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Sommaire Hanoucah 5757 Printemps 1997 - Pessah 5757

Éditorial - Avril 1997
    • Éditorial

Hanoucah 5757
    • Une petite lumiere suffit

Politique
    • La fuite en avant

Interview
    • Entretien avec S.E.M. Arnold Koller, président de la Confédération helvétique

Actualité
    • A qui a profité le génocide allemand ?
    • Rencontre avec M. Alfonse M. D'Amato

    • Au-delà des gestes - La Loi

Judée - Samarie - Gaza
    • Entre le marteau et l'enclume
    • Maalé Adoumim

Art et Culture
    • La Bodmer Haggadah
    • Sobre et puissant
    • Découpages sur papier

Reportage
    • Prague et Jérusalem
    • La vie juive dans la République tchèque
    • Le Musée juif de Prague
    • Térézin ou l'antichambre d'Auschwitz

Portrait
    • Le couple magique

Destin
    • De Nedjo à Princeton

Éthique et Judaïsme
    • Découvertes et ingérences

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Une petite lumiere suffit

Par le rabbin Zalman I. Posner *
Hanoucah, fête de la liberté, est la fête juive la plus célébrée, d'avantage encore que Yom Kipour. Cela n'est pas dû à une ferveur religieuse spécifique ou à un souhait particulier, mais plutôt à une question de calendrier. Hanoucah tombe en même temps que Noël, et une sorte de concurrence s'est installée entre les deux célébrations. En réalité, Hanoucah n'est qu'une "petite" fête accompagnée de quelques rites simples. Mais quel message la fête de Hanoucah nous apporte-t-elle aujourd'hui ?

Hanoucah est une leçon d'éducation et de conduite morales qui s'applique à toutes les civilisations. Une réflexion sur cette question de feu le Rabbi de Loubavitch m'a mené à écrire le présent article.
Nous vivons à une époque où nous disposons des plus grandes avancées scientifiques et technologiques de toute l'Histoire. Rien ne semble impossible. Peut-on aller jusqu'à affirmer qu'aujourd'hui, nous évoluons "dans un monde meilleur" qu'avant la Deuxième Guerre mondiale ? Certainement pas. En 1935, ceux qui voulaient croire en un monde meilleur ont vite déchanté et se sont rendu compte qu'il ne s'agissait que d'une utopie. Pourquoi ? La réponse tient en un seul mot: "L'Homme". L'être humain est guidé par la moralité ou par... l'absence de moralité !

C'est ainsi que le crime n'est pas un problème policier, mais moral; le Sida n'est pas un problème médical, mais moral; la guerre n'est pas un problème militaire, mais moral; la grossesse des adolescentes (véritable fléau aux USA) n'est pas un problème social, mais moral... La liste est sans fin.

Mais en quoi notre époque est-elle donc différente de celle d'il y a 60 ans ? En 1935, la société était-elle plus "morale" ? Je ne le pense pas. Malgré tout, un changement s'est opéré. A l'époque, on avait l'habitude d'appeler les choses par leur nom. Ce qui était malhonnête était tout simplement décrit comme "malhonnête" et la criminalité était "criminelle". Il n'était pas nécessaire de justifier l'identification d'une réalité. Aujourd'hui, on ne peut plus définir clairement ce qui est mal, mauvais, cruel, infâme, faux et immoral. De même, il est pratiquement impossible de déterminer ce qui est bon, juste et moral. Tous ces points sont réduits à la simple expression totalement subjective du goût individuel. "Si telle chose me convient, alors elle est juste... du moins en ce qui me concerne... libre à toi d'avoir tes préférences." Les goûts varient pour la musique, la littérature, voire la cuisine... alors pourquoi n'en serait-il pas de même en ce qui concerne la moralité ? De nos jours, la moralité est régie par des sentiments personnels et non par la vérité objective. Pourquoi ? Parce que, contrairement à 1935, la vérité objective n'existe plus. Voici en quoi réside l'essentiel de la différence. A l'heure actuelle, des outrages tels que le crime, le Sida, les grossesses d'adolescentes sont virtuellement inévitables, car ils sont devenus moralement acceptables. Chacun se conduit comme il l'entend et le slogan suivant domine les esprits et la conduite: "Ta moralité n'est pas supérieure à la mienne... elle est simplement différente !"

Mais pourquoi tous ces méfaits sont-ils à la longue "inévitables" ? Parce que l'acceptation "d'une petite anormalité de conduite" mène à une autre "petite anormalité de conduite" qui est plus importante que la première et l'engrenage s'ensuit. La nouvelle conduite devient normale, le mouvement s'accélère imperceptiblement de jour en jour et ce qui hier encore était scandaleux cesse progressivement d'être considéré comme outrancier.

Afin d'illustrer cette idée, je citerai l'exemple de l'avortement aux USA. Il y a 20 ans encore, l'interruption de grossesse était interdite dans tous les états de l'Amérique. Puis une campagne a été lancée, posant le problème de la manière suivante: "Admettons qu'une jeune fille de 12 ans soit victime d'un viol. Seriez-vous disposé à la forcer à mener sa grossesse à terme... s'il s'agissait de votre propre fille ?" L'argument était tellement persuasif que l'idée a fait son chemin et a été admise. Une fois l'avortement toléré, l'argument a totalement changé. Oubliée la fillette de 12 ans, oubliée "votre propre fille". Le nouveau slogan est devenu: "Une femme est propriétaire de son corps et a donc le droit d'exiger un avortement si tel est son souhait." Aucun raisonnement logique s'opposant à l'avortement ne s'est alors fait entendre et ce d'autant plus que les valeurs morales de la Bible n'avaient alors que peu de poids. L'engrenage de la dégradation morale avait fait son oeuvre. Dès lors, confusion et obscurité étaient de mise.

Traditionnellement, la source de la moralité était religieuse. En Occident, la Bible servait de base. Sans avoir le monopole de la morale, elle offrait néanmoins un certain nombre de barrières, de garde-fous au-delà desquels la conduite n'était plus admissible. Il est vrai que la vie est remplie de planches glissantes et qu'il est souvent difficile de les éviter. C'est là que la barrière morale qu'offre la Bible est efficace et que les termes "Tu ne feras pas" proposent une planche de salut à toute personne sensible aux valeurs morales bibliques.

L'acceptation de la moralité fera-t-elle disparaître le mal ? La Torah nous enseigne que l'Homme est libre de prendre toute décision morale. D' lui-même n'intervient pas. Par conséquent, la réponse à cette question est qu'en fait, tout dépend de l'individu. S'il cherche à être guidé, la Torah est là pour l'aider, mais elle ne lui impose pas arbitrairement ses préférences. L'homme est donc libre de s'y conformer.

Nombreux sont les hommes et les femmes qui ont bénéficié d'une instruction et d'une éducation de premier ordre qui, après mûre réflexion, ont choisi d'essayer de se droguer à la cocaïne. Ils s'y sont résolus parce qu'aucun principe moral ne les a arrêtés, rien ne les en a empêchés, à part une certaine prudence vite balayée par le besoin "d'être à la page" et de faire comme tout le monde. Ils savaient leur conduite immorale, donc tolérable, mais certainement pas amorale. Bien entendu, la première prise fut suivie de la seconde et le terrible engrenage ne pouvait plus être enrayé. Mais surtout, avant la première prise, il n'y avait aucun signal d'arrêt !

Hanoucah est le symbole de l'éducation pour tous dans un monde qui a tant besoin d'un signal d'arrêt. Une toute petite flamme suffit à vaincre cette obscurité qui mène à ce qui est immoral par défaut de sens moral.

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