Maalé Adoumim
Par Roland S. Süssmann

Dans notre périple à travers les terres juives de Judée-Samarie et Gaza, nous avons décidé de nous arrêter aujourd'hui à Maalé Adoumim. Parmi les montagnes arides du désert de Judée, aux portes de Jérusalem - au coeur même d'Israël - s'épanouit une ville moderne. Certains y voient presque un quartier un peu lointain de Jérusalem, située à 10 minutes en voiture. Maalé Adoumim se trouve à 80km de Tel-Aviv et à 80km d'Amman. Sur le plan stratégique, cette agglomération constitue le dernier rempart avant Jérusalem en cas d'invasion venue de l'est (Jordanie ou Iraq).

Si l'on se base sur son essor depuis sa création en 1975, cette oasis renferme un énorme potentiel de développement. La qualité de vie y est excellente, tout est mis en oeuvre afin que la vie professionnelle, culturelle et surtout l'éducation soient fortement présentes. Maalé Adoumim jouit du statut de municipalité indépendante depuis 1992 et compte un peu plus de 20 000 habitants. Il est prévu que sa population s'élève à 60 000 personnes d'ici à l'an 2005. Contrairement à certaines autres agglomérations juives de Judée-Samarie, Maalé Adoumim possède une infrastructure très complète: de nombreuses écoles, des installations sportives, une piscine municipale ouverte toute l'année, un grand parc ainsi que différents centres culturels et commerciaux. La population est très mélangée, toutes les tendances de la société israéliennes sont représentées et cette diversité se retrouve tant sur le plan religieux qu'économique. En effet, de luxueuses villas côtoient des logements plus simples. Maalé Adoumim n'est pas une cité dortoir, elle dispose d'une zone industrielle dans laquelle plus de cent entreprises se sont déjà établies. Le plus grand investisseur étranger à Maalé Adoumim est d'ailleurs originaire de Suisse et opère dans le domaine de l'aluminium.
Afin de nous parler de cette fleur qui pousse dans le désert, nous avons rencontré son maire, BENNY KASHRIEL, élu en 1992.


Il est intéressant de constater que toute l'information et la publicité faites autour de Maalé Adoumim mettent l'accent sur "la qualité de la vie". En quoi est-elle meilleure qu'ailleurs en Israël ?

Nous vivons dans le désert où l'air et la lumière sont superbes, loin de la pollution urbaine, tout en offrant à nos habitants les avantages d'une ville de moyenne importance et la proximité de Jérusalem. Au niveau municipal, nous mettons tout en oeuvre afin de faciliter la vie des gens. Par exemple, en multipliant les crèches et les clubs d'enfants et d'adolescents qui sont ouverts après les heures d'école, permettant ainsi aux parents qui travaillent de savoir que leurs enfants sont entre de bonnes mains. La majorité de notre population est composée de jeunes couples, certains constituant déjà la deuxième génération; il s'agit de jeunes ayant été élevés à Maalé Adoumim et qui viennent de terminer l'armée. A ce sujet, il est particulièrement intéressant de noter que ces jeunes gens s'engagent volontairement dans des activités pour le bien de la communauté; ils s'enrôlent dans les sapeurs-pompiers ou dans les services sociaux. De plus, un grand nombre d'adolescents entre 15 et 18 ans donnent de leur temps pour s'occuper de personnes âgées, de nouveaux immigrants, etc. Je dois reconnaître que plusieurs villes en Israël ont adopté notre système d'organisation de la vie communautaire et des services offerts aux parents qui travaillent.


Comment voyez-vous le développement de votre ville ?

Nous disposons de terrains appartenant à la municipalité qui relient en fait Maalé Adoumim aux quartiers extérieurs de Jérusalem. Nous espérons y construire plusieurs habitations - 1500 unités de logement - ainsi qu'un complexe hôtelier important. Nous pourrons atteindre ce but si le gouvernement continue de soutenir Maalé Adoumim comme cela a été le cas depuis sa création. Mais je dois souligner que nous avons tout mis en oeuvre afin que l'essor de notre ville ne se fasse pas uniquement sur la base de l'encaissement des impôts, mais bien par le biais d'un développement économique. La municipalité participe à des projets générateurs de profits qui sont immédiatement réinvestis dans de nouveaux programmes. Nous ne sommes pas une cité de développement ni une agglomération motivée par l'idéologie, mais une ville économiquement forte à but lucratif. Dans cet esprit, j'ai créé un service spécial à la municipalité qui offre une aide administrative aux investisseurs souhaitant s'établir dans notre zone industrielle. Un représentant de mon bureau les accompagne dans toutes leurs démarches qui, de ce fait, sont facilitées et réduites au minimum requis. Tout plan de construction conforme aux normes exigées qui nous est présenté obtient ainsi les autorisations nécessaires en l'espace de trois semaines et de ce fait, le nombre de sociétés israéliennes qui viennent s'installer dans notre zone industrielle augmente sans cesse. Je dois ajouter que mon but est que Maalé Adoumim et Jérusalem soient intimement liées. Aujourd'hui déjà, un grand nombre de personnes de Jérusalem viennent travailler dans notre zone industrielle et près d'un millier d'Arabes de Jéricho y sont déjà employés. Je pense que si nous développons des relations de bon voisinage avec les habitants des villes arabes des environs, nous contribuerons grandement à réduire le terrorisme.


En vertu des Accords d'Oslo, pourrez-vous développer Maalé Adoumim comme vous l'entendez ?

Maalé Adoumim a été totalement construite sur du terrain gouvernemental et aujourd'hui, il s'agit d'une ville de plus de 20 000 habitants. Personne - ni les palestiniens ni les Américains - n'a remis Maalé Adoumim en question. Je pense que si la question de notre ville devait être soulevée, ce serait dans le cadre de la négociation finale sur le statut de Jérusalem qui, à ce stade, n'est pas encore à l'ordre du jour. Il faut bien comprendre que Maalé Adoumim fait partie de l'ensemble des villes juives entourant Jérusalem se trouvant à l'intérieur de la Ligne verte et qui constitue ce que l'on appelle aujourd'hui la "Jérusalem étendue"; il s'agit de Givat Zeev, Efrath, Gush Etzion, Betar, Har Hadar, etc. J'ai d'ailleurs présenté au Premier ministre et au Maire de Jérusalem un projet pour l'établissement d'une organisation faîtière qui regrouperait en une grande métropole toutes les agglomérations juives situées autour de Jérusalem et Jérusalem même, à l'image de celle existant à Toronto ou à San Francisco. Chaque municipalité aurait la responsabilité et toute l'indépendance requises afin de régir les questions ayant trait à la vie quotidienne (scolarité, services municipaux, culture, etc). Quant aux questions de sécurité, d'environnement et de transport, nous pourrions travailler ensemble. A ce jour, le Premier ministre, le Maire de Jérusalem et le Minsitre de l'intérieur ont accepté mon plan et j'espère que nous pourrons le mettre en pratique très prochainement.


Lors du premier voyage du premier ministre Benjamin Netanyahou aux USA, celui-ci vous a invité à vous joindre à lui. Quel était le but de cette démarche ?

Il s'agissait de faire comprendre à l'administration américaine et aux communautés juives que nous continuerons à construire et à développer la Judée-Samarie et Gaza. Je n'ai pas accompagné le Premier ministre en ma qualité de maire de Maalé Adoumim, mais en tant que vice-président du Conseil des communautés juives de Judée-Samarie-Gaza (YESHA). Mon voyage s'est avéré très utile, car j'ai rencontré de nombreuses personnalités influentes aussi bien juives que non juives à qui j'ai pu expliquer notre point de vue et nos buts.


Peut-on dire que vous êtes un maire heureux et optimiste ?

En tant que Juif, je suis optimiste de nature. Aujourd'hui, Israël est doté d'un gouvernement qui semble avoir à coeur le développement de la Judée-Samarie, or il se trouve que Maalé Adoumim constitue une partie très importante de cette région. En conclusion, je dirai que je suis très confiant quant au développement de Maalé Adoumim. Pour ma part, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour réussir ce défi aussi difficile que gratifiant et passionnant.