praska, à l’endroit même où se trouvait la magnifique synagogue de Zagreb détruite en 1941-42. C’est au milieu des années quatre-vingt que nous avons officiellement fait la demande pour récupérer ce complexe immobilier. Le processus de restitution a duré assez longtemps et ce n’est que vers la fin de 1999 que les titres de propriété ont été officiellement et cérémonieusement remis aux représentants communautaires. C’est donc en ce lieu historique que nous avons prévu de construire un centre culturel juif comprenant le musée des Juifs de Croatie, l’école juive et une synagogue en mémoire de celle qui existait avant la guerre. Bien que certaines voix se soient élevées dans ce sens, il n’est pas envisageable de reconstruire la superbe synagogue qui existait à Zagreb avant la guerre, car la communauté comptait alors 11'000 membres et qu’aujourd’hui, nous ne sommes que 1'500. Nous avons prévu d’ériger un mur avec les noms de tous les Juifs de Zagreb et de Croatie ayant péri pendant la Shoa, comme cela existe dans la synagogue Pinkas de Prague (voir SHALOM Vol. 27). Nous comptons aussi y installer une galerie d’art et un théâtre multiculturel. Il s’agit d’un projet très important, d’un complexe de 6000 m2, dont 2000 seront utilisés pour les activités communautaires, le reste pour des locaux commerciaux dont la location constituera une source de financement pour la communauté.

Avant la Shoa, la communauté de Zagreb était réformée, inclus la synagogue. Pendant près de cinquante ans, votre communauté a fonctionné sans rabbin. Or en 1998, vous avez engagé M. Kotel Dadon, un rabbin orthodoxe. Comment expliquez-vous ce choix et cette nécessité soudaine d’une authentique présence rabbinique ?

Toute communauté juive digne de ce nom se doit d’avoir un rabbin dont l’activité n’est pas limitée par les murs de la synagogue, bien au contraire. Il est impératif de donner une nouvelle vigueur à la vie juive, d’être proche de la jeunesse, de développer l’éducation juive, y compris l’enseignement de l’hébreu. Comme vous l’avez souligné, notre communauté a une tradition réformée et n’a jamais été orthodoxe. De plus, après cinquante années de sécularisation et de vie communautaire non religieuse, la venue d’un rabbin orthodoxe constitue donc un défi porteur d’un élan créateur. Sa présence ne va naturellement pas sans créer un certain nombre de tensions, surtout au sein de la population plus âgée de la communauté qui accepte cette nouvelle situation avec une très grande réserve. En ma qualité de président, il est de mon devoir de tout mettre en œuvre pour établir des liens entre les différents groupes, opinions et points de vue. Je ne vous dis pas que c’est toujours facile, mais il est essentiel d’œuvrer avec un esprit d’ouverture et je dois dire que le rabbin Dadon est très conscient de la situation et a su adapter son activité en fonction des réalités.
Quant à l’évolution de notre communauté et au choix d’un rabbin orthodoxe, il faut se souvenir que la majorité des membres de notre communauté est née et a vécu dans le cadre d’un mariage mixte. Au cours des cinquante dernières années, la question de la religion ou du partenaire marital n’était simplement jamais posée, tout comme celle de savoir qui était ashkénaze ou séfarade. Dans l’ensemble, les mariages étaient civils et, quelle que soit la religion du partenaire, le couple était accepté dans la communauté. Mais nous passions tout notre temps ensemble et ceux qui, comme moi, ont aujourd’hui la cinquantaine, se souviennent des merveilleux moments vécus «entre nous» au jardin d’enfants, dans les camps de vacances, au club de jeunesse ou dans la vie communautaire. De plus, vous l’avez constaté au cimetière, de nombreuses tombes sont aussi bien ornées d’une étoile de David que d’une croix, d’autres ont un croissant de lune et une étoile juive, certaines ont même notre étoile à six branches à côté de celle à cinq; dans ce cas il, s’agit de personnes qui étaient des membres actifs des partisans.
Aujourd’hui, en Croatie, il y a de moins en moins de mariages civils. En raison de la situation que je vous ai décrite, nombreux sont les Juifs qui se retrouvent dans une situation difficile qui ne peut pas être résolue facilement. En effet, actuellement, des Juifs se marient à l’Église catholique qui, depuis peu, autorise les mariages mixtes sans que le partenaire non-catholique ait besoin de se convertir. Vous pouvez facilement imaginer les problèmes auxquels nous serions confrontés si nous envisagions de faire des mariages mixtes selon la tradition juive ! Après plusieurs décades, ce n’est que l’année dernière que des mariages traditionnels juifs ont pu être célébrés dans notre communauté. Il faut bien comprendre l’ampleur de ces événements, car depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, seuls deux ou trois mariages où les deux partenaires étaient juifs ont été célébrés sous la houppa (dais nuptial).

Quel est le souci majeur du Président du comité de coordination des communautés juives de Croatie ?

L’avenir de la communauté ! Nous ne sommes qu’un petit groupe qui ne rajeunit pas, plus de 60% de nos membres ont plus de 65 ans. Afin de préparer l’avenir, je dois donc mener une action importante envers la jeunesse qui doit être motivée afin de s’intéresser à la vie communautaire. C’est pourquoi il est primordial que les divergences entre religieux et athées s’estompent le plus rapidement possible, car il s’agit d’une forme de querelle stérile qui n’attire pas la jeunesse. Bien entendu, ces différends n’atteignent pas chez nous des proportions identiques à celles d’autres villes d’Europe, mais nous devons tout faire afin que le travail communautaire et la préparation de l’avenir se passent dans la meilleure atmosphère possible. D’ailleurs, nous offrons une large palette d’activités sociales et culturelles aux membres de notre communauté et en particulier à notre jeunesse.

Qu’en est-il de l’antisémitisme en Croatie aujourd’hui ?

Je crois que par rapport à d’autres pays européens, nous ne sommes pas trop mal lotis. Il n’y a aucun antisémitisme d’État, mais nous ne sommes pas à l’abri d’actes isolés. Cela dit, je pense que le développement du nationalisme et la mauvaise situation économique de notre pays constituent deux facteurs porteurs d’antisémitisme qui pourraient se développer ce qui, pour l’instant, n’est pas encore le cas. Nous avons d’excellentes relations avec les autorités et le voyage historique de notre président, M. Stjepan Mesic, en est la meilleure expression. Quant à l’Église, nous entretenons des relations correctes, bien qu’elle n’ait pas encore jugé nécessaire de se livrer à une évaluation critique de sa conduite pendant la Shoa.

Nous le voyons, la Communauté juive de Croatie est à la croisée des chemins entre un passé à la fois glorieux et complexe et un présent en pleine mutation.


LA MAISON DE RETRAITE LAVOSLAV SCHWARZ
Comme partout dans les pays de l’Est, les problèmes sociaux tiennent une place importante dans la vie communautaire. En Croatie, la majorité de la population juive a plus de 65 ans et le nombre de personnes affectées par les difficultés de la vieillesse est en constante progression. Dans la plupart des cas, les familles s’occupent de leurs parents âgés mais, pour ceux qui n’ont pas cette chance, il existe à Zagreb une institution juive pour retraités, le «Lavoslav Schwarz retirement home».
Lavoslav Schwarz est né en 1837 à Zagreb. Fils d’un riche marchand, il a grandi dans une atmosphère où la bienfaisance était de mise. De son vivant, il était connu pour sa générosité tant à l’égard des organismes juifs que non-juifs et c’est dans ce cadre qu’il a créé un établissement pour personnes âgées. Il est mort en 1906.
Au début, le home était situé dans un immeuble qui a été évacué par les nazis deux jours après l’arrivée des Allemands à Zagreb. Les personnes ayant de la famille à Zagreb ont alors été accueillies chez leurs proches, les autres ont été relogées dans des appartements loués par la communauté à travers toute la ville, ce qui constituait un obstacle de taille étant donné qu’à l’époque, pour ainsi dire personne ne voulait rien louer à des Juifs. Une autre difficulté était de trouver du personnel, car rares étaient ceux qui acceptaient de risquer leurs vies en travaillant pour des Juifs. Par conséquent, selon le principe «à la guerre comme à la guerre», les pensionnaires plus jeunes et plus valides avaient pris sur eux de s’occuper des aînés en les nourrissant, en leur faisant la lessive, etc. Il est intéressant de rappeler que, malgré la collaboration de l’Église catholique et romaine de Yougoslavie avec le régime oustachi, l’archevêque Stepinac avait mis à la disposition du home l’une des résidences de l’épiscopat, dans laquelle cinquante-cinq personnes ont été hébergées de 1943-1946. De plus, malgré plusieurs tentatives et interventions de la police oustachi, l’église s’était opposée à ce que les habitants du home soient arrêtés et déportés. Cinquante personnes ont ainsi été sauvées.
En 1957, un nouveau complexe immobilier a été construit et c’est dans ces locaux que se trouve le home actuellement. Initialement, cette institution était destinée à l’ensemble des personnes âgées vivant en Yougoslavie, mais depuis que la Croatie a regagné son indépendance, celle-ci n’est en principe ouverte qu’aux membres de la communauté juive croate. Cela implique que les époux non-juifs et leurs familles directes (beau-père, belle-mère, etc.) y sont également acceptés. Toutefois, en raison de la récente guerre des Balkans, un certain nombre de personnes originaires de Sarajevo ont été accueillies. A la fin de la guerre, quelques-unes ont choisi de rester à Zagreb, d’autres sont rentrées en Bosnie. La maison de retraite a pour but de servir de résidence aussi bien temporaire que permanente, et dispose d’une partie médicalisée où elle reçoit des personnes totalement invalides ou atteintes d’une maladie en stade terminal. Les soins médicaux sont prodigués bénévolement par les médecins juifs locaux. De plus, la cuisine du home dessert un certain nombre de foyers de personnes âgées qui ne sont plus à même de cuisiner. La nourriture n’est pas strictement cachère. Aujourd’hui, le centre est plein, il peut recevoir 85 personnes et actuellement environ 20 hommes et 65 femmes y résident. Le doyen a 99 ans et le cadet 72 ans. Comme toutes les institutions de ce genre, le home organise un certain nombre d’activités culturelles juives et laïques distrayantes pour ses pensionnaires, y compris des sorties. Par exemple, suite à un accord conclu avec le Conservatoire de musique, les élèves en classe terminale viennent régulièrement donner des concerts en avant-première. La direction du home met un accent particulier pour qu’une atmosphère fondamentalement juive soit entretenue. Ainsi, les fêtes juives sont célébrées et des offices ont lieu dans sa petite synagogue. Cette institution est en grande partie financée par l’American Joint Distribution Committee et «la Conference of Jewish Material Claims against Germany». Les habitants participent également aux frais en fonction du montant de leurs pensions.