La diaspora doit s'inquiéter ! | |
Par Roland S. Süssmann | |
Quinze mois après la signature des accords d'Oslo, la situation en Israël même et dans les zones autonomes est plus périlleuse que jamais. Afin d'analyser les derniers développements, nous nous sommes adressés à un homme dont le sens des réalités, la connaissance d'Israël et du Moyen-Orient font autorité dans le monde entier, le Général ARIEL SHARON, député du Likoud à la Knesset et figure historique dont les hauts faits de guerre ont sauvé l'Etat Juif pendant l'agression arabe de 1973, la guerre de Kipour.
Quelle est votre évaluation générale de la position politique, militaire et diplomatique d'Israël aujourd'hui ? Nous sommes actuellement dans une situation très dangereuse, probablement la plus périlleuse depuis la création de l'État. Toutes les hypothèses et explications, toutes les promesses faites par notre Premier ministre afin de convaincre la population de lui apporter son soutien dans ses accords avec Arafat, qui n'est rien d'autre qu'un criminel de guerre, se sont avérées totalement fausses. Comme je l'ai toujours dit, Arafat n'a aucune intention de respecter les accords et encore moins de contrôler le terrorisme dans les zones dont il a actuellement la responsabilité, car jamais il n'agira contre d'autres organisations terroristes. Israël a signé un accord avec une seule des quinze organisations terroristes palestiniennes existantes qui, entre elles, ont conclu des pactes de coopération mutuelle. Il semblerait qu'Arafat souhaite que les zones qu'il domine restent calmes, mais il fait tout pour encourager le terrorisme à Jérusalem, à l'intérieur des frontières d'avant 1967 et dans les régions qu'il ne contrôle pas encore. La preuve étant que, bien qu'Israël ait fourni à l'OLP les noms et les adresses des terroristes et fauteurs de troubles, Arafat n'a absolument rien entrepris contre eux. Nous pouvons parler ici d'une opération mensongère conjointe entre Israël et l'organisation terroriste du Fatah d'Arafat: Israël ne demande rien, pas même l'extradition des terroristes dont il est démontré qu'ils ont commis des assassinats. Parallèlement, le gouvernement Rabin déclare que le terrorisme est en régression, ce qui est un pur mensonge. En effet, depuis l'annonce de l'accord d'Oslo, plus de 90 Juifs ont été assassinés, la majorité à l'intérieur même des frontières d'avant 1967. Il n'y a eu "que" 32 assassinats suite à des actes terroristes l'année précédente, et 18 au cours de la première année de l'intifadah. Ces chiffres sont suffisamment parlants pour démontrer ce qui se passe réellement ici. L'idée promue par le gouvernement qui veut qu'il existe une "solution politique" est aussi fausse que tous les autres aspects de ces accords. L'OLP a obtenu bien plus qu'elle n'espérait et aujourd'hui, non seulement elle n'a pas changé, mais elle est bien plus dangereuse qu'auparavant. Alors qu'Israël parle d'autonomie, de conseils administratifs, etc., l'OLP envisage ouvertement d'élire un parlement ! Le Premier ministre a déclaré qu'il fallait empêcher l'OLP d'agir au départ de Jérusalem en tant que gouvernement d'un Etat Palestinien. Depuis cette déclaration, l'OLP y a ouvert de nombreux bureaux et y rencontre régulièrement et officiellement des diplomates. L'OLP mène le plus librement du monde ses affaires gouvernementales depuis Jérusalem ! A ce stade, nous ne voyons aucun développement positif. Que proposez-vous afin de limiter les dégâts ? Le gouvernement devrait insister pour que les Palestiniens tiennent leurs engagements et, s'ils ne le font pas, agir en conséquence. Personnellement, je suis totalement opposé à tous ces accords, mais nous vivons en démocratie. Israël devrait par exemple mettre un frein en disant: "Nous avons établi cet accord en plusieurs phases. Vous n'avez même pas respecté la première, par conséquent, nous n'irons pas de l'avant dans les négociations tant que vous n'aurez pas rempli votre partie du contrat." Mais je vois mal notre gouvernement agir ainsi. En signant ces accords, Israël a abandonné son droit d'entreprendre des actions préventives contre le terrorisme. N'oublions pas qu'avant ces accords, 90% des terroristes étaient arrêtés ou abattus avant d'avoir pu exécuter leurs crimes. Si les Palestiniens ne font rien pour stopper le terrorisme, nous serons obligés de prendre des mesures et de nous réinstaller à Gaza, ce qui nous déplairait fortement. Israël doit imposer aux Palestiniens son droit de poursuivre les terroristes partout où ils se trouvent. Aujourd'hui, nos forces ne peuvent pas entrer dans la zone autonome, alors que nous connaissons parfaitement les adresses des terroristes. Tout ceci fait partie de notre faiblesse, cette terrible faiblesse qui nous ronge. Pensez-vous qu'au stade actuel, nous avons atteint une sorte d'irréversibilité et que les crimes de l'OLP contre des Juifs resteront impunis ? Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de réoccuper Gaza par principe. Si les Palestiniens veulent y gérer leurs écoles et leur vie quotidienne, grand bien leur fasse. Il en est tout autrement en ce qui concerne les questions de sécurité et surtout la poursuite des terroristes. En septembre dernier, nous avons appris que deux terroristes recherchés par Israël pour l'assassinat d'un civil se promenaient librement dans Gaza, l'arme en bandoulière. Je peux vous affirmer que si nous utilisions notre droit d'action préventive et de poursuite, les Palestiniens nous livreraient très rapidement les terroristes que nous recherchons. Le grand problème est qu'Israël ne met pas les Palestiniens au pied du mur, ils ne sont plus confrontés à aucune forme de pression de notre part. Seuls les Israéliens se posent des questions et vivent des dilemmes. N'oublions pas qu'individuellement, les Juifs sont de brillants académiciens, musiciens, industriels, hommes d'affaires, etc. Mais en tant que peuple, la fierté nationale n'existe pas. Nous le constatons ici quotidiennement; l'une des grandes questions qui a préoccupé notre gouvernement en septembre dernier était de savoir qui, de M. Peres ou de M. Rabin, participerait au concert d'Oslo avec Arafat ! N'est-ce pas incroyable ? Qu'en est-il de l'accord de paix avec la Jordanie ? De tout temps, j'ai toujours prêché en faveur d'une négociation avec la Jordanie, qui n'est rien d'autre qu'un Etat palestinien existant d'ores et déjà. Mais peut-être Israël désire-t-il se retrouver face à deux Etats palestiniens ? Cela dit, Israël a fait des concessions inutiles, la plus terrible étant bien entendu celle concernant le Mont du Temple. Toute cette idée qui veut que les Arabes aient des droits historiques - plus ou moins proches des droits des Juifs - est totalement erronée et ne correspond à aucune réalité historique. D'ailleurs, lorsque les Musulmans prient à la Mosquée El Aqsa, érigée à la place d'une église byzantine sur le Mont du Temple 80 ans après le décès de Mohamed, ils ont leurs visages tournés vers la Mecque et leurs dos vers cette montagne soi-disant si sacrée pour eux ! Quant aux Juifs, où qu'ils se trouvent dans le monde, ils se tournent vers le Mont du Temple. Donner officiellement à la Jordanie un rôle sur le contrôle du Mont du Temple constitue une erreur majeure, sans parler du fait que d'autres dirigeants arabes veulent aussi avoir leur mot à dire. C'est le cas des rois du Maroc et d'Arabie Saoudite et, naturellement, d'Arafat. Dernièrement, les Russes se sont aussi manifestés afin de pouvoir également faire partie des équipes dirigeantes du Mont du Temple. Les seuls exclus et n'ayant aucun droit sont, une fois de plus, les Juifs. Qu'en est-il de la question de l'eau ? Pour le grand public, la question de l'eau reste très abstraite et ne se concrétise que lorsque l'on ouvre le robinet. En fait, il s'agit d'un problème très sérieux, car si Israël devait satisfaire en eau toutes les demandes des pays arabes environnants, il devrait leur fournir près d'un milliard deux cent mille m3 d'eau. Au début des négociations, la position d'Israël était très clairement définie: il n'était pas question de partager les sources d'eau existantes, mais Israël s'engageait à fournir plus d'eau à la région. Dans l'unique but de faire une seule petite visite à Akaba, le gouvernement actuel a abandonné cette idée. Aujourd'hui, la question est de savoir comment partager l'eau de la région. Voici ce que le roi Hussein a exigé et obtenu. Il veut sa part dans les sources d'eau existantes et toute cette idée de fournir et de produire plus d'eau dans la région est reportée à une hypothétique deuxième phase. Rappelons que lorsque le Premier ministre s'est rendu à Akaba, il a apporté en humble offrande au Roi quatre millions de m3 d'eau, de quoi alimenter l'ensemble des besoins de 4 Moshavim (communautés agricoles) pendant une année entière ! C'était le prix à payer pour avoir le droit de se rendre à Akaba... Cette démarche n'est d'ailleurs pas nouvelle. Afin de pouvoir aller à Alexandrie, en Egypte, Shimon Peres avait accepté d'abandonner Tabba. Les Egyptiens avaient alors promis d'aider Israël dans la question des soldats disparus, promesse qui ne fut jamais tenue. Pour ces soldats, Israël a d'ailleurs déjà payé sous plusieurs formes et à divers reprises, mais l'Eypte n'a jamais fait aucun effort pour régler la question. Les Egyptiens savent parfaitement qu'ils tiennent là une carte offrant un moyen de pression formidable. Un accord avec la Jordanie est important, mais pas au prix de telles concessions. Comment voyez-vous l'avenir ? Si Israël n'entreprend pas rapidement les démarches nécessaires afin de se faire respecter, c'est la survie de l'Etat en tant que tel qui est en danger. Economiquement et militairement, Israël est bien plus fort que par le passé, mais les Juifs sont devenus plus faibles. Le leadership juif et le gouvernement sont d'une faiblesse extrême. Les Juifs de la Diaspora devraient s'inquiéter des événements actuels, car tout ce qui se passera en Israël affectera immanquablement les Juifs du monde entier. Ceci dit, il existe ici un petit noyau qui mène le combat d'Israël, ce sont les habitants juifs de Judée, de Samarie et de Gaza. De tout temps, au sein de chaque génération, seul un petit nombre de pionniers avait conscience des réalités et agissait en conséquence. Pendant la Guerre d'Indépendance par exemple, seul un groupuscule de Juifs se battait vraiment ici. Les Forces alliées comptaient 250'000 soldats juifs, tous des combattants expérimentés et entraînés, parmi eux des milliers d'officiers, mais seule une poignée, peut-être 200 d'entre eux, sont venus ici combattre aux côtés de l'Etat Juif alors envahi par les Nations arabes environnantes au moment même de sa naissance. Mais j'irai plus loin. Ici, en Israël même, combien combattaient véritablement ? Seule une toute petite minorité dirigeait et menait le combat. Qui étaient ceux qui ont construit Petah Tiqvah ? Un groupuscule de Juifs orthodoxes portant des chapeaux de fourrure et qui, animés par une âme de pionniers, sortirent des murailles de la Vieille Ville de Jérusalem pour établir ailleurs une présence juive. Ce n'est que bien plus tard qu'ils furent suivis par plusieurs mouvements nationaux tels le Hachomer Hatzaïr, le Palmach ou encore la Haganah. Chaque génération a eu sa minorité de pionniers-leaders. Au cours des vingt dernières années en Israël, ce sont les habitants juifs de Judée, de Samarie et de Gaza. N'oublions pas que seuls ceux qui sont prêts à faire des sacrifices sont de véritables dirigeants. Avec ses 5.5 millions d'habitants, dont 4.5 millions de Juifs, Israël a de grandes possibilités. A cela s'ajoutent environ 1.5 million de Juifs vivant dans la C.E.I. et qui devront à plus ou moins longue échéance venir s'installer ici, bien que l'idée de promouvoir l'aliya ne constitue pas la priorité du gouvernement actuel. Un Etat comptant en définitive six ou sept millions de Juifs aura un autre potentiel que le pays actuel et je pense que les possibilités de développement sont importantes. Mais de l'autre côté, nous avons cette énorme faiblesse de laquelle découle cette question terrible qui est de savoir laquelle des deux tendances l'emportera en définitive: le nihilisme ou le caractère profondément juif de l'Etat. Actuellement, la presse israélienne regorge d'articles combattant et appelant à combattre l'essence juive du pays. Jusqu'à l'infâme poignée de mains de Washington, des courants sous-terrains prêchant en faveur de la déjudaïsation de l'Etat se faisaient entendre de temps en temps. Depuis ce jour funeste, ceux qui veulent devenir une Nation "normale", par le biais de l'assimilation, des mariages mixtes avec les Arabes, sont de plus en plus actifs et se font ouvertement entendre. Ces personnes ne veulent tout simplement plus être juives, n'étant pas fières de l'être, et c'est là la source de cette faiblesse juive dont je vous parle. Les avocats de cette école estiment que nous vivons aujourd'hui à l'époque du post-sionisme. L'exemple à suivre étant les Etats-Unis, Israël devrait être progressivement américanisé. En admettant qu'une telle idée soit valable, il faudrait que ceux qui la promeuvent ne se contentent pas d'imiter les facilités et permissivités qu'elle comporte, mais également d'adopter la conduite qu'ont les Américains face à la fierté nationale, à leur drapeau, à l'hymne national, sans parler des précautions avec lesquelles ils abordent les questions ayant trait aux problèmes de la sécurité nationale. Les Américains n'auraient jamais accepté l'idée d'un retrait des hauteurs du Golan en échange de quelques promesses d'Assad. Dick Cheney, alors ministre de la Défense, disait: "Peu importent les paroles et les intentions de l'adversaire, ce qui compte, ce sont ses capacités d'action." En votre qualité de stratège et d'ancien ministre de la Défense, comment voyez-vous le rôle de l'armée dans le processus actuel ? De par sa conduite, le gouvernement d'Israël a créé des situations qui peuvent déclencher la guerre que tout le monde souhaite éviter. Afin d'illustrer mes propos, je vous rapporterai un fait auquel j'ai assisté quelques jours avant Roch Hachanah à Gaza. Le jour après l'assassinat d'un soldat près de Morag, l'armée a décidé d'établir une barricade de vérification à l'endroit même de l'assassinat qui, selon l'accord du Caire, est un lieu totalement sous la responsabilité des forces israéliennes. Quelques minutes après l'établissement du barrage, la police palestinienne est arrivée sur les lieux munie de bulldozers et a poussé le barrage sur le côté de la route tout en tenant en joue les soldats israéliens avec ses fusils. Pour leur part, les soldats israéliens avaient reçu l'ordre de faire attention de "ne pas provoquer". Comme ce barrage était très important, un haut gradé israélien s'est rendu sur les lieux et, constatant les faits, a ordonné sa réinstallation. Une voiture arabe est immédiatement arrivée, bloquant la route, suivie par la police palestinienne accompagnée de plusieurs centaines de palestiniens qui se sont mis à manifester. Suite à ces événements, Israël a abandonné et les soldats israéliens ont démonté le barrage ! Mais comme il s'agit d'une position très dangereuse, l'armée a décidé d'y installer une traverse afin de forcer les voitures à ralentir, permettant ainsi d'intervenir en cas d'attaque. La police palestinienne a immédiatement débarqué avec des marteaux piqueurs et démoli le dos d'âne... devant les soldats israéliens présents, qui avaient pour ordre de ne pas réagir ! Sans commentaire. Comment analysez-vous un tel comportement ? L'un des problèmes fondamentaux réside dans le fait que certains hauts gradés font de la politique. Ils aident activement à faire faussement croire au bien fait de la situation et participent ainsi à donner de faux espoirs au public. Lorsqu'un soldat d'Israël parle, le peuple le croit. Les commandants de l'armée utilisent la crédibilité de Tsahal à des fins personnelles, pour obtenir des promotions ou se construire une carrière politique. Il s'agit là d'un développement extrêmement dangereux. Il faut se souvenir que déjà à l'époque de Ben Gourion, l'armée était très fortement politisée, et qu'il était pratiquement impossible d'être promu au rang de colonel si l'on n'était pas membre du Parti travailliste. Mais même alors, un officier ne se serait jamais permis de penser, seulement de penser, ce que les militaires d'aujourd'hui déclarent publiquement: il aurait été immédiatement exclu de nos forces. Bien entendu, tous les gradés n'agissent pas de la sorte, mais un bon nombre. Ils aident le gouvernement à surmonter la difficulté que constitue la résistance du public israélien lorsque celui-ci s'inquiète des derniers développements. Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une démarche extrêmement malsaine, sans parler de la manière dont toute cette opération est menée. Récemment encore, ces mêmes officiers supérieurs déclaraient publiquement qu'il n'y avait aucune chance d'en finir avec le terrorisme au sud-Liban si Israël ne trouvait pas de solution politique viable avec la Syrie, en d'autres termes, sans un retrait total du Golan. Cette déclaration signifie en clair que le problème est porté devant les mères et les pères dont les fils servent actuellement au nord d'Israël. C'est à eux que l'on demande avec un cynisme sans mesure s'ils préfèrent mettre la vie de leurs fils en danger au Liban ou soutenir le projet de retrait du Golan. Cette démarche n'est pas seulement propre à des hauts gradés, même de simples officiers se permettent aujourd'hui d'agir et de parler de la sorte. Ceci dit, cette détérioration et toutes ces faiblesses ne signifient de loin pas que le Parti travailliste est malade et que le reste de la classe politique israélienne est sain ! Jusqu'où cette détérioration peut-elle aller avant que la population d'Israël ne se décide enfin à réagir ? Le Sionisme fut une révolution extraordinaire et probablement la seule ayant réussi et atteint ses buts au cours du siècle écoulé, surtout en comparaison avec toutes les autres révolutions de cette même tranche de l'Histoire. Toutefois, cela n'a pas fonctionné dans un domaine, celui de fixer les racines authentiques de la Nation juive dans la terre même d'Israël. Les Juifs se sont fortement éloignés du judaïsme. Ils ne connaissent pas l'histoire juive, l'histoire du pays, d'Israël, la Bible et l'ensemble du patrimoine intellectuel juif. C'est donc par ignorance qu'ils ne sont pas fiers d'être Juifs et de leur peuple. La génération de mes parents a reçu une éducation juive très forte, ma génération a encore cette excuse - pour ne pas dire le prétexte - d'être celle des grands combats. Mais quelles étaient nos connaissances en matière de judaïsme ? Avec la nouvelle génération, la situation s'est détériorée, car elle est totalement éloignée du judaïsme et du sionisme. Les Juifs ne ressentent plus les droits légitimes qu'ils ont sur cette terre et par conséquent sur l'Etat. Dans ces conditions, on ne peut pas s'attendre à une réaction forte ou rapide. C'est une question d'éducation qui peut prendre une génération mais malheureusement, aujourd'hui, le temps presse. En raison de tous ces dangers que vous avez mentionnés, pensez-vous qu'Israël s'achemine vers une guerre ? Si cette faiblesse et toutes les compromissions qui en découlent continuent, je crains qu'une telle éventualité ne soit pas à exclure. Quelle sera alors l'attitude des Arabes israéliens ? Elle dépendra de qui remportera des succès. Pendant la Guerre du Golfe, alors que les Scuds tombaient sur Tel-Aviv, ils dansaient sur leurs toits. Mais je pense qu'Israël gagnera, car nous sommes un pays très fort. Mais alors, d'où vient l'espoir ? L'espoir vient des Juifs vivant en Judée, en Samarie, dans la Bande de Gaza et de ceux qui sont au front. Nous n'avons pas le droit de perdre de vue que, comme le disaient toujours mes parents, "seuls les Juifs ont des droits sur cette terre", ce qui n'exclut pas d'accorder des droits civiques à tous les habitants. L'important aujourd'hui est de reconnaître les dangers à temps, de les publier et d'avertir le public. En réalité, tout est encore entre nos mains. Il est vrai qu'il existe des problèmes complexes et que nous vivons une période extrêmement périlleuse. Mais il n'y a aucune raison de désespérer, bien que je pense que nous vivions actuellement l'une des périodes les plus dangereuses de l'Etat Juif depuis sa création. |