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Sommaire Interview Printemps 1998 - Pessah 5758

Éditorial - Pintemps 1998
    • Éditorial

Pessah 5758
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Politique
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Interview
    • Optimisme et réalisme
    • Judaisme - sionisme - démocratie
    • Rencontre avec le grand-rabbin Dr Jonathan Sacks

Analyse
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Éthique et Judaïsme
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Optimisme et réalisme

Par Roland S. Süssmann
Le gouvernement de Benjamin Netanyahou est au pouvoir depuis environ deux ans. Outre le Premier ministre, l'homme fort de cette administration est sans aucun doute le général ARIEL SHARON, aujourd'hui ministre de l'Infrastructure. Ce personnage historique, dont l'action a positivement marqué l'histoire et l'évolution des cinquante premières années de l'État hébreu, nous a très chaleureusement reçus pour une entrevue tout à fait exclusive puisque Ariel Sharon ne reçoit pas de journalistes.


Au moment où Israël s'apprête à fêter son cinquantième anniversaire, pouvez-vous en quelques mots brosser un tableau de la situation générale du pays ?

Pour ce faire, je voudrais comparer deux chiffres significatifs. Il y a trente ans, la population juive d'Israël se montait à 2,4 millions d'habitants: l'État hébreu en compte aujourd'hui environ 6 millions, dont pratiquement 5 millions de Juifs. Il y a trente ans, les exportations étaient de US$.5 milliards; fin 1997, elles atteignaient US$.20 milliards. Cette évolution résulte principalement de la forte immigration que nous avons connue (un million de personnes venues de l'ex-URSS) et je pense que le tout premier but de l'État d'Israël doit être la promotion de l'Aliyah. Pour atteindre cet objectif et faire en sorte qu'une partie des Juifs européens et américains souhaitent venir vivre en Israël, il est primordial de donner une éducation juive aux enfants. Si je devais décider comment allouer les fonds juifs collectés à travers le monde aujourd'hui, je dirais qu'il faut les attribuer à une seule cause: l'éducation juive, c'est-à-dire donner la possibilité aux jeunes Juifs de la Diaspora d'acquérir, en plus de leur instruction générale, un savoir juif fondamental en apprenant l'hébreu, la Bible, l'histoire du peuple juif et d'Israël, etc. Il s'agit là de la garantie pour le peuple juif que sa population restera juive. Il est très difficile de croire que l'immigration vers Israël pourra continuer et se développer si la question de la promotion de l'instruction juive n'est pas très sérieusement adressée. Lors d'une récente visite en Russie, j'ai pu constater que les meilleures écoles juives offrent à leurs élèves une instruction juive remarquable en complément d'un enseignement général de très haut niveau. La priorité de la Diaspora réside avant toute autre considération dans le fait de maintenir les Juifs en tant que Juifs. Pour ma part, je suis Juif avant tout et en tant que tel, j'estime que la sauvegarde de notre identité par la connaissance de notre patrimoine est primordiale et ce partout où se trouvent des coreligionnaires. En ce qui concerne Israël, il faut que nous entreprenions un sérieux changement dans l'éducation juive. L'une des raisons du manque de foi et de patriotisme d'une partie de la population juive d'Israël provient du fait que ses racines juives ne sont pas solidement ancrées, voire absentes, ce qui se traduit le plus souvent par une ignorance complète de la Bible, de l'histoire du peuple juif et de celle de la terre d'Israël. Par conséquent, certaines personnes se sentent fragilisées dans leurs convictions nationales. Or, objectivement, il n'y a aucune raison pour que quiconque en Israël se sente affaibli. Naturellement, il n'est pas possible de révolutionner brutalement tout le programme éducatif, mais il est impératif d'introduire progressivement plus d'instruction juive et sioniste dans le système.
Cela étant dit, j'ai participé aux plus importants événements qui ont marqué les cinquante premières années d'Israël. J'ai servi pendant 28 ans dans l'armée, j'ai été parlementaire durant 20 ans et membre de divers gouvernements pendant 17 ans. Si je regarde derrière moi, je peux affirmer que nous pouvons envisager le futur avec optimisme, bien que les problèmes soient nombreux. L'avenir est entre nos mains, tout dépend de nous, les Juifs.


En ce qui concerne la situation politique, une toute première question se pose. Dans les interviews que vous nous avez accordées au cours des huit dernières années, vous nous avez toujours affirmé estimer qu'Arafat est un criminel de guerre. Or aujourd'hui, vous faites partie d'un gouvernement qui traite avec lui. Quelle est votre position dans cette affaire ?

Mon opinion au sujet d'Arafat n'a pas changé. Il ne faut pas oublier qu'il a personnellement donné l'ordre de faire assassiner des civils, femmes, enfants et vieillards. Il est vrai que je fais partie du processus politique actuellement en cours et que je m'entretiens avec des responsables palestiniens, mais je n'ai pas rencontré Arafat et je ne le rencontrerai jamais.


Benjamin Netanyahou parle régulièrement de règlement final. Pensez-vous qu'une conclusion du conflit arabo-israélien soit en vue et qu'un statut définitif des positions israéliennes et des Arabes vivant en Judée-Samarie-Gaza soit proche ?

Effectivement, cela aurait été une bonne chose si nous avions pu arriver directement à un accord final et permanent. Comme je vois la situation aujourd'hui, je ne pense pas que cela se produira, car il s'agit d'un projet beaucoup trop complexe. Pour les palestiniens, les Accords d'Oslo revêtent une importance considérable, car il s'agit du seul document dont ils disposent. Nous, les Juifs, n'avons pas besoin de ce genre de papier, nous avons la Bible. J'estime que les Accords d'Oslo sont extrêmement dangereux, mais ils ont été signés par un gouvernement d'Israël et ont été d'une certaine façon "adoptés" par l'administration actuelle. Il faut bien comprendre que de par leur terminologie même, les Accords d'Oslo repoussent Israël aux frontières d'avant la Guerre des Six Jours qui sont indéfendables. Au moment de la signature de ces accords, la grande idée qui prônait était cette chimère du "Nouveau Moyen-Orient" qui devait être un havre de compréhension et de coopération mutuelles. Aujourd'hui, nous sommes effectivement en plein dans un "Nouveau Moyen-Orient", composé de la Syrie avec ses mille missiles terre-terre, de l'Égypte qui construit ce type de missiles, de l'Iran qui tente de mettre au point des missiles ayant une portée de 1200 km et de l'Irak qui fabriquera à nouveau des missiles dès que les inspections seront levées. Oui, nous sommes dans le Nouveau Moyen-Orient, celui des missiles balistiques et des armes chimiques et biologiques. Pour toutes ces raisons, les frontières d'avant 1967 sont indéfendables. Si pour les palestiniens, les Accords d'Oslo sont primordiaux, pour nous, c'est le temps qui importe. Nous en avons besoin pour essayer, si cela est possible, d'établir et de consolider nos relations avec les palestiniens. Dans cette perspective, nous ne devrions pas tenter d'atteindre le but final qui est la paix, mais nous contenter, dans un premier temps, d'établir un statut permettant l'évolution progressive des relations. Après plusieurs rencontres avec des responsables palestiniens, je suis arrivé à la conclusion que nous n'atteindrons pas, pour l'instant, le statut final. Nous devrions donc commencer par établir un état de non-belligérance, ce qui serait un bon début.


Pratiquement, comment pensez-vous pouvoir appliquer votre idée sur le terrain ?

Au début, nous pourrions permettre aux zones A (en brun sur la carte) d'être reliées entre elles de manière telle à ce que les personnes vivant dans ces régions puissent circuler sans être obligées de passer par des guérites de sécurité israéliennes, point très important pour les Arabes palestiniens. Ceci implique effectivement que nous leur cédions encore du terrain, qui ne pourrait en aucun cas dépasser 40% du territoire de la Cis-Jordanie. Nous établirions ainsi une sorte de continuité entre les différentes zones qu'ils contrôlent déjà en Judée-Samarie. Il est fondamental qu'Israël garde la Vallée du Jourdain et la première chaîne des collines de Judée-Samarie, ce que nous appelons la zone de sécurité orientale (ouest-est) qui s'étend du Jourdain vers l'intérieur du pays sur une profondeur d'environ 20 km. Sur le plan de la longueur (nord-sud), cette zone suit la route dite "Allon" qui existe déjà et qui va de la vallée de Beth Shean jusqu'à Maalé Adoumim et le long de la nouvelle route que nous construisons actuellement, de Maalé Adoumim à Arad dans le désert du Néguev. Quant à la zone de sécurité occidentale, elle est d'une largeur moyenne de 7 km, variant par endroit entre 3 et 10 km, elle suit ce qui était anciennement appelé la ligne verte. Ceci nous permettra de contrôler les collines qui surplombent tout la côte méditerranéenne et surtout toutes les sources d'eau souterraines qui, en fait, sont des nappes aquifères de montagnes. Cela empêchera que les palestiniens ne détournent ces eaux. Les zones que je viens de décrire devront impérativement rester sous contrôle israélien. Les quelques villages arabes se trouvant dans les zones de sécurité israéliennes seront administrativement reliés aux zones palestiniennes, bien que physiquement situés dans une région sous notre contrôle.
Cela étant dit, je pense que le processus de paix devrait se développer parallèlement sur deux voies, l'une politique, l'autre humaine. Le canal "politique" devrait traiter de phases de retrait, de cartes, de zones, etc., et la route "humaine" devrait être consacrée au développement des échanges économiques, culturels, humanitaires, etc. Je pense qu'il faudrait maintenir cet état de choses pendant un certain nombre d'années avant de réévaluer la situation et voir si les relations se sont modifiées. Cette solution donnerait aux Arabes palestiniens moins que ce qu'ils souhaitent mais à ce stade du processus, c'est ce qu'Israël peut raisonnablement faire. Il s'agit de transformer les zones B (en jaune sur la carte) en zones A et de donner, pour autant que nos exigences de sécurité le permettent, un rapprochement entre les zones autonomes de façon à ce que les palestiniens puissent mener leurs vies librement. Toute précipitation vers un règlement final mènera inévitablement à une confrontation sévère quelques mois après son application.


Ne craignez-vous pas que si vous donnez cette continuité territoriale à l'OLP, elle en profitera pour déclarer un État palestinien ?

Malheureusement, je crains qu'elle le fera, que nous leur accordions ou non les avantages dont je viens de vous parler. Il s'agit là d'une question extrêmement complexe, car un tel État pourrait signer des alliances avec des ennemis d'Israël ou encore constituer une force militaire de taille. Mais il me faut être réaliste et constater que cet État indépendant se développe progressivement. Aujourd'hui, plus de cent pays reconnaissent la "Palestine" et s'ils présentaient à l'ONU un projet pour la création de cet État, ils disposeraient d'une vaste majorité.


Est-ce donc inévitable ?

Israël ne devrait pas l'accepter, mais l'État palestinien est en train de se développer, nous le voyons tous les jours. Arafat se nomme "président", les membres de son "gouvernement" se font appeler "ministres" et les bureaux de l'OLP "ambassades". Bien que ceci ne soit absolument pas conforme à nos accords, c'est ainsi que le monde perçoit ces réalités. Il est impératif qu'Israël avertisse les palestiniens de se garder de déclarer unilatéralement un tel État et fasse clairement comprendre à l'OLP que si elle devait agir de la sorte, Israël annexerait immédiatement les zones de sécurité que je viens de mentionner. Mais même en admettant qu'Israël accepte de signer un accord dans le cadre duquel un tel État pourrait être créé, il faudrait qu'il insiste sur le fait que cet État n'aurait pas le droit de signer des accords d'alliance et de coopération militaire avec les ennemis d'Israël. Qu'arrivera-t-il si un jour des hélicoptères iraniens atterrissaient en Judée-Samarie ? Israël devrait, entre autres, maintenir le droit de survoler ces zones. Même sans parler d'un accord hypothétique où Israël se verrait finalement obligé d'accepter la création d'un tel État, Israël doit dès aujourd'hui être beaucoup plus strict sur la question de l'application des accords. Ceux-ci stipulent par exemple que l'autorité palestinienne a le droit de disposer d'une force de police. Or aujourd'hui, ses forces sont de véritables unités militaires dont le nombre est de plus du double autorisé par les accords. De surcroît, celles-ci sont en possession d'armes qui lui sont interdites. Cette situation est uniquement due au fait que nos gouvernements ne font pas preuve de suffisamment de détermination sur ces questions. De plus, un trafic illégal d'armes s'opère régulièrement si bien que les palestiniens ont notamment accès à des armes anti-tank qu'ils n'ont pas le droit de détenir. Nous savons que leur armée est structurée en zones de commandements militaires et qu'ils disposent de postes de commandements souterrains. Ces opérations ont commencé au temps des gouvernements précédents et continuent aujourd'hui, mais je crains que si cette évolution devait persister, Israël ne soit contraint, à contrecýur, de prendre les mesures désagréables qui s'imposeront. Si un État devait finalement se matérialiser et si le monde entier le reconnaissait, il faudra qu'Israël soit à même d'imposer, sans recourir à la force militaire, que l'OLP ne dispose pas d'un armement dépassant les limites de ce qui est prévu dans les accords. Très récemment, les palestiniens ont tenté d'acquérir et d'importer illégalement des missiles Katyoushas. Ils n'ont pas réussi, mais ils font l'impossible pour introduire dans les zones qu'ils contrôlent en Judée-Samarie et à Gaza des lance-missiles portables Stinger et Strela identiques à ceux utilisés par le Hezbollah et d'autres organisations terroristes au Sud-Liban.


En admettant que votre plan soit accepté et finalement appliqué, les routes, les lignes électriques et les voies d'eau resteront-elles totalement sous contrôle israélien ?

Absolument. De plus, les routes transversales reliant les zones de sécurité orientales et occidentales seront bordées d'espaces de sûreté contrôlés par Israël. Leurs largeurs varieront en fonction de la topographie du terrain, mais elles devront être suffisamment grandes pour qu'un missile anti-tank ne puisse pas atteindre la route, d'une profondeur moyenne de trois à quatre kilomètres. Ce qui compte, c'est que le trafic soit libre de tout risque de danger et de toute menace d'un missile anti-tank ou anti-véhicule. J'aimerais rappeler que les villes et villages juifs de Judée-Samarie faisant partie des 230 agglomérations juives que j'ai établies à travers tout Israël, ont été planifiés et construits en fonction de ce plan que j'ai présenté au gouvernement d'Israël en 1977. A l'époque, j'évoquais déjà les zones de sécurité, les nappes aquifères, etc.


Que votre plan prévoit-il pour la zone de Gaza ?

Les villes et villages juifs, dans l'ensemble répartis sur trois localités, devront bien entendu rester et se développer. La première, située au nord, est essentielle puisqu'elle surplombe Ashkelon, son port, d'importantes centrales électriques, etc. Au sud de la bande, la région de Katif (voir Shalom Vol. XXI) constitue la zone tampon entre la ville de Gaza et le Sinaï; il est bien entendu impossible de l'abandonner. Finalement, Netzarim joue, selon les Accords d'Oslo, un rôle particulier car Israël est responsable de la sécurité extérieure des zones soumises à l'autorité palestinienne. En clair, cela signifie que nous sommes responsables de tout ce qui touche aux ports, aéroports, frontières et points de passages frontaliers et Netzarim est notre seul poste de contrôle sur le futur port de Gaza. Selon les accords signés, l'emplacement prévu pour ce port se trouve à l'ouest de Netzarim, lieu facile d'accès ne nécessitant pas la traversée de localités. Or les palestiniens tentent de violer les accords en essayant de construire un port à Gaza même, ce qui nous rendrait l'accès très difficile, pour ne pas dire impossible. A Gaza comme en Judée-Samarie, toutes les agglomérations juives resteront en place en raison de leur rôle stratégique.


Allez-vous empêcher les palestiniens de construire leur port à Gaza même ?

Il s'agit là d'un point très compliqué de la négociation et Israël doit faire très attention. Pour illustrer l'importance de cette question, je vous citerai l'exemple suivant: admettons que le port existe à Gaza tel que les palestiniens le souhaitent et qu'un bateau français ou russe leur livre des tanks. Allons-nous pouvoir tirer sur un bateau étranger ? Pour nous, il s'agit donc d'une question de vie ou de mort. C'est pourquoi nous devons insister pour que ce port soit construit à l'endroit où Israël pourra agir selon les Accords d'Oslo. L'inspection du port fait partie de nos droits et de nos obligations et j'espère que notre gouvernement saura se montrer ferme sur cette question. Pour ma part, j'ai tout fait pour l'en convaincre.


Dans vos contacts avec les responsables Arabes palestiniens, leur avez-vous dit que Jérusalem n'est pas négociable ?

Évidemment ! Vous devez bien comprendre que si les palestiniens veulent négocier avec moi, c'est parce qu'ils savent exactement à quoi s'en tenir. Ils demandent souvent à me rencontrer et, lorsqu'ils viennent me voir, je leur explique longuement, en détail, de façon très attentionnée et précise ce qu'Israël peut faire et ne pas faire ainsi que le pourquoi de chaque point. Ils savent aussi que ce que nous acceptons et que je négocie sera appliqué à la lettre. Pour cette raison, je crois être l'un des rares qui puisse négocier un accord avec eux. Quant à la paix, il s'agit d'une toute autre question. C'est la raison pour laquelle je leur explique qu'il ne faut pas se précipiter vers un accord final qui mènerait très rapidement à des confrontations. Je leur dis qu'ils auront leurs régions et nous nos zones de sécurité. Voyons comment les relations évolueront et ne mettons pas des barrières impossibles à atteindre qui ne seront pas appliquées ou qui mèneront inévitablement à de graves difficultés. En définitive, les Arabes palestiniens obtiendront moins que ce qu'ils espéraient et de notre côté, nous n'aurons pas non plus ce dont nous rêvons. Mais pour nous, il ne s'agit pas de quelques km2 de plus ou de moins, mais de terres abritant le berceau et les racines historiques du peuple juif.


N'y a-t-il pas de part et d'autre d'importantes pressions afin de précipiter le mouvement vers un arrangement final, plutôt que vers un statut intérimaire d'observation tel que vous le proposez ?

Il est très important qu'aucune pression ne soit exercée sur Israël. Lorsqu'il s'agit de questions de sécurité et je dirai de la survie même de l'État juif, aucune pression n'a d'effet, surtout pas sur le gouvernement actuel. Il est très important que les Européens et les Américains comprennent cela. Je crois qu'Israël a réussi à faire passer ce message à l'Administration américaine actuellement en place.


Récemment, votre gouvernement a proposé de se retirer du Liban, sous certaines conditions, mais son offre a été rejetée. Comment évaluez-vous la situation au Liban et avec la Syrie ?

Tout d'abord, je pense qu'il faut séparer toute future négociation avec la Syrie de la question libanaise. Il s'agit de deux problèmes différents, bien que la Syrie contrôle le Liban. En fait, c'est justement en raison de cette réalité que nous devons séparer les sujets. Sinon, admettons que nous soyons engagés dans une négociation avec les Syriens et qu'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, ils intensifieront immédiatement le terrorisme au départ du Liban et il y aura à nouveau des morts et des blessés en Israël. Il en résultera inévitablement une pression intérieure en Israël et une demande de retrait unilatérale du Liban sera exigée du gouvernement. De plus, nos soldats stationnés au Liban et nos agglomérations du nord du pays deviendront les otages de la Syrie. La Syrie est un État de terreur qui utilise le terrorisme à des fins politiques et c'est pour cette raison que les deux questions, Syrie et Liban, doivent être totalement séparées. C'est à nous de faire clairement comprendre que les responsables de ce qui se passe au Liban sont les Libanais et personne d'autre. Nous venons d'avoir un exemple frappant qui démontre que cette idée correspond bien à la réalité. Les Libanais ont récemment dû faire face à un problème dans la Bekaa. Avec l'accord des Syriens, ils ont liquidé de la façon la plus brutale une faction du Hezbollah. L'armée libanaise étant mieux armée et mieux organisée qu'auparavant, c'est donc avec ce Liban responsable de ses propres affaires que nous devons trouver des accords qui mèneront progressivement à un retrait israélien. Bien entendu, cela ne pourra se faire que si de sérieuses garanties sont établies en faveur des Chrétiens du Sud-Liban et en particulier pour les membres de l'Armée du Liban-Sud (ALS) qui sont nos alliés depuis tant d'années et avec lesquels nous avons vécu de nombreux moments d'entraide mutuelle. Mais le Liban doit comprendre que si nos accords étaient violés, il en payera les conséquences.


Où en sont les négociations avec la Syrie ?

Il n'y a pas de négociations en cours, seulement quelques contacts éparses, rien de plus. Les Syriens demandent qu'Israël reprenne les négociations à partir du point qu'ils prétendent avoir conclu avec feu Itzhak Rabin, selon lequel ils seraient autorisés à revenir aux frontières d'avant 1967, là où ils détenaient du territoire israélien. Ce point n'est pas acceptable pour le gouvernement actuel. Certaines questions seraient négociables, mais il n'est pas envisageable d'arriver à une situation où Israël quitterait les hauteurs du Golan. De plus, les agglomérations juives sur le Golan continuent de se développer à un rythme normal.


Comment analysez-vous la dernière crise iraquienne ?

Il ne fait aucun doute que Saddam Hussein est sorti très renforcé de cette crise. Il a remporté un certain nombre de succès, ce qui consolide sa stature dans le monde arabe qui le soutient totalement. Je crains fort que les inspections aillent en diminuant, ce qui est très inquiétant. L'Irak va désormais disposer d'une plus grande force financière puisque sa production de pétrole a été doublée et, comme il possède le savoir-faire pour produire des armes très dangereuses, il n'a pas besoin d'acheter d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques. Seule la présence des inspecteurs empêche leur production en masse. Aujourd'hui, la position de l'Irak s'est améliorée, ce qui implique de nombreux dangers dont nous devons prendre conscience. De plus, les Russes reviennent au Moyen-Orient.


Qu'est-ce que cela implique pour Israël ?

Tout d'abord, il s'agit d'un phénomène que nous ne contrôlons pas. Toutefois, deux possibilités s'offrent à nous. La première est de laisser à nouveau se développer un type de relations comme celles qui existaient dans les années 60-70, où l'URSS encourageait politiquement, militairement et financièrement le monde arabe qui se lançait sans hésiter dans une aventure militaire après l'autre contre Israël. L'autre alternative réside dans l'idée de tirer avantage du fait que la situation a changé. Il n'y a plus de problème juif en Russie et nous avons établi des relations normales d'État à État. Nous devrions en profiter pour développer la coopération avec la Russie. Bien qu'Israël fasse partie du monde occidental, nous devrions avoir des relations plus équilibrées avec la Russie tout en restant conscients des dangers qu'implique pour nous sa collaboration militaire avec l'Iran. Nos relations avec la Russie n'atteindront pas le niveau de celles que nous entretenons avec l'Amérique et le monde occidental en général, mais je ne pense pas qu'Israël devrait être la tête de proue de la lutte contre la Russie. Récemment, j'ai rencontré longuement le premier ministre russe M. Viktor Tchernomyrdine. L'état de nos relations bilatérales a été l'objet de notre discussion ainsi que la coopération russe avec l'Iran en ce qui concerne son aide à ce pays pour la construction de missiles et la livraison d'armes biologiques et chimiques. Quant au nucléaire, les Russes ont de tout temps été bien plus réservés que les Occidentaux. Je pense qu'Israël devrait réévaluer ses relations avec la Russie, car il ne fait aucun doute que la Russie a des intérêts stratégiques au Moyen-Orient. N'oublions pas que la Russie est une superpuissance - certes avec des problèmes - mais qui, motivée par son énorme fierté nationale, désire revenir à son statut international de premier plan. De plus, le fait qu'un million de Russes vivent en Israël constitue une certaine base pour améliorer nos liens. En développant nos relations avec la Russie, nous serions à même de lui demander de maintenir un rapport plus équilibré entre le monde arabe et Israël. En conclusion, je peux dire qu'à ce sujet une réflexion profonde s'impose, qu'elle est en cours et qu'en définitive nos relations avec la Russie seront réévaluées.
J'aimerais terminer cette interview en rappelant que depuis 50 ans, nous avons réalisé de grandes choses tout en faisant face à d'énormes dangers. Je le répète, tout est entre les mains des Juifs. N'oublions pas que pris individuellement, les Juifs sont des gens formidables.... Notre avenir dépend de nous et nous n'avons pas le droit de nous reposer sur nos lauriers. Nous devons agir et réagir en donnant la priorité à l'éducation juive et par conséquent à la promotion de l'immigration. Si nous étions huit millions au lieu de cinq, nous serions une autre nation. Cela étant dit, je pense que nous devons entamer les cinquante prochaines années avec optimisme, prudence et réalisme.

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