Éditorial | |
Par Roland S. Süssmann - Rédacteur en chef | |
Chères lectrices, Chers lecteurs,
Le traumatisme profond occasionné par le massacre du bus de Tel-Aviv commençait à peine à s'estomper dans les esprits de la population juive israélienne que "Moloch" - "le processus de paix" - réclamait son dû de sang juif frais. Le 22 janvier 1995, 21 jeunes Israéliens ont été déchiquetés de la manière la plus abominable qui soit à Beit Lid. L'horreur de cet attentat, comme ceux de Jérusalem, Netzarim ou Kyriat Arba, ne constitue qu'une étape sur la route sanglante du terrorisme arabe opérant sous l'étiquette de l'OLP, du Jihad islamique ou du Hamas. Le message des assassins est clair: le rejet absolu de tout accord, de tout compromis, de tout traité acceptant et reconnaissant le droit à l'existence de l'Etat juif. Les faits récents rappellent que la "lutte armée" des palestiniens n'est pas uniquement dirigée contre les courageux habitants juifs de Judée, Samarie et Gaza, mais bien contre les Juifs, partout dans le monde. Cette campagne de terreur n'est pas le fait de quelques islamistes déséquilibrés, intoxiqués par un extrémisme religieux, mais le résultat d'une politique clairement établie, calculée et mise en ýuvre par l'ensemble des stratèges arabes encouragés par les faiblesses et les compromissions du gouvernement Rabin. Contrairement à ce que Rabin et Arafat veulent faire croire, ces attentats ne ralentissent pas le processus des concessions israéliennes, mais accélèrent le mouvement de destruction de l'Etat juif. Autre élément très inquiétant, l'attitude du premier allié du terroriste Arafat, l'Egypte, qui se montre de plus en plus agressive et hostile à l'égard d'Israël. Aujourd'hui, toute la propagande antisémite diffusée en arabe dans le monde islamique est réalisée en Egypte. Il est édifiant de lire la presse arabe, surtout égyptienne, pour comprendre la tactique et les enjeux. Les articles d'Osama el-Baz, l'un des principaux conseillers de Moubarak, sont des plus révélateurs. L'essentiel de la politique arabe peut être résumé en quatre points: le premier consiste à isoler Israël de la scène internationale en démontrant que les pays arabes, y compris l'organisation terroriste OLP, souhaitent la paix alors qu'Israël la rejette. Cette partie du programme a d'ores et déjà réussi. La deuxième phase engage Israël dans des négociations difficiles et exige des sacrifices qui, en définitive, réduiront l'Etat juif aux frontières d'avant la Guerre des Six Jours, le privant ainsi d'une bonne partie de sa capacité territoriale de défense. Ce processus actuellement en cours aboutira à un affaiblissement substantiel d'Israël. Troisième étape, la reprise de l'intifadah, cette fois en Galilée. Le but de cette forme de violence étant de pousser Israël à accorder l'autonomie aux Arabes israéliens du centre du Galil, qui s'identifient en majorité avec le Hamas. Finalement: après une réduction d'Israël à la portion congrue du plan de partage de 1947 et le retour de plus d'un million de "réfugiés" arabes, les promoteurs de ce plan, qui doit se dérouler sur fond de terrorisme, estiment que la survie d'Israël ne sera plus qu'une question de temps. S'agit-il d'un cauchemar, d'une vision d'horreur, voire d'un pessimisme exagéré ? Non, ce sont simplement les objectifs de l'ennemi clairement publiés. Si le processus actuel est si périlleux, s'il fait effectivement le jeu des Arabes les plus mal intentionnés, ne pourrait-il être stoppé ? Une pause de réflexion s'impose ! Or, c'est la fuite en avant qui est de mise. Tout est fait afin d'éviter l'écroulement du processus entamé à Oslo. MM. Rabin et Peres se relient au Caire avant ou après chaque rencontre humiliante avec Arafat, afin de présenter leurs excuses au Rais quant aux lenteurs du processus dit "de paix". Parallèlement, Israël supplie le président Assad de Syrie de bien vouloir accepter le Golan en échange d'une paix authentique. La Syrie veut bien récupérer le Golan, mais n'a aucune intention de faire la paix avec Israël. Son but est d'entrer dans les bonnes grâces des USA, Israël ne constituant qu'un obstacle provisoirement incontournable. Contrairement à Rabin, Hafez el Assad, comme les autres dictateurs de la région, n'a pas d'échéance électorale ou d'opinion publique à satisfaire. Le temps joue donc en sa faveur. Enfin, rappelons que rien, dans l'accord de paix avec la Jordanie, n'a été prévu pour que les réfugiés palestiniens soient absorbés par le Royaume hachémite. Cette bombe à retardement risque à terme de faire éclater ce traité. Le gouvernement Rabin justifie toute son action en disant qu'Israël n'est plus isolé et que le rapprochement avec des Etats arabes ou islamiques qui s'est opéré aurait été impossible sans les Accords d'Oslo. Vraiment ? La Chine et l'Inde avaient établi des relations diplomatiques avec Israël du temps du Likoud et des contacts secrets avec le monde arabe existent depuis longtemps. Quant à l'officialisation des échanges avec certains pays arabes, elle n'est pas motivée par un soudain accès d'amour envers Israël, mais par la crainte de l'Iran et par l'expansion du fondamentalisme islamique qui met en danger les régimes féodaux et totalitaires du Golfe, d'Arabie Saoudite, d'Egypte et du Maghreb. Le surarmement purement "défensif" de l'Iran et notamment l'installation des missiles dans le détroit d'Ormuz, qui peuvent frapper toutes les villes et les bases militaires des Etats du Golfe, sont des arguments suffisamment convaincants pour inciter ces nations à un rapprochement vers un Israël militairement puissant. Toutes les actions du gouvernement Rabin seraient-elles donc fondamentalement négatives ? L'avenir le dira, l'Histoire jugera. Toutefois, une chose est établie. Tout ce que ce gouvernement a fait, les accords qu'il a conclus, ceux particulièrement honteux avec l'organisation terroriste OLP, sont réversibles et peuvent être annulés d'un geste. Par contre, ce qui est et reste irréversible, c'est la présence de près de 150'000 Juifs dont les foyers jalonnent aujourd'hui les terres juives de Judée, Samarie et Gaza, rappelant ainsi qu'Eretz Israël appartient au peuple juif. La survie de l'Etat juif et l'avenir du peuple juif ne dépendent heureusement pas des impairs d'un gouvernement éphémère. L'art de la survie du peuple juif est prodigieux, preuve s'il en faut la manière dont refleurit le judaïsme dans les pays de l'Est. Dans le désert spirituel de l'après-communisme, des communautés juives renaissent et des écoles juives ouvrent leurs portes. Alors qu'en Israël nous assistons à un processus de déjudaïsation orchestré par le gouvernement, un mouvement de renaissance de l'identité juive se renforce quotidiennement dans la Diaspora. Cette expression de la liberté retrouvée illustre parfaitement l'actualité du message de Pessah. Toute l'équipe de SHALOM vous souhaite d'excellentes fêtes. Roland S. Süssmann Rédacteur en Chef |