Jérusalem et Copenhague
Par Roland S. Süssmann
Dans notre périple à travers le monde, nous nous sommes arrêtés à Copenhague. Afin de comprendre la nature des relations entre le Danemark et Israël, nous avons abordé la question avec S.E.M. ITZHAK ELDAN,ambassadeur d’Israël en poste dans la capitale danoise depuis le mois de novembre 1999.

Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de l’état des rapports entre les deux pays ?

Les échanges entre les deux nations sont fréquents, variés et réguliers. Ils se situent tant au niveau économique et scientifique que culturel et politique sans parler de l’amitié qui lie nos deux peuples. Malheureusement, une analyse des relations économiques démontre qu’il existe une grande disparité entre ce que Israël achète au Danemark et ce que nous lui vendons. Les exportations danoises s’élèvent à environ cent cinquante millions de dollars alors que les nôtres n’atteignent que cinquante millions. Les relations économiques doivent donc être développées. Cela étant dit, il ne s’agit pas d’un phénomène propre au Danemark. En effet, Israël achète bien plus aux pays de l’Union européenne que eux ne le font, la différence totale s’élève pratiquement à six milliards de dollars. Il ne faut pas oublier que pour Israël, l’Union européenne constitue le marché géographiquement le plus proche, mais que l’État juif produit beaucoup de choses que les pays de l’Union européenne fabriquent eux-mêmes. Le Danemark étant un pays agricole très développé, il en résulte que toute une palette de nos produits, inclus ceux ayant trait à la technologie agricole, ne peuvent pas être vendus ici. Il faut également souligner que les pays scandinaves en général sont mal connus en Israël. J’estime donc de mon devoir de faire découvrir quelles sont les possibilités de coopération entre le Danemark et Israël, en particulier dans les domaines de la médecine, de la pharmaceutique et de la haute technologie, où il existe de nombreuses formes de complémentarité entre les entreprises des deux pays. Quant aux échanges académiques, ils sont malheureusement encore insuffisants pour l’instant. Je dois toutefois rappeler qu’Israël est le seul pays non européen à faire partie de ce que l’on appelle le 5ème plan de l’Union européenne, organe ayant pour but de faciliter la coopération des sciences appliquées entre les États membres de ce programme. Des chercheurs de sociétés israéliennes et de l’Union européenne travaillent ensemble dans la recherche et le développement et au cours de la première année de la mise en place de ce plan, de très nombreux contacts et projets communs ont été mis en place à travers toute l’Europe et bien entendu aussi au Danemark.

Sur le plan politique, quelle est l’attitude danoise tant par rapport aux pays arabes qu’envers Israël ?

La politique étrangère à l’égard du Proche-Orient est simplement celle de l’Union européenne. Le Danemark fait partie du consensus et souscrit à toutes les déclarations de l’Union. Il aurait été souhaitable qu’au sein même de cet organisme politique, le Danemark ait une position plus équilibrée et se rapproche de pays comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, mais tel n’est pas le cas. Ceci est d’autant plus malheureux qu’au niveau de la population, il existe diverses manifestations positives et chaleureuses, beaucoup d’Israéliens ont visité le Danemark et de nombreux Danois ont fait des séjours dans des kibboutzim. Il y a aussi des organisations d’amitié Danemark-Israël dont une s’est fixé pour but d’amener chaque année une vingtaine d’instituteurs en Israël. On pourrait donc imaginer que toutes ces expressions de sympathies mutuelles se reflètent dans le message politique et se traduisent par des positions privilégiées à l’égard d’Israël, mais la réalité est quelque peu différente.

En votre qualité d’Ambassadeur en poste au Danemark, parlez-vous danois ?

Malheureusement pas et je peux vous dire que d’une certaine façon, il s’agit d’un handicap bien que l’anglais soit très largement répandu ici et que nous disposions d’interprètes et de traducteurs.

Un ambassadeur d’Israël est non seulement accrédité auprès du pays dans lequel il est en poste, mais constitue aussi un lien entre Israël et la communauté juive locale. Comment évaluez-vous l’attachement de la Communauté juive danoise à Israël ?

Je pense que l’intensité de cet engagement est simplement illustrée par le fait qu’il n’y a pour ainsi dire pas une seule famille juive qui n’ait pas un enfant ou un parent en Israël…