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Sommaire Interview Printemps 1999 - Pessah 5759

Éditorial - Printemps 1999
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Principes et Réalpolitik

Par Roland S. Süssmann
La première législation de Benjamin Netanyahou est venue à terme prématurément. Contrairement à ce que l’on peut penser, la chute de son gouvernement ne constitue pas une victoire de la gauche, mais est le fait de la droite. A tort ou à raison, les adeptes du camp nationaliste en Israël ont estimé que Benjamin Netanyahou n’avait pas le droit de signer le mémorandum de Wye River Plantation. Une fois encore, Israël se retrouve à la veille d’une élection cruciale dont l’issue hypothéquera non seulement ses lendemains immédiats, mais déterminera l’avenir de l’État juif.
Afin de brosser un tableau rétrospectif et perspectif de la situation, nous avons été reçus en exclusivité par le Premier ministre d’Israël, BENJAMIN NETANYAHOU. Au cours d’une conversation aussi cordiale qu’ouverte et approfondie, nous avons évoqué les grands problèmes du moment et sommes heureux de rapporter ici l’essentiel des propos que nous avons ainsi recueillis.

Quel est, selon vous, le résultat le plus important que vous avez obtenu au cours de votre législature ?

Il y a plusieurs domaines pour lesquels nous avons trouvé des solutions satisfaisantes, mais le premier se situe bien entendu sur le plan politique. Nous avons mis un terme à la terrible détérioration du processus d’Oslo qui a eu lieu au cours des deux ans et demi qui ont suivi la pompeuse signature du 13 septembre 1993 à la Maison Blanche. Pendant ce laps de temps au cours duquel le Gouvernement travailliste était au pouvoir, Israël a été frappé par la pire et la plus meurtrière vague de terrorisme que l’État juif ait jamais connue. Elle était d’une gravité sans précédent puisque 231 personnes ont été assassinées et des centaines ont été blessées. Pour la population, cette situation était devenue totalement incompatible avec le concept de «processus de paix». Depuis, j’ai réussi à rétablir le sentiment de sécurité en Israël parce que j’ai traité le terrorisme de façon totalement différente. Le Gouvernement travailliste disait vouloir continuer et avancer le processus de paix et ce en dépit du terrorisme. Nous avons fait comprendre aux palestiniens qu’il n’y aurait plus de retraits israéliens à moins qu’ils ne tiennent leurs engagements (pris à l’égard de feu Itzhak Rabin avant la signature des Accords d’Oslo…) et qu’ils n’assument leurs responsabilités, à savoir combattre activement le terrorisme. En agissant ainsi, nous avons introduit ce principe fondamental et si important qu’est la notion de réciprocité. En termes simples, cela signifie que les accords obligent les deux parties à remplir leurs obligations et qu’à l’avenir, nous tiendrons les nôtres uniquement dans la mesure où les palestiniens assumeront les leurs. Toute l’atmosphère et tout l’esprit des négociations ont ainsi été complètement transformés. Afin d’illustrer mes propos, je vous citerai l’exemple de la Maison d’Orient de Jérusalem. Tous les gouvernements d’Israël, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont d’accord pour dire que Jérusalem est et doit rester la capitale unifiée d’Israël placée exclusivement sous souveraineté israélienne. Mais vous n’ignorez pas qu’à l’époque du Gouvernement travailliste, la Maison d’Orient jouait le rôle de «Ministère des Affaires étrangères» de l’Autorité palestinienne. Tout diplomate de haut rang qui était reçu par le Ministre israélien des Affaires étrangères estimait faire acte d’équilibre en se rendant au «Ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, chez M. Faisal Husseini», qui tenait ses bureaux à la Maison d’Orient. Cela faisait partie intégrante et normale du cursus de toute visite officielle. Plus de 80 rencontres de ce type ont ainsi eu lieu, et des ministres des Affaires étrangères de France, de Grande-Bretagne et d’autres pays se sont livrés à ce genre d’exercice. J’ai pris une position très simple dans cette affaire en disant que toute personne qui se rend en visite officielle à la Maison d’Orient ne sera reçue ni par moi ni par aucun des ministres de mon gouvernement. La pratique des visites officielles à l’Autorité palestinienne a pour ainsi dire cessé sur-le-champ. La Maison d’Orient existe toujours, mais il ne s’agit plus aujourd’hui que d’un domicile privé.

Il est vrai que vous avez considérablement réduit les activités terroristes en Israël, mais l’un des grands thèmes de votre campagne de 1996 était malgré tout la poursuite directe «à chaud» des terroristes arabes à l’intérieur même des zones placées sous le contrôle de l’OLP. Or tout indique que ce genre d’opérations n’a pas eu lieu. Qu’en est-il en réalité ?

Vous comprendrez aisément qu’il s’agit là d’actions auxquelles nous évitons de donner de la publicité. La seule chose que je peux vous dire, c’est que non seulement ce type de poursuites a eu lieu mais qu’il a été extrêmement efficace et couronné de succès. Dans l’ensemble, le sentiment de sécurité dans le pays a été rétabli, certes il y a encore des incidents, mais nous n’assistons plus à ces grandes offensives terroristes que nous avons connues avant mon entrée en fonctions.

Dans le domaine du terrorisme, vous avez donc réalisé des progrès non négligeables, voire importants. Mais quels résultats avez-vous obtenus sur le plan purement politique ?

Les Accords d’Oslo ne sont pas de bons traités mais en notre qualité de gouvernement démocratique, nous estimons être liés par les conventions signées par nos prédécesseurs. Aussi longtemps que les Accords d’Oslo ne constitueront pas un danger fatal ou crucial pour l’État d’Israël, nous continuerons à les respecter dans la mesure où l’autre partie tiendra ses engagements, ce qui constitue la fameuse clause de réciprocité. Sur le plan politique, je dois souligner que j’ai mis un terme à l’extravagance de l’étendue des retraits israéliens. Les palestiniens prétendent que dans le cadre des Accords d’Oslo, il leur aurait été promis qu’à la fin de la période intermédiaire, 90% (!) des territoires devraient se retrouver entre leurs mains avant même que ne débutent les négociations sur le statut final. Comme vous le savez, la superficie du territoire que nous sommes disposés à négocier est très nettement inférieure à un tel chiffre. Or les Accords d’Oslo ne spécifient absolument pas la surface du territoire qui devrait passer sous contrôle palestinien, nous sommes donc libres d’en discuter comme nous l’entendons. Le fait est que pour l’instant, nous n’avons cédé que 2% du terrain qui se trouvait totalement sous contrôle israélien (zone C) et 7% du territoire qui était sous contrôle commun (transfert de zone B en zone A). Il est vrai que selon le mémorandum signé à Wye, nous sommes tenus de transférer encore 11% de territoires, dont 3% constitueront une réserve naturelle. Mais nous insistons sur le principe de réciprocité et c’est pourquoi le retrait a été suspendu. Nous estimons en effet que les palestiniens ne tiennent pas leur part de l’accord et qu’ils n’agissent pas en fonction de leurs engagements.

Pratiquement, que cela signifie-t-il ?

Les palestiniens ont refusé de mener une campagne active contre les organisations terroristes et leurs infrastructures. Rien n’a été entrepris pour désarmer et dissoudre des groupes terroristes comme le Hamas ou le Jihad islamique. Depuis le début de l’année, plus de 60 terroristes ont été relaxés des prisons palestiniennes, certains d’entre eux ont même participé à des attaques au cours desquelles des Israéliens et des Américains ont été assassinés. Toujours selon les Accords de Wye, les palestiniens sont tenus de confisquer toutes les armes illégales détenues par des civils, or aucune campagne active de ce genre n’a été entreprise. Des milliers d’armes et de munitions circulent librement dans les zones sous contrôle palestinien, sans parler des quantités importantes qui y sont fabriquées illégalement ou qui entrent par le biais de la contrebande. Même les forces palestiniennes détiennent des armes qui leur sont interdites par tous les accords signés, en particulier des mortiers, des mines et des lance-grenades. L’Autorité palestinienne refuse de les confisquer à ses hommes. De plus, selon les Accords de Wye, les palestiniens se sont engagés à réduire leur police aux effectifs prévus par les Accords d’Oslo, soit un maximum de 30 000 hommes, et à remettre à Israël une liste de toutes les personnes recrutées (ce qui n’a jamais été fait). Aujourd’hui, l’Autorité palestinienne reconnaît avoir 40 000 policiers, dont 12 sont des terroristes recherchés par Israël, certains ayant participé directement à des assassinats d’Israéliens et d’Américains. La liste est longue et je ne parle pas de l’incitation permanente à la violence contre Israël ni même de l’organisation de manifestations virulentes contre l’armée et des civils israéliens, auxquelles s’ajoute une propagande d’hostilité générale qui constitue une autre forme de non-application des accords. Nous sommes face à des agissements en violation flagrante des engagements signés.

Vous nous parlez du fait que l’Autorité palestinienne ne tient pas les Accords de Wye. Mais depuis la signature des accords sur Hébron, les infractions palestiniennes, en particulier en ce qui concerne les questions de sécurité, ont été innombrables, à commencer par la quantité d’armes que possède la police palestinienne et le type de mitraillettes utilisées par les services de sécurité de Jibril Rajoub, comme par exemple les PK-3 et les MPK-5. Pourquoi avez-vous estimé juste et salutaire de vous rendre à Wye pour signer un nouvel accord avec Arafat alors qu’il n’a jamais jugé utile de respecter les autres traités qu’il a conclus avec Israël ?

Ce que vous dites est vrai mais, depuis notre évacuation de Hébron en janvier 1997, nous ne nous sommes plus retirés d’un seul millimètre des territoires et ce toujours en fonction du fameux principe de réciprocité. Ce que j’ai voulu obtenir à Wye, c’est un accord où, pour la toute première fois, le principe de la réciprocité est totalement intégré dans l’application du traité. Le plan étape par étape tel qu’il est prévu dans les Accords de Wye est très clair et a déjà fait ses preuves. Dans les quatre semaines qui ont suivi leur signature, les palestiniens étaient tenus de remplir certaines obligations. Ils ne l’ont pas fait et j’ai ordonné l’arrêt immédiat de tout retrait israélien.

Pensez-vous que les Accords de Wye ont fait avancer le processus de paix ?

Nous avons été à Wye parce que nous voulions donner une forme concrète au principe de réciprocité et les Américains nous ont convaincus que c’était une occasion de réaliser ce souhait. Il faut bien comprendre qu’en général, lorsque l’on parle de «faire avancer le processus de paix», cela signifie en termes concrets pour Israël de se retirer d’encore plus de territoires. Pour ma part, je n’ai accepté l’idée de futurs retraits israéliens qu’à la seule condition que les palestiniens remplissent l’ensemble de leurs engagements. Si, pour des raisons qui m’échappent, notre position n’était pas suffisamment explicite lors de la signature des Accords de Hébron, nous l’avons clarifiée et ancrée dans le mémorandum de Wye. Il est vrai que dans les accords qui ont précédé Wye, le principe de réciprocité n’était malgré tout que vaguement défini. D’un côté il y avait les obligations israéliennes et de l’autre les devoirs des palestiniens, mais le fait que les deux choses étaient intimement liées n’était pas stipulé clairement. A Wye, nous avons donc réussi à obtenir que ce lien de conformité soit fixé une fois pour toutes et pour l’instant, nous le testons sur le terrain.


En admettant que le système mis en place à Wye s’avère effectivement applicable, ces pactes constituent avant tout une base pour les négociations définitives. Selon vous, comment l’accord du statut final se présentera-t-il?

Nous espérons effectivement atteindre un arrangement permanent avec les palestiniens par le biais des négociations finales. Somme toute, c’est là que réside l’essence même de la paix. Cet accord doit déterminer la superficie et la nature de l’entité palestinienne, les frontières finales de notre pays, l’avenir des communautés juives de Judée-Samarie et de Gaza, le contrôle de l’eau et de l’espace aérien et fixer les différents aspects des zones stratégiques vitales pour nous. Je ne sais pas quelle sera l’issue de ces négociations qui s’annoncent extrêmement complexes, mais je peux d’ores et déjà vous dire que nous garderons le contrôle de sécurité total sur tous les points de passage et de frontière de l’entité palestinienne, ce aussi bien sur terre, sur les ponts, à l’aéroport et dans le port de Gaza s’il est construit que dans l’ensemble des eaux territoriales. Il faut bien comprendre que si tel n’est pas le cas, nous ne pourrons par exemple pas empêcher qu’en une seule nuit, 20 000 hommes et 500 tanks soient importés et placés à nos frontières. On peut tout imaginer !

Vous nous parlez du statut des villes et villages juifs de Judée-Samarie et de Gaza. Pensez-vous qu’en définitive, vous serez amenés à évacuer certaines de ces agglomérations ?

Il est toujours malsain de préfigurer d’une négociation ou d’en discuter avec la presse plutôt qu’avec son interlocuteur, en l’occurrence les palestiniens. Cela dit, je n’ai pas l’intention d’abandonner la moindre des communautés juives de Judée-Samarie-Gaza. J’estime simplement que toute demande de ce genre émanant de qui que ce soit constitue une requête afin de rendre certaines régions d’Israël «judenrein» (terme nazi signifiant «épuré de tout Juif»). Il s’agit bien entendu du genre d’idées totalement inacceptable et ce indépendamment de toute considération relative aux questions de souveraineté dans la zone concernée.


Lorsque vous nous parlez «d’une entité palestinienne», ne s’agit-il pas d’un euphémisme pour dire «État palestinien» ?

Comme je vous l’ai dit, il est bien trop tôt pour préfigurer de quoi que ce soit en ce qui concerne les négociations sur le statut final. Cela dit, il ne faut pas sous-estimer les dangers qu’implique la création d’un État palestinien pour la stabilité en Jordanie, en particulier s’il est contigu au Royaume Hâchémite.

Vous évoquez les négociations sur un statut final. Estimez-vous que Jérusalem est toujours négociable ou avez-vous définitivement rayé ce point de la liste ?

Que cela nous plaise ou non, nous sommes tenus par les Accords d’Oslo et Jérusalem constitue l’un des points de négociations. Bien évidemment, nous ne saurions nous lancer dans une discussion territoriale en rapport avec Jérusalem. Sur le plan de sa localité et de son espace, Jérusalem n’est pas négociable. Il existe toutefois d’autres aspects sur lesquels nous pouvons discuter. Je pense en particulier à la question du libre accès aux Lieux saints qui, rappelons-le, n’a existé sous aucune autre souveraineté que celle d’Israël. Certaines questions d’ordre municipal et administratif peuvent également être fixées dans le cadre d’accords avec les palestiniens, par exemple le Mont du Temple qui est administré par le Wakf (autorité religieuse islamique) et qui a beaucoup de liberté et de pouvoir…, un peu trop pour certains Israéliens. Peut-être s’agit-il là d’un point de négociations. Il ne saurait en aucun cas être question de toucher à l’intégrité de Jérusalem en sa qualité de capitale indivisible de l’État d’Israël.

Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet des négociations avec la Syrie et sur la situation au Liban ?

En ce qui concerne la Syrie, la problématique est finalement assez simple. J’ai toujours dit que j’étais disposé à négocier avec les Syriens sans préconditions. Bien que les négociations aient été assez loin avec le gouvernement qui m’a précédé, rien n’a été signé, aucun accord n’est intervenu. Si mon gouvernement se sent lié par les Accords d’Oslo, il n’en est pas de même avec la Syrie, où tout reste à faire. Quant à la question du Liban, je vous rappellerai que nous avons déclaré être disposés à adhérer à la résolution Nr 425 de l’ONU et à nous retirer de ce pays, où nous n’avons d’ailleurs jamais eu l’intention de rester. Afin de nous permettre de rappeler nos forces, il faut naturellement que la partie de la résolution ayant trait à la question de sécurité puisse être appliquée. Or nous pensons que cela n’est réalisable que si le Gouvernement libanais envoie son armée dans la partie méridionale du Liban, si les forces du Hezbollah sont évacuées de cette région et si le Liban prend ses responsabilités et surveille sa frontière de manière à éviter que des infiltrations hostiles ne s’opèrent depuis son territoire sud vers la Galilée et d’autres régions en Israël. De plus, nous voulons nous assurer que la sécurité de nos alliés qui resteront vivre au Liban soit totalement garantie. Nous sommes dans cette situation absurde où Israël veut se retirer d’un pays arabe, mais lorsque nous en arrivons à négocier les modalités pratiques qui doivent mener à la réalisation de ce retrait, les Syriens refusent de coopérer. N’oublions pas que le Liban ne dispose pas de l’indépendance nécessaire lui permettant de négocier sérieusement avec Israël. Il faut bien comprendre que la Syrie estime que pour Israël, le prix à payer pour pouvoir quitter le Liban réside dans l’abandon du Golan. Il s’agit là d’une condition bien entendu inacceptable.

Les facteurs d’incertitude et d’instabilité au Moyen-Orient sont nombreux. L’une des grandes sources d’inquiétude se trouve dans le développement de la capacité militaire, souvent non conventionnelle, de l’Irak mais surtout de l’Iran. Que faites-vous pour contrer cette évolution ?

Nous tentons de persuader les pays occidentaux qu’en fin de compte, toute aide à l’Iran et toute assistance qui lui sont fournies dans ses tentatives de construire une force non conventionnelle, notamment en lui livrant des missiles, ne se retourneront pas uniquement contre Israël, mais aussi contre l’Europe et plus tard contre les USA. N’oublions pas que les Iraniens seront bientôt capables de frapper Vienne avec leurs missiles. Nous tentons de convaincre la Russie et les pays européens ; nous avons demandé à l’Administration américaine d’influencer ces pays pour qu’ils cessent tout soutien à l’Iran. Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une menace très sérieuse. Bien entendu, le plus grand danger réside encore et toujours dans les armements conventionnels. Il est important de réaliser quel serait l’impact sur Israël d’une attaque massive de missiles lancée par l’Iran ou l’Irak, qui serait associée à l’offensive d’une armée de terre hostile provenant des territoires sous contrôle de l’Autorité palestinienne. Il s’agit là d’une menace majeure contre la sécurité même d’Israël. Nombreux sont ceux qui pensent que l’Autorité palestinienne ne pourrait en réalité pas constituer un danger sérieux pour Israël. Or une attaque combinée comme je viens de vous la décrire et la possibilité pour une entité palestinienne de conclure des pactes militaires avec des pays comme l’Iran, l’Irak ou la Syrie, ajoutée à l’éventualité pour une telle entité de recevoir des armes en masse, ne doivent en aucun cas être négligées. Aujourd’hui, l’Autorité palestinienne dispose d’une armée de près de 50 000 hommes. De là à 100 000, il n’y a qu’un pas. Même si les palestiniens ne bénéficient pas du même type d’armement que nous, en raison de la proximité des lieux ils peuvent causer d’énormes dommages tant dans la population que dans le cadre de nos installations militaires et de notre infrastructure civile. C’est pour toutes ces raisons que je suis opposé à l’idée de voir se créer une entité palestinienne qui aurait la possibilité de former une armée importante avec de l’armement lourd, même seulement conventionnel, et qui pourrait s’allier à des pays ayant juré la destruction d’Israël comme l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Soudan et la Libye. De plus, si cette entité devait contrôler nos ressources d’eau et notre espace aérien, elle constituerait une menace vitale pour Israël. Si par contre l’entité palestinienne se limitait à être une autorité qui gère la vie quotidienne de ses administrés sans avoir accès à tous les éléments que je viens de décrire, Israël pourrait vivre avec ce genre d’entité à ses côtés. Le Parti travailliste pense qu’un État palestinien doté d’une souveraineté illimitée et qui contrôle 90% des territoires doit voir le jour. Un tel État, qui de plus aurait une frontière commune avec la Jordanie, impliquerait de nombreuses conséquences dans la vie géopolitique quotidienne dans la région. Je ne permettrai pas qu’un tel État voie le jour.


Si toutes les questions ayant trait aux affaires étrangères et à la diplomatie sont certes importantes, il n’en reste pas moins que ce qui préoccupe le citoyen, et par-là même l’électeur, c’est la question économique. Or le chômage est élevé et la situation en général ne semble pas être brillante. Qu’en est-il en réalité ?

Comme vous le savez, j’ai hérité d’un déficit monumental et j’ai mis en place des coupures importantes puisque nous nous sommes «serré la ceinture» pour un montant de dix milliards de shekalim (env. 2.5 milliards de dollars) ! Ce genre de mesures génère en général une augmentation temporaire du taux de chômage. Cela dit, je ne pense pas que ce taux reflète la situation économique du pays, car il s’agit avant tout d’une question sociale bien plus que d’un problème économique. N’oublions pas que nous comptons 154 000 chômeurs et que parallèlement, nous recevons 300 000 ouvriers étrangers en Israël. Si tous les Israéliens qui sont au chômage étaient disposés ou capables de faire le travail des ouvriers étrangers, la situation serait bien différente. Nous espérons pouvoir réduire le chômage en stimulant l’essor économique et limiter le nombre d’ouvriers étrangers en établissant des procédures d’accès plus restrictives. Mais pour un pays démocratique, il est techniquement et légalement impossible de procéder à une expulsion en masse des ouvriers étrangers. Il arrive même que des gens viennent de certains pays voisins à la nage à Eilat pour travailler chez nous. Je dois souligner que, sur les 300 000 étrangers, il y a 120 000 palestiniens à qui nous donnons du travail, bien que nous ayons 154 000 chômeurs ! Je sais qu’en période électorale l’opposition adore faire monter en épingle la question du chômage, mais il s’agit de l’un des méfaits de tout État en voie d’assainissement économique.

Vous nous parlez de l’essor économique. Qu’en est-il de l’investissement étranger ?

En 1997, nous avons connu une année extrêmement positive, 1998 a été légèrement plus faible. Mais dans le monde économique et ce au plus haut niveau, nos réformes sont approuvées et appréciées. Je sais bien que pour l’électeur moyen, ce genre de considérations peut sembler sans importance mais à la longue, ce sont ces mesures qui vont positionner Israël au tout premier rang des économies mondiales, sans parler des capacités technologiques de nos sociétés de high tech.

En conclusion, nous pouvons dire que Benjamin Netanyahou a été conséquent avec lui-même et ce dès le début de sa campagne électorale en 1996. Il a toujours dit qu’il appliquerait les Accords d’Oslo, qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour en limiter les dégâts et qu’il insisterait sur le principe de la réciprocité. Il a probablement déçu en agissant conformément à ses dires… Il n’en reste pas moins qu’à l’issue de la première législature Netanyahou, outre le sentiment de sécurité, une impression de meilleure cohésion entre les différentes factions de la société israélienne s’est installée. Pour Israël et pour l’ensemble du peuple juif, l’action de Benjamin Netanyahou au cours des trois dernières années constitue un bilan positif.

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