Le second partage de la Palestine | |
Par Zvi H. Hurwitz | |
Les négociations entre Israël et les Palestiniens revêtent ces jours-ci leur caractère définitif et des plans sont en cours pour l'organisation des premières élections parmi les Arabes de Judée et de Samarie. On ignore encore combien de membres siègeront au Conseil palestinien et si les Arabes de Jérusalem-Est auront le droit de voter et d'être élus.
Si le Conseil devait être constitué de plus de 10 ou 12 membres (chiffre proposé par Menahem Begin dans son plan initial pour l'Autonomie), nous assisterions à l'émergence d'un État palestinien, dont le centre se trouverait à Jérusalem-Est, avec un important corps de police et de sécurité, un drapeau, un parlement, des Excellences et des ministres, une devise nationale, des timbres-poste, des plaques d'immatriculation pour les voitures et tous les attributs ordinaires d'un État. Le redéploiement de l'armée israélienne créant une nouvelle entité géographique, nous reviendrions inexorablement aux frontières de 1967 "avec des rectifications mineures", selon le plan Rogers de 1970 proposé par les États-Unis. En d'autres termes, nous serions témoins d'un second partage d'Éretz Israël, auquel nous aurions nous-mêmes collaboré. Le premier a eu lieu en 1922, lorsque les Britanniques ont trahi la confiance qui leur avait été accordée par la Ligue des Nations. D'un trait de plume, ils ont violé le Mandat, sectionné les trois-quarts de notre terre ancestrale qui devait être "reconstituée en foyer pour le peuple juif", créant artificiellement un nouveau pays à l'est du Jourdain: l'Émirat de Transjordanie, devenu le Royaume hachémite de Jordanie. Des milliers d'Israéliens et de touristes juifs de l'étranger franchissent aujourd'hui le fleuve pour aller visiter les sites historiques de Jordanie, jusqu'ici lieux "interdits": Aqaba, Amman, Petra, Jerash et le mont Nebo. Tous découvrent, à leur grande surprise, qu'ils se trouvent en fait dans la partie orientale d'Éretz Israël et qu'il s'agit, géographiquement et topographiquement, d'une seule et même terre. Près de 50 ans après la création de l'État juif, nous devons faire face à un second partage dû aux efforts associés d'un gouvernement israélien d'extrême-gauche, qui a hâte de se débarrasser des territoires "occupés", et d'une administration américaine qui espère réussir son coup à temps pour en bénéficier lors de la prochaine élection présidentielle. Ce second partage d'Éretz Israël - cette fois à l'ouest du Jourdain - est totalement incompatible avec la politique déclarée du parti majoritaire au gouvernement israélien actuel, qui a stipulé il n'y a pas si longtemps qu'il ne tolérerait pas la création d'un second État entre la Méditerranée et le Jourdain. Tout étudiant en histoire a aujourd'hui encore du mal à comprendre pourquoi, en 1922, l'Exécutif sioniste a jugé qu'il n'avait guère le choix et qu'il fallait accepter la décision britannique d'offrir les trois-quarts de notre terre à quelques milliers de nomades. Les Britanniques ont même dû importer un souverain de l'extérieur. Seule explication plausible: le peuple juif était à l'époque dépourvu du don de vision, de la détermination et de l'assurance nécessaires afin de lutter pour ses droits. Aujourd'hui toutefois, la situation est complètement différente. Israël est un État souverain, puissant, prospère et plein d'assurance, ayant de nombreux amis à travers le monde et jouissant d'un large soutien pour sa juste cause. Pourquoi dans ce cas, alors que le peuple juif a atteint ce point dans sa longue histoire, un gouvernement juif renonce-t-il de plein gré à des parties d'Éretz Israël ? Au fond, ce n'est pas vraiment surprenant puisque dans le même temps, une grande partie du peuple juif abandonne avec une désinvolture effarante, sans la moindre hésitation ni le moindre regret, sa foi et son patrimoine culturel. Il faut croire que ces deux processus vont de pair. Dès lors, notre souci primordial concerne l'avenir: après cette douloureuse capitulation de notre part, les Palestiniens seront-ils satisfaits et renonceront-ils à leur objectif final de "liquider l'entité sioniste" ? N'oublions jamais que l'OLP a été fondée le 1er janvier 1964 afin de centraliser les activités menées contre Israël par une douzaine de groupes terroristes. En d'autres termes, quelques années avant la guerre des Six Jours, à une époque où Israël ne détenait pas les territoires "occupés". Que voulaient-ils ? De toute évidence, ils considéraient la simple existence d'Israël comme une offense aux sensibilités et aux intérêts nationaux arabes. Jusqu'à nos jours - nous en avons été témoins lors de la tragédie de Ramat-Gan - il y a encore des groupes arabes qui "ne soutiennent pas le processus de paix" et continuent à tuer des Juifs. C'est pourquoi nous devons nous demander si le second partage d'Éretz Israël pourrait être suivi d'un troisième, pour satisfaire aux incessantes exigences arabes. Par exemple, la division de Jérusalem en deux entités séparées est-elle utopique? Est-ce tellement moins vraisemblable que le retrait du Golan ? Ou que le transfert du contrôle de la tombe de Rachel et de la ville de Hébron ? L'OLP fait également des efforts concertés pour retrancher ses positions à Jérusalem-Est. Ses amis au sein de la communauté internationale encouragent les Palestiniens en leur rendant visite à l'"Orient House", défiant Israël délibérément et portant atteinte à son honneur, comme l'a fait le ministre autrichien des Affaires étrangères à la mi-juillet. Loin de se contenter d'élire domicile à Jérusalem-Est, l'OLP a également des prétentions sur Jérusalem-Ouest ! Au cours des derniers mois, des rapports ont révélé les véritables intentions de Fayçal Husseini, considéré comme le "ministre préposé aux affaires de Jérusalem de l'Autorité palestinienne". Il a déclaré à la télévision israélienne qu'au moins 70 % de la Jérusalem occidentale appartiennent aux Palestiniens et que l'OLP insisterait pour récupérer ses biens. "Nous possédons de nombreux terrains à Jérusalem-Ouest, tout comme à Jérusalem-Est", a-t-il dit en substance. Quelques jours plus tard, le Wakf (autorité religieuse musulmane) exigeait la restitution de dix mosquées situées en plein milieu de quartiers juifs à Jérusalem. Ces mosquées furent abandonnées après la guerre d'Indépendance, en 1948, lorsque les résidents arabes de la ville décidèrent - de leur plein gré - de fuir la région. Elles se trouvent à Rehavia, à Malha, à Ein Karem, au centre-ville et dans le quartier de la Mamilla. La situation politique actuelle nous force à conclure que le départ volontaire de Kalkilya, Tulkarem, Jenine, Ramallah, Bethléem et Hébron - pour commencer - n'est pas le point final du processus. Il marque au contraire le début de modifications dangereuses pour la situation stratégique d'Israël et sa sécurité, qui auront également des répercussions considérables sur notre position morale et légale dans le pays, ou dans ce qui en restera. |