Une présence vitale pour Israël | |
Par Roland S. Süssmann | |
Les accords Rabin-OLP d'Oslo et du Caire auraient dû permettre à Israël de se retirer du véritable bourbier qu'est Gaza. C'est du moins ce que la propagande officielle du gouvernement Rabin veut faire croire. De belles phrases telles que "nous ne voulons pas régner sur un autre peuple" ou encore "la présence israélienne à Gaza ne nous apporte rien" ont été utilisées pour endormir les esprits. En réalité, ayant déployé ses forces vers des points de contrôle plus efficaces, l'armée israélienne est plus présente que jamais sur le terrain.
Le dégagement de l'IDF s'est opéré uniquement dans les villes à très forte population arabe. Le seul fait d'assurer la sécurité des villages juifs de la région de Gush Qatif - 5300 habitants répartis en 17 localités vivant d'agriculture, de petites industries et de tourisme - ne justifie pas la présence massive de Tsahal. Toute l'idée du "retrait" de Gaza était de séparer totalement Israël des cloaques insalubres et surpeuplés de Gaza-Ville, Khan Younes, Rafiah et autres lieux où se trouvent les camps de réfugiés. Or, malgré le soi-disant "retrait" israélien, ces bourbiers sont toujours présents et proches, très proches des centres les plus intensément peuplés d'Eretz Israël: Tel-Aviv, Ashkelon, Beershéva, etc. L'armée israélienne doit donc protéger le centre d'Israël depuis Gaza, tâche beaucoup plus difficile qu'initialement prévue. L'anarchie dans les rues de Gaza risque de déborder sur l'intérieur d'Israël, les forces terroristes de l'OLP n'étant ni capables ni intéressées d'y mettre un terme. Sur le plan économique, il est plus évident que jamais que les grands "frères" du monde arabe n'ont pas la moindre intention d'aider les Arabes de Gaza. Ce sont les "cousins juifs" tant détestés et combattus qui procurent aujourd'hui le peu d'activité économique à Gaza, sans oublier les quelque 60'000 habitants de cette région qui viennent quotidiennement travailler au cýur même d'Israël, à Tel-Aviv et Ashkelon. Dans les villages juifs de la Bande de Gaza, précisément à Gush Qatif, la vie continue, pas tout à fait comme auparavant, mais avec détermination, bien que l'incertitude lancinante prévaut. Afin de mieux comprendre les motivations et les espoirs qui animent les Juifs vivant aujourd'hui dans la région de Gush Qatif, nous nous sommes rendus sur place et avons été chaleureusement reçus par ZWI HENDEL, président du Conseil régional de Gaza. Aujourd'hui, la Bande de Gaza est morcelée et divisée. L'organisation terroriste OLP dispose d'une certaine autorité légale, ses hommes se promènent armés et patrouillent souvent en collaboration étroite avec l'armée israélienne. Comment évaluez-vous la situation actuelle ? Un vieux dicton nous enseigne "qu'Eretz Israël s'acquiert par la souffrance". De tout temps, le peuple juif a surmonté des épreuves plus ou moins difficiles. Je ne pense pas que nous vivions actuellement la plus mauvaise période de notre histoire. Malheureusement, le gouvernement israélien actuel est commandé par une petite minorité d'extrême-gauche qui dirige toutes les affaires gouvernementales. La politique d'aujourd'hui est celle prônée de tout temps par le groupuscule "Ratz", frange hyper-extrémiste du Parti Meretz. Les adeptes de "Ratz" ont toujours été les seuls au sein de la classe politique israélienne à vouloir négocier avec l'OLP et Arafat et établir un Etat palestinien. En réalité, Itzhak Rabin est à la fois minoritaire au gouvernement et dans son parti. Etant très faible, il se laisse complètement manipuler. Nous sommes arrivés au point totalement anormal où une petite minorité fait la pluie et le beau temps. Rabin n'est plus qu'une façade qui parle bien et vend "le paquet" avec lequel il s'identifie aujourd'hui. Toute la politique se fait par les adeptes de Meretz et l'aile gauche du Parti travailliste, en collaboration avec les Partis arabes ! Cela dit, aujourd'hui, le réveil est bien là, l'illusion a disparu, les Israéliens commencent à se rendre compte de ce qui se passe réellement. C'est ainsi que, dans le cadre des accords Oslo-Le Caire, Israël a libéré des assassins contre les règles élémentaires des bases de la morale, et ce le plus ouvertement du monde. Bien que la presse apporte son soutien global au gouvernement, une grande majorité de la population est aujourd'hui opposée au processus actuel. Le peuple israélien n'est pas sot: on peut lui mentir une fois, voire deux, mais ensuite il réagit. En ce qui concerne la situation dans notre région, j'ai toutes les raisons d'être optimiste, car les faits parlent pour nous. Les adhérents du mouvement Ratz, dont certains sont ministres aujourd'hui, étaient persuadés que, dès que l'OLP serait installée dans la région, nous n'aurions plus qu'une seule idée en tête: quitter les lieux. Or, c'est exactement le contraire qui se passe. Malgré toutes les difficultés, la présence de la police palestinienne, la tentative d'étranglement économique, les réductions budgétaires, nous restons en place et la population croît. D'ici à la fin de cette année, nous nous attendons à une augmentation de population de 150-160 familles. Le fameux "gel" des constructions qui touche un grand nombre de villes et villages juifs des Territoires n'a, en définitive, pas été appliqué chez nous. Pourquoi ? Lorsque le gouvernement Rabin est venu au pouvoir, il a établi un programme intitulé "Nouvel ordre des priorités nationales". Gush Qatif est resté dans la catégorie No.1 des priorités nationales, qui est la plus élevée. Il existait un très fort consensus populaire quant à la présence juive dans cette région, ne serait-ce qu'en raison des questions de sécurité. Ce n'est pas une décision que le gouvernement a prise avec facilité. Lors du débat gouvernemental concernant la mise en place du programme de gel, la session a duré 7 heures, dont 5 ont été vouées à la question de Gush Qatif. En définitive, Rabin a compris l'importance de notre présence ici. Justement, en ce qui concerne cette présence, la nouvelle disposition du territoire isole complètement deux villages, Kfar Darom et Nezarim. N'aurait-il pas été plus logique de regrouper ces villages dans la région centrale de Gush Qatif, au lieu de dépenser des fortunes pour leur protection ? Tout d'abord, il faut se souvenir que Tsahal doit être présent partout en Israël là où il y a des Juifs. C'est son devoir. En ce qui concerne Nezarim, où vivent 30 familles juives, je vous rappellerai que lors de la fondation de l'Etat, la frontière nord fut marquée là où il y avait des villages juifs. Metoullah, dont aujourd'hui plus personne ne pense à mettre en doute son appartenance à Israël, comptait alors 10-12 familles et c'est là que la frontière du jeune Etat fut établie. Lors de la signature des accords Oslo-Le Caire, il a été convenu que l'armée quitterait les grandes agglomérations arabes, Gaza, Khan Younes et Rafiah, et ne serait autorisée à s'installer que là où il y a déjà des implantations juives. En admettant que Nezarim n'ait pas existé, l'armée n'aurait pas pu se déployer aux alentours de la ville de Gaza où sa présence est indispensable, Gaza constituant un danger pour tout le Néguev, la région d'Ashkelon, etc. A cela s'ajoute l'ensemble des mesures de protection et de prévention qu'une présence rapprochée de l'armée permet d'entreprendre par rapport aux 60'000 travailleurs arabes qui se rendent quotidiennement de la région de Gaza à Tel-Aviv, Ashkelon, etc. Il faut bien comprendre combien le peuplement juif de la Bande de Gaza constitue un élément vital pour l'Etat d'Israël. Les accords d'Oslo n'ont solutionné aucun des problèmes de la région, ni à court ni à long terme. Le but de toute cette opération est uniquement de "plaire au peuple israélien" afin de gagner les prochaines élections. N'oublions pas que plus de 60% de la population arabe de Gaza estime ne pas y être chez elle, mais que son foyer est à Jaffa et à Tel-Aviv. Les accords d'Oslo n'ont résolu aucun problème pour les Arabes. Il ne fait aucun doute qu'en définitive, cette nouvelle situation impliquant les zones autonomes explosera, non pas à cause de nous, mais parce que les Arabes la rejetteront. Une grande majorité de la population arabe de Gaza n'a pas de foyer, pas de terres, rien. Ce sont des réfugiés, ils attendent qu'on leur propose une solution. Ils ne s'entre-tueront pas non plus, car l'ennemi commun est et reste le Juif, le Sioniste. Afin d'illustrer mes propos, je vous rapporte une conversation que j'ai eue récemment avec un notable arabe, réfugié à Gaza. Il m'a notamment dit: "Si demain Arafat vient me dire: "oublie ton rêve de retourner sur tes terres situées à Jaffa, en compensation, je te donne un lopin de terre à Gaza", j'accepterai tout de suite. Mais si Arafat vient me dire "oublie ton rêve de retourner sur tes terres situées à Jaffa, parce que j'ai signé un traité de paix avec Rabin, jamais je n'accepterai !" Ce qui est dramatique, c'est que les propriétaires terriens arabes de Gaza ne vendent pas de terres aux réfugiés. Même si nous partions et qu'ils occupaient l'ensemble de la région de Gush Qatif, le problème ne serait que provisoirement réglé. De source arabe, j'ai appris que des négociations ont d'ores et déjà commencé entre le ministère des Affaires étrangères israélien et l'OLP afin d'agrandir la Bande de Gaza en abandonnant certaines terres non habitées du Néguev ! En général, ce que me confient les Arabes m'est confirmé quelques mois plus tard par des sources juives... Vous dites que les accords d'Oslo n'ont rien résolu. Mais que proposez-vous ? Aucun Etat arabe n'a jamais offert la nationalité aux "frères" venus se réfugier chez eux. L'Egypte a maintenu les Palestiniens dans des camps honteux, la Jordanie, la Syrie et le Liban en ont fait autant. Tous ces Etats les ont sciemment laissés dans cette situation afin de garder un moyen de pression sur Israël. Aujourd'hui, il en est de même. Aucun réfugié palestinien ne peut s'installer dans l'un des Etats précités et obtenir la nationalité. Dans le cadre d'une paix globale, il faut trouver une solution acceptable pour les réfugiés, leur offrir des choix dans le cadre du monde arabe ou des possibilités décentes de s'établir à Gaza ou ailleurs. A Gaza, il faudrait prévoir une réforme agraire et territoriale complète. Sans solution de ce genre, le terrorisme, le chaos et la mort resteront quotidiennement au programme. 60% de la population arabe de Gaza est amère, car personne n'offre la moindre lueur d'espoir. Si cette situation perdure, elle finira par exploser, et nous sommes en toute première ligne. N'oublions pas que nous ne sommes pas entourés de démocraties, mais de dictatures. Tous les rêves d'économie commune et de projets grandioses n'ont aucune valeur aussi longtemps que la question des réfugiés ne sera pas réglée par l'ensemble du monde arabe. Ces éléments nous mènent à la conclusion que nous sommes tenus à faire valoir nos droits, à tout mettre en ýuvre afin que notre présence ici soit maintenue et renforcée, ce malgré toute les difficultés auxquelles nous devons faire face en raison de la politique de gouvernement. Nous souhaitons voir rapidement intervenir un changement de gouvernement, car celui en place actuellement est condamné à la fuite en avant en faisant fi de tous les principes de moralité les plus élémentaires qui régissent la société israélienne. Les concessions sont sans fin. Un nouveau gouvernement de droite ne constituera certes pas la panacée universelle, mais au moins ne se prêtera pas à ce jeu là, du moins nous l'espérons. Je terminerai en disant que l'expérience a de tout temps démontré que le peuple juif est bien plus fort que ses dirigeants. |